Commentaires : Le crunch : retour sur un mal qui ronge l'industrie du jeu vidéo

Certes, inciter le salarié à faire des heures sup (non) rémunérées n’a rien de nouveau, surtout si on lui laisse croire qu’il en est le seul responsable.
Cependant, des études scientifiques ont objectivement prouvé qu’un employé, qui vit un juste équilibre entre vie privée et professionnelle, se sent considéré par son entreprise, reste en bonne santé et ne subit pas de stress excessif, sera bien plus productif qu’un « esclave » rétribué. Or, cela est évidemment plus bénéfique pour l’entreprise, notamment en terme d’absence de turn over, de congé maladie, d’une meilleure implication individuelle,…
Bref, il y a tout à gagner à établir une relation ou chacun ressort gagnant. Malheureusement, la finance étant le seul et unique pilier de référence pour beaucoup de groupes, l’humain et son bien-être au travail passent (il)logiquement au second plan - voire pire. Et ça ne me semble pas près de changer.

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Malheureusement je pense que le processus de création d’un jeu vidéo est à la base du crunch et qu’il est quassiment impossible de s’en défaire,
C’est complètement empirique.
Le fait est qu’on se rend compte que le jeu fonctionne ou non à un état d’avancement assez poussé, (à la différence du cinéma par exemple, ou des pre visualisations des scenes permettent de voir immédiatement si le montage et l’enchainement des scenes fonctionnent). C’est bien pour ça que des parties entières du devellopement d’un jeu video peuvent être jetés en cours de production. malheureusement la date de sortie elle ne va pas changer et il faut donc tous reprendre avec beaucoup moins de temps.
De plus le processus géneral est épuisant, plusieurs domaines différents travail en même temps sur les même fichiers, changé la moindre choses impact tous les autres pôles et en géneral tous ça se fait dans l’urgence avec des desfauts de communications qui peuvent tous compliqués.

Par dessus il faut aussi prendre en compte que tous les travailleurs du jeu vidéo ne sont pas aussi passionnés les uns que les autres. Je fais partis de ses gens qui crunch par nature car je n’ai même pas l’impression de travailler, (je n’ai pas d’enfants et une compagne obsédé par son propre travail ce qui fais une grosse différence). Mais jamais je n’irais reproché a quelqu’un de quitter le travail à l’heure.
A l’inverse il y a ce que j’appellerais les « passionnés hard core » et c’est beaucoup plus compliqué de discuter avec eux car ils considères que si tu travailles dans le jeu vidéo tu es sensé te donner a 500% (les places sont rares pour beaucoup de postulant et tu deviens facilement remplacable). Ils seront donc intransigeant avec ceux qui ne se donnent pas autant qu’eux même.

Quelque soit le milieu Le salaire n’est pas le seul moteur.
Nous ne sommes pas des machines. Beaucoup de salariés échangeraient bien quelques euros contre de la reconnaissance ou un travail plus intéressant.
Pour obtenir le meilleur d’un collaborateur il faut qu’il s’épanouisse dans son travail.
Et chaque collaborateur est unique dans ses performances et ses attentes.

Être mécontent ne veut pas dire travailler moins, ça peut vouloir dire travailler mieux.

Par exemple Le télétravail imposé par le confinement. Alors que pour certains managers télétravail rimait avec fainéantise cette situation a prouvé dans certains secteurs que non seulement la productivité ne baissait pas mais que même parfois elle augmentait.

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Hors des jeux vidéo, le problème c’est les signatures : il faut donner au client le délai qu’il a envie d’entendre, s’il y a de la concurrence c’est encore pire il faut être celui qui donnera le meilleur délai. Sans cela impossible de signer. C’est à cause de cela que l’on arrive à des crunchs, les délais ne sont plus basés sur la réalité.

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Pour ordre d’idée, un développeur de jeux vidéos dans un gros studios à Montréal gagne entre 60 et 90k (CAD) en moyenne selon l’expérience. Quelques profils peuvent gagner plus (autour des 120k). Un testeur bien moins (45 à 55k). Un PO/PM autour des 60-90k aussi. C’est seulement les Directeurs qui peuvent avoir des salaires importants (à trois chiffres).

À Montréal, on considère qu’au dessus de 45k on est normalement corrects financièrement (on peut un peu économiser). Et à partir de 75k, qu’on vit bien (on peut se faire plaisir, etc.). Les grands studios montréalais sont aussi connus pour recruter des employés étrangers avec un visa fermé (il y a un manque de main d’oeuvre qualifié important au Québec). Ceux-ci sont donc liés à eux et le salaire est aussi plus bas. À la fin de ce visa/permis de travail, beaucoup vont donc aller ailleurs pour avoir un meilleur salaire. Chez Ubisoft Montréal, la moitié des employés ne sont pas canadiens par exemple (note : information donnée par des amis là-bas, mais c’est approximatif évidemment). Le turn-over est plus important que dans d’autres secteurs TI.

Des salaires qui ne sont donc pas plus élevés que dans les autres secteurs TI (de Montréal), voir même inférieurs. D’où la reconversion d’une partie, brûlés par le cycle de développement.

Le fameux « tour du poteau » pour renouveler le permis de travail, pour la même compagnie ou un nouvel employeur (ici le poteau porte la barrière de frontière; parce qu’il faut sortir et ré-entrer dans le pays pour obtenir un nouveau permis de travail; plus possible à l’aéroport de MTL, donc aller en charette à la frontière sud). :slight_smile:

Par contre non, les travailleurs étrangers n’y sont pas moins payés que les locaux; le salaire est justement un des critères pour indiquer que la personne est indispensable et pas remplaçable par un « local ».
Oui le permis de travail est lié à la boite, mais ça n’empêche pas de changer d’employeur; c’est facile à ré-obtenir.

Je ne dirais pas « facile », mais les entreprises ont effectivement l’habitude de ces procédures. C’est plus une contrainte du côté de l’employé (en faire la démarche).

Depuis 2018, il y a un réalignement salarial dans plusieurs grandes entreprises, au nom de l’équité salariale (genre, nationalité, reconnaisance, etc.), mais on ne se voilera pas la face, ce n’est pas le cas de la majorité des entreprises.

Un SMIC pour un développeur meme junior c’est extrêmement bas, pas sur que ce soit meme legal vis a vis des conventions et fourchettes légales.

Selon le SNJV ( https://www.clubic.com/pro/emploi-informatique/actualite-516741-jeu-video-snjv-referentiel-metiers-secteur.html ) le salaire minimum observé était de 2250 euros par mois et ca c’était… il y a 8 ans. Ca ne m’étonnerait pas que ce soit plus élevé.

Après il est clair que le salaire n’a pas grand chose a voir dans le débat, surtout quand on n’est pas payé pour les heures travaillées. Mais 1500 euros par mois pour un développeur qui commence n’est absolument pas un salaire normal. Déjà à 2000 euros ce serait choquant.

Je pense que vous parlez de certains développeurs, car beaucoup d’autres ne gagnent pas des sommes de malade non plus hein, faut pas mettre tout le monde dans le même panier.
Et même pour ceux qui gagnent beaucoup, l’argument du « si t’es pas content va voir ailleurs » je trouve ça limite, l’argent ne fait pas tout.

Mais je suis d’accord sur le fait que le problème bien souvent dans ces milieux là c’est l’actionnaire avec une vue financière à très court terme.
Et embaucher des gens en plus on n’en parle même pas! Comme me l’as dit un jour mon ancien patron quand on a été plusieurs à lui demander du renfort: « Oui, mais ça va me couter de l’argent! »…

Je ne comprends pas qu’on puisse justifier les crunchs. Il y a des dates à respecter mais la santé du salarié n’est pas la variable d’ajustement. Qu’on soit infirmier ou informaticien la loi fixe les limites et il faut la respecter c’est tout. Sinon il n’y aurait pas de droit du travail, les employeurs exigeraient 80 heures par semaine d’autorité avec des délais très courts et si tel employé qui fait 80 heures est bloqué à minuit il devrait exiger que les autres fassent 81 heures? et ainsi de suite? faut il s’étonner qu’il y a tant de défaillances si les gens travaillent comme des tarés? avec par ex des anesthésistes qui utilisent leur pharmacie à but récréatif (je le tiens d’une infirmière) et des taux de maladies nosocomiales de 10% ? Si les objectifs ne sont pas respectés, cela signifie que l’employé a échoué à les accomplir et si ses managers (aussi appelés « responsables ») n’ont pas fait ce qu’il faut pour que ça soit accompli (en remplaçant l’employé ou avec des renforts) ce sont les managers qui sont fautifs et il doivent être sanctionnés lors de leurs évaluations.

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Les comptables ont leur « crunch » a chaque période de bilan, les archi sont « charette » h24x365. Pour ne citer que ces deux exemples proches de moi, comme pour moi qui devait faire des heures improbables au café/coca pour boucler les.chantiers car les 1er corps de métiers avaient pris leur temps.
Ça fait partie du job, surtout quand on est dans le privé, employé ou patron.
Faut pas.oublier que c’est pas.la fonction publique qui nourrit la France, où tout autre pays…

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Je pense que c’est en brut. Un SMIC pour un développeur, selon formation, ça peut être normal.
Un bac+5, en général la 1ère embauche elle est aux environs de 1800-2000€ net dans l’informatique. Selon l’endroit et le es responsabilités (encadrement/projets), on se retrouve vers 2300-2800€ net après 10 ans. Ensuite, ça ne monte plus vraiment (en tout cas très très lentement)

Mes chiffres datent du début des années 2000s (le SMIC était vers 1100€ à l’époque). J’ai quitté le pays puis le secteur depuis.

Non non, il est basé sur une longue suite de messages de ta part, mais je ne doute pas que tu te refuse à te remettre même un tout petit peu en question ^^

C’est sur qu’au temps des cathédrales, on prenait 100 ans pour construire la maison du passant d’à côté, et si les délais n’étaient pas respectés il pouvait prendre son smartphone pour appeler un fabricant de maison en terre dans un autre royaume pour sa prochaine construction.
Ça serait bien de faire des comparaisons qui ont du sens, une fois de temps en temps, ça changerait.

En l’occurrence, c’est peut-être très français, en tout cas c’est très jeux-vidéo, mais ce n’est pas pour autant une généralité. Allez voir les pays germaniques (All, Suisse…) : faire du temps supplémentaires y est très mal vu. Ça démontre une mauvaise façon de travailler, mauvaise méthode, mauvais employé. Là-bas la vie de travail, c’est 9h-17h à fond pour la boite, puis cassos.

Si tu penses ça c’est que tu n’as visiblement pas une grande expérience du monde du travail xD

Si je pense quoi? Le minimum serait de citer ce à quoi tu réponds… Et je n’ai pas parlé de ce que « je pense » mais de ce que les germains pensent.
Que les Allemands voient les heures sups comme une faiblesse, un manque de méthodologie??? Là tu démontres ta méconnaissance des autres pays. J’ai fait FR, pays à côté, Asie, Nord Am. donc j’ai vu plusieurs systèmes différents justement.

Cette habitude de valoriser les salariés qui restent tard au travail ou qui viennent alors qu’ils sont malades est très française.
Et très mauvaise.

Si vous regardez de l’autre côté de l’Atlantique (ou sans aller si loin chez nos voisins suisses, germaniques ou nordiques), c’est plutôt l’inverse. Vous voir traîner au bureau jusqu’à 21 heures, ce n’est pas forcément bien vu, au contraire, c’est même une marque d’incompétence ou de mauvaise organisation.
Celui ou celle qui est efficace part à 17 heures en ayant terminé son job et gagne ainsi la considération et le respect de sa hiérarchie.

Et pourtant c’est la norme dans l’Industrie.

Bah si je réponds à ton message, c’est que, je ne sais pas, à tout hasard, je réponds à ton message.

« Cette habitude de valoriser les salariés qui restent tard au travail ou qui viennent alors qu’ils sont malades est très française. »
Euh, tu suis l’actualité, ou tu réponds juste comme ça une fois de temps en temps, complètement au hasard. Parce que bon, les news sur le crunch, tout comme la production vidéoludique, sont loin d’être une majorité française. Du coup je ne vois pas d’où sort le truc comme quoi c’est très français, quand la plus part des news touchent des boites qui justement ne le sont pas.

« Vous voir traîner au bureau jusqu’à 21 heures, ce n’est pas forcément bien vu, au contraire, c’est même une marque d’incompétence ou de mauvaise organisation. »
Sauf que le crunch, c’est pas juste faire des heures sup, d’ailleurs ce n’est pas juste le crunch. Les périodes où l’activité augmente c’est présent dans à peu près tous les domaines, même si ça prend des noms différents. Et voir l’augmentation de sa charge de travail à devoir rusher pendant ses 8h a le même effet que devoir se taper 3h supplémentaire tout les soirs.

Donc non, c’est pas français comme problème, et ce n’est pas limité à l’industrie vidéoludique.