Des raffineries menacées d’arrêt par la grève à Marseille
REPRISE DES NÉGOCIATIONS SUR LE PORT DE MARSEILLE
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MARSEILLE (Reuters) - Certaines raffineries françaises pourraient arrêter leur production “d’ici la fin de la semaine” en raison du blocage, depuis 13 jours, des bassins pétroliers de Fos-Lavéra par une grève des agents CGT du port autonome de Marseille (PAM), estime le délégué général de l’Union française des industries pétrolières (UFIP).
Une réunion entre les agents CGT et la direction du port autonome de Marseille (PAM) s’est ouverte lundi pour trouver une solution négociée à la grève, a-t-on appris auprès de la direction du port.
“On n’en est pas encore aux premiers signes de pénurie, mais on pense que certaines raffineries s’arrêteront ou fonctionneront a minima d’ici la fin de la semaine si le conflit devait perdurer”, a déclaré à Reuters Jean-Louis Schilansky.
"Toutes les raffineries qui dépendent de Marseille pour leur approvisionnement ont déjà réduit leur production et altéré leur manière de fonctionner", a-t-il ajouté.
Total a ainsi annoncé lundi que sa raffinerie de Feyzin, près de Lyon, a été contrainte de réduire d’un tiers sa production depuis le week-end dernier.
Quarante-neuf navires, dont près de la moitié de pétroliers, attendent sur rade de pouvoir accéder aux deux terminaux pétroliers publics de Fos et de Lavéra.
Les grévistes réclament le recours à un personnel portuaire pour le branchement et le débranchement des méthaniers sur le terminal de GDF, qui est en construction à Fos-sur-Mer pour un coût de 350 millions d’euros, et doit entrer en service en 2008.
GDF refuse de céder à cette exigence, invoquant des raisons de sécurité.
IMPACT ENVIRONNEMENTAL
Le délégué général de l’Ufip a chiffré à un million d’euros par jour les pertes occasionnées par la grève à l’industrie pétrolière et a rappelé que le port de Marseille assurait environ 40% de la consommation française de pétrole.
Le PAM est le troisième port mondial pour les hydrocarbures avec un trafic de 64,2 millions de tonnes en 2006. Il emploie 1.501 salariés, dont 228 sont affectés au secteur pétrolier.
Outre les quatre raffineries situées sur le pourtour de l’étang de Berre, celles de Feyzin, dans le Rhône, de Reichstett, en Alsace, et de Cressier, en Suisse, sont totalement dépendantes du PAM pour leur approvisionnement. La raffinerie de Karlsruhe, en Allemagne, l’est pour moitié.
A l’impact économique s’ajoute désormais un impact environnemental.
“Depuis lundi, les raffineries ont commencé à brûler le gaz qu’il n’est plus possible d’évacuer. Cela à un impact certain sur le voisinage”, a précisé le responsable de l’Ufip.
En 2005, un conflit des agents du port avait duré 13 jours et déjà mis en péril le fonctionnement des raffineries du complexe pétrochimique de l’étang de Berre, qui avaient dû puiser dans les stocks stratégiques pour éviter une rupture des activités.
"On ne puise pas facilement dans les stocks stratégiques car diminuer les stocks de réserves revient à diminuer la sécurité du pays", a expliqué Jean-Louis Schilansky.
“En 2005, le conflit a coûté 25 millions d’euros. Ce nouveau conflit, où nous sommes pris en otages, est extrêmement préoccupant pour l’image et la fiabilité du port”, a-t-il conclu.
