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- The Walking Dead - The Game[/center]
Editeur : TellTales Games
Genre : comic interactif
Sortie : avril 2012
Quand la mort de mourir de la peur de mourir fait plus peur de périr de la mort de pourrir… heu… de la mort
The Walking Dead, c’est d’abord un comic en noir & blanc, diffusé depuis 2003 aux Etats-Unis, narrant les aventures d’un groupe de rescapés d’une “apocalypse zombie”, puis une adaptation en 2010 en série TV par la chaîne AMC, qui popularise la licence malgré ses défauts (comme une saison 2 molle du g’nou et des personnages complètement cons ^^ Heureusement la saison 3 relève bien la sauce ).
TellTales, spécialisés dans le recyclage de vieilles licences en jeux d’aventures plus ou moins interactifs (Sam & Max, Monkey Island, Retour vers le Futur, Jurassik Park…) se lance à son tour dans la marée de putréfiés et nous propose un jeu dans la droite lignée de leurs titres précédents : pas très difficile, pas très poussé, et divisé en 5 épisodes (le premier sorti en avril 2012, le dernier en novembre).
La bonne, le con et le truand. Et la grande gueule, la mère de famille, le geek, la journaliste, etc…
TellTales délaisse le groupe mené par Rick Grimes, qui occupe déjà les comics et la série, pour une nouvelle histoire et de nouveaux personnages. C’est un jeu “mature”, dans le sens où il aborde des thèmes difficiles, et pas au sens trop souvent utilisé où “y’a du nichon p’tain comment c’est trop mature tavu !”. Et là où TellTales a réussi son pari, c’est de créer sa propre histoire sans retomber dans les situations déjà abordées dans les autres médiums. Il faudra faire face à des trucs bien crades, et les morts ne seront pas forcément les pires dans tout ça.
On incarne donc Lee Everett, condamné pour le meurtre de l’amant de sa femme, qui est en route vers la prison quand les premiers morts commencent à se lever. Il n’y arrivera jamais, puisque le shérif qui l’emmenait percute un zombie et crashe la voiture dans le bas-côté. Lee est donc libre. Et seul. Et menotté. Et entouré de morts-vivants pris d’une soudaine fringale.
Très vite, il rencontre une petite fille de 8 ans, Clémentine, seule chez elle tandis que ses parents sont en voyage à l’autre bout du pays, qu’il décide de prendre sous son aile. Rapidement, Lee et Clém’ rencontrent d’autres rescapés et décident de s’allier avec eux pour survivre un peu plus longtemps. Voilà, le décor est planté.
Il y a de tout dans le groupe, de la famille au complet au connard agressif en passant par la journaliste qui reconnait Lee et son passé trouble. On rencontrera même, au début, quelques personnages du comic et de la série.
Et il faudra sans cesse jongler entre tous ces personnages, en envoyer chier certains, arrondir les angles avec d’autres, essayer de ménager les susceptibilités… ou contraire prendre parti pour l’un ou pour l’autre, au risque de monter tout le monde les uns contre les autres, le tout dans des situations pas évidentes.
Le jeu dont Vous êtes le Héros
Car c’est à ça que se résume la majeure partie du gameplay : des dialogues avec les autres membres du groupe, avec des réponses à choisir en temps limité. Un peu comme dans un Livre dont Vous êtes le Héros où à la fin du paragraphe on va à tel autre en fonction de ce qu’on choisit. Oh, il y a bien aussi des phases dans le style des jeux d’aventure : trouver comment ouvrir telle porte, comment sortir de tel endroit, mais ça ne sera jamais bien compliqué. Il n’y a pas d’inventaire, donc très peu d’objets à ramasser, des zones très restreintes (pas plus de 2-3 écrans), et des possibilités assez évidentes.
Il y aura aussi de temps à autre de petits QTE, mais ils restent assez rares, et pas bien compliqués (en fait c’est toujours le même : marteler A puis un petit E pour finir ^^ )
Mais alors, il est chiant ce jeu ?! Non, justement Car la grosse partie des dialogues est juste écrite brillamment. Il n’y a pas de “ça c’est le choix du gentil, ça c’est le choix quand on veut jouer méchant”, tout est en demi-teinte, on ne sait jamais si la solution que l’on a choisit était la bonne (si tant est qu’il y en ait une, de bonne), et on aura à faire face aux conséquences, quelles qu’elles soient.
Deux de vos compagnons sont attaqués des zombies ? Vous n’avez que quelques secondes pour décider qui aider, pas le temps de réfléchir. Pas assez de bouffe pour tout le monde ? A qui allez-vous donner les rations ? Tenterez-vous de ménager la petite Clémentine, ou au contraire la mettrez-vous brutalement face à la nouvelle réalité de la vie pour qu’elle s’endurcisse ?
Clémentine, quand tu fermes les yeux ; Tu devines le merveilleux. ; Clémentine, prend nous dans ta bulle bleue, ; Tant pis si c’est dangereux. (© Antoine DeCaunes :o )
Clémentine justement, parlons-en. En général, les gamins dans les jeux vidéo (ou dans les films ou séries TV, plus généralement) sont presque toujours des têtes à claques, niais et horripilants, on a juste envie de les attraper et de les claquer contre les murs. Et bien justement, Clém’ ce n’est pas le cas Il aurait été facile de créer un personnage de 8 ans dans une apocalypse zombie avec tous les clichés sus-cités, mais TellTales a été magistral sur ce coup, en écrivant une gamine qui ne soit pas un boulet à trainer ou un tire-larme facile. Au contraire, Clém’ est un peu l’ancre qui ramène Lee (et nous) à la réalité et l’empêche d’être emporté dans le tourbillon de violence que les situations ne manquent pas de déclencher. Intelligente et courageuse, Clémentine est certainement le personnage le plus réussi de l’histoire. On tentera de l’éduquer comme on peut, lui donner de bons conseils (ou pas), on devra lui sauver la mise de temps en temps, voire elle nous sauvera la mise une fois ou deux. Car la gamine se rappellera de nos actes et de nos paroles pour se forger son propre caractère. Du moins, en théorie.
Wopa Mass Effect Style (aka, “La danse du pipeau”)
Car au début de chaque épisode est martelé comme un mantra que “tous nos choix, tous nos actes, auront des conséquences, le jeu s’adaptera à ses derniers”. Alors oui, c’est vrai. Quand on a un choix à faire, le jeu s’en souvient et s’adapte en fonction. Mais faut pas se leurrer, ça reste une histoire dirigiste, et s’il est dit qu’un personnage doit mourir ou quitter le groupe, il le fera, plus ou moins loin dans le récit selon nos choix, mais c’est inéluctable
J’ai comparé ma partie avec celle de ma femme, et bien que nous n’ayons pas fait les mêmes choix, les grandes lignes sont restées évidemment les mêmes ^^ Ouais, comme dans Mass Effect quoi, sauf qu’au lieu que ce soit martelé sur 3 jeux, là c’est sur un seul, et qu’au lieu que ce soit martelé par un énorme budget promo, c’est limite du jeu indé qui fonctionne par le bouche à oreille
Ceci dit, ça passe relativement bien, étant donné que c’est relativement bien écrit et que les deus ex machina sont au final assez peu visibles (à part 2-3), là où dans Mass Effect ce n’était plus des grosses ficelles mais des bons gros câbles de soutènement du viaduc de Millau. Surtout lors des premiers épisodes où les événements sont encore calmes et qu’on n’est pas encore habitué au truc Ca se voit un peu plus sur la fin, mais à ce niveau on est tellement pris par l’histoire qu’au final, ce n’est pas gênant. Au moins on a l’illusion de faire des choix, et l’illusion fonctionne plutôt bien, donc ça passe
La mort en cell shading
TellTales est connu pour n’avoir jamais brillé techniquement, ce qui est généralement rattrapé par des graphismes assez cartoon (Sam & Max, Monkey Island, Retour vers le Futur…). Pour The Walking Dead c’est la même chose, les graphismes sont assez sommaires, mais ils ont donné un cachet bande dessiné au tout et ça passé à merveille. On ne s’étonne pas de voir des textures très 'aplat de couleur" avec des contours crayonnés, seuls les personnages parfois un peu anguleux et les zombies clonés trahissent le moteur. L’avantage, c’est que ça ne demande pas une grosse machine pour tourner
Question maniabilité, TellTales n’est pas connu non plus pour son ergonomie modèle (diriger Guybrush dans Monkey Island est un vrai calvaire), mais pour une fois ce n’est pas (trop) catastrophique. D’une part parce qu’il y a une majorité de dialogues :o , d’autres part parce qu’ils sont revenus à un système classique à base de ZQSD, donc on est en terrain connu.
Protip de Tonton Cassin : le jeu ne gère pas les claviers AZERTY, donc à défaut de ZQSD, c’est plutôt du WASD qu’il faut se farcir, ce qui est loin d’être pratique. Alors sous Windows 7 (et Vista ?), n’oubliez pas qu’un Alt+Shift bascule votre clavier en QWERTY Il faudra juste se rappeler lors des QTE que lorsque “Q” s’affiche, ça veut dire “A” :ane:
Pour la partie dialogues c’est du sans faute. Point d’acteurs connus, mais ceux castés sont bons, il n’y a rien à redire. Le jeu n’est par contre d’origine qu’en anglais, mais comme souvent pour les jeux TellTales un groupe de bénévole s’est attelé à traduction (ici) pour que l’on puisse bénéficier d’une VOST. La traduction est de bonne facture, j’ai juste relevé 2-3 coquilles sur les 5 saisons, ça reste très correct.
A quand la suite ?
J’ai rarement vu autant d’avis unanimes sur ce jeu. La grosse majorité des retours que j’ai lu tendent dans le même sens : c’est du bon, et la fin a même fait verser sa petite larme aux plus chochottes émotifs. Bien sûr il y a des déçus (il y en a toujours), qui croyaient trouver un vrai jeu d’aventure et sont tombés sur un comic interactif, ou n’ont pas aimé le manque de liberté non-assumé des choix, mais dans l’ensemble, la majorité des critiques sont positives
Je vais donc en remettre une couche, juste histoire que vous ne veniez pas dire que vous n’étiez pas au courant : ce n’est pas vraiment un jeu, mais plus une histoire interactive, un récit que l’on suit pour son ambiance pesante et ses personnages, et certainement pas pour son gameplay limité. Un peu à la manière de Journey sur PS3 quoi. Mais si vous savez apprécier les bonnes histoires, il n’y a pas de raison que ça ne vous plaise pas Surtout qu’en plus il ne faut que 10-12h pour boucler les 5 épisodes (soit deux fois plus qu’un Call of Duty standard ! :ane: )
[color=green]Les +
- l’ambiance
- les personnages
- les situations matures
- l’histoire en général[/color]
[color=red]Les -
- pas vraiment un jeu au sens propre du terme
- les choix illusoires[/color]
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