Ben voilà c’est fait…j’ai terminé R. Scott Bakker - Le Prince du Néant 1- Autrefois les Ténèbres [:love]
Que dire? C’est un chef d’oeuvre, tel un diamant brut. Il entre directement dans mon top 2.
Le titre et la couverture ne font pas envie, je suppose que c’est pour ça que ça c’est mal vendu, de plus les 60 premières pages sont assez indigestes (suite de légende, d’histoire d’apocalypse, de personnages aux noms compliqués sans liens) mais passé ce cap on plonge dans une histoire réelle, vive, puissante et intelligente.
Intelligent l’auteur l’est, psychologue il arrive à nous faire découvrir des choses sur la nature humaine (sur nous même peut-être aussi), à distiller les mots et à les marrier de façon savante, à trouver le mot juste dans la situation juste. (j’ai particulièrement été frappé par une phrase qui exprimait en 2 mots ce que j’avais essayé en vain d’exprimer dans mes écrits) Une écriture intéressante, pas trop lourde sauf lors de rares envolées soi disant lyriques, des personnages justes, crédibles et un monde complexe.
Ce n’est pas un maître de l’intrigue et du théatral, ce n’est pas Martin qui utilise les clifhangers et les retournements de situation à tout va. Ici on reste dans le crédible, dans le noir (ou les ténèbres ) ce que le personnage ne sait pas nous ne le savons en général pas non plus en tant que lecteur. C’est risqué, laisser son lecteur dans le noir, ne pas lui faire de concessions, ne pas lui faire de cadeau, on dirait presque qu’il n’a pas écrit pour être lu mais plutôt comme un chroniqueur. Comme une histoire qui se serait vraiment passée, comme si l’urgence le poussait à le faire, car après tout la seconde apocalypse arrive.
Quelle richesse dans le monde! Terrible (superlatif) !
J’ai encore les senteurs de Summa et la décadence de Mommen en tête, ces cités aux relents exotiques telle l’ancienne Jérusalem et la décadente Rome. Une phrase simple ravive la scène de couleur, peu de description mais il n’en a pas besoin, le monde vit autour du lecteur. On s’y perds (j’en ai raté mon arrêt de tram y’a 2 jours :ane:)
Tout les personnages ne sont pas aussi réussi, peut-être parce qu’appréhender les femmes dans de telles situations est plus difficile mais certains sont prenants, L’empereur Xerius et sa douce folie qui lui fait douter de tout et de tout le monde, comme le disait l’auteur dans une interview c’est le genre de personnage qui vous obligerait à nettoyer ses latrines et s’étonnerait de votre bonne fortune.
L’homme à choisit ses mots avec soin, il a mis 15 ans à l’écrire et ça se sent. Aux moments importants on sent que tel mot est là et qu’on ne pourrait pas y substituer un autre sans dénaturer le sens. Et toujours ce sentiment qu’il y’a plus, qu’on ne voit pas tout.
Il n’hésite pas à réveller ses plans géniaux assez tôt, laissant au lecteur non seulement le plaisir de la surprise sans trop attendre mais aussi le plaisir de voir comment les choses se passent entre le plan et la réalité il y’a toujours un pas énorme.
Bref c’est de l’épique, une guerre sainte qui se forme (oui tout ça à un relent de croisades), la menace d’une seconde apocalypse, des haines ancestrales, des puissances et des intrigues. Les magiciens les plus puissants sont les plus fous, les moins crédibles, la magie sous jacent n’a pas une grande place dans ce monde où l’homme chercher à s’imposer.
C’est StratDesign qui en voulait ben ça dépasse tout ce que j’ai lu en épique, même Erikson. peut-être parce qu’au final on se sent plus proche de l’action.
Niveau combat c’est assez light mais suffisant, il y’en a, la violence est bien dosée, ni trop ni trop peu, ça reste mature attention mais crédible.Bref une lecture que je recommande au plus haut point pour ceux qui sont prêt à s’investir.
Edité le 17/01/2008 à 11:31