Je pense que le monsieur est mal compris dans certains commentaires. Il ne dit pas qu’il faut connaître le fonctionnement technique d’un ordinateur, mais qu’il constate que la jeunesse ne vient plus dans ses ateliers. Autrement dit, il perçoit un désintérêt croissant des jeunes pour ce sujet.
Personnellement, je ne peux qu’être d’accord avec lui. Je l’observe dans mon travail et je refuse de céder au jeunisme. Plus j’avance dans ma carrière, plus je constate que les nouveaux sont, pour beaucoup, ignorants en matière d’outils informatiques. Pire encore, ils refusent de comprendre le fonctionnement d’outils qui sont pourtant au cœur de leur métier.
De leur point de vue, tout devrait fonctionner comme ils l’entendent, sans qu’ils aient à adopter de bonnes pratiques. En tant qu’informaticien chargé de la gestion d’un parc informatique, je ne demande pas aux utilisateurs de maîtriser le fonctionnement technique du matériel (d’ailleurs, moi-même n’en ai qu’une compréhension basique, puisque je ne suis ni ingénieur en CPU ni électronicien). En revanche, je constate clairement que beaucoup de jeunes employés ne comprennent même pas la philosophie de l’entreprise en matière d’outils informatiques. Par exemple : les dossiers partagés, le concept de sauvegarde, les imprimantes réseau, l’utilisation du format PDF ou TIFF, etc.
C’est là que je rejoins le monsieur de l’article : il existe un désintérêt total et un refus généralisé de comprendre. Tout doit être rapide, efficace, sans entrave, mais sans que l’on accepte de se donner les moyens nécessaires. Je pense que cette mentalité est liée aux interfaces des smartphones, où il n’est pas forcément nécessaire d’explorer des répertoires ou d’utiliser des fonctions de réseau local (comme le SMB). Sur un smartphone, on prend des vidéos, des photos, mais sans devoir les convertir ou les copier sur un répertoire réseau.
Les conséquences que j’observe sont frappantes : durant toute ma carrière jusqu’à il y a environ dix ans, j’étais respecté en tant qu’informaticien par les utilisateurs. J’étais un peu perçu comme le « chaman informatique » de l’entreprise. Aujourd’hui, des jeunes de 20 ans me harcèlent au téléphone en me manquant de respect simplement parce qu’ils ne comprennent pas qu’une photo de document en format 4K passe mal dans un OCR ou que le réseau d’un ordinateur ne fonctionne pas parce que l’Ethernet est débranché. Je n’exagère pas : des personnes ayant moins de deux ans d’expérience professionnelle me hurlent dessus parce qu’elles refusent d’admettre qu’un ordinateur n’a pas le même fonctionnement (ou la même philosophie) qu’un téléphone.
J’ajouterais que les conditions de mon travail se sont tellement dégradées que je songe sérieusement à une reconversion professionnelle.
Normalement, un informaticien responsable de la gestion d’un parc informatique devrait être rigoureux et strict avec les utilisateurs. Ce n’est plus le cas. La direction soutient totalement l’idée qu’il ne faut pas brusquer les « petits loups ». Je suis donc contraint d’être extrêmement permissif et de créer des processus inefficaces mais simples sur le moment. Je suis obligé de me plier aux frustrations des utilisateurs de la génération smartphone et TikTok. J’en suis même arrivé à simplifier les processus de mot de passe, ce qui est insensé…
À la base, je faisais ce métier par passion et par envie d’aider les gens, mais aujourd’hui, c’est devenu un véritable calvaire. Je me retrouve à jouer le rôle d’un larbin alors que j’ai de l’expérience et une capacité d’analyse précieuse.