Véritable phénomène depuis bientôt dix-neuf ans, la PlayStation a su garder les faveurs d’un public de joueurs confirmés au fil de ses différentes évolutions, et ce, malgré un positionnement multimédia et une ouverture au grand public plus prononcée sur la PlayStation 3.
Une philosophie “gamer” qui perdure avec la nouvelle PlayStation 4, en témoigne le slogan de Sony, “C’est pour les joueurs”, qui tente le pari inverse de celui de Microsoft, qui mise autant sur le multimédia que sur le jeu avec sa Xbox One.
La PS4 tient-elle ses promesses et est-elle suffisamment armée pour durer et tenir tête à la concurrence ?
Pour mettre toutes les chances de son côté, la PlayStation 4 ne fait pas l’erreur d’arriver sur le marché à un prix de vente élevé (600 euros pour la PS3 à l’époque) et s’affiche à 400 euros en version de base, avec une manette.
C’est 100 euros de moins que sa principale concurrente, la Xbox One, qui est pour sa part vendue avec Kinect et souvent avec un jeu. Il faut donc ajouter 60 euros pour obtenir la caméra PlayStation si l’on souhaite converser en vidéo sur Internet,
ou bien utiliser les jeux en réalité augmentée ou compatibles avec les périphériques à détection de mouvements, par exemple.
Un tarif bien placé, qui sans être non plus bon marché, permet à Sony de ne pas perdre d’argent sur chaque vente de console cette fois-ci ; le coût de production estimé (381 dollars) étant inférieur au prix de vente. Cela s’explique d’ailleurs très simplement par l’architecture de la PS4.
Elle repose en effet sur des composants que l’on trouve habituellement dans l’univers PC.
Pas de puce compliquée comme put l’être le Cell de la PS3, place ici à un APU AMD, qui regroupe CPU et GPU,
associé à une mémoire de type GDDR5 très rapide (plus de détails dans notre news de présentation de la PS4).
Les détracteurs des consoles de jeu diront que nous avons affaire à un simple PC moyennement performant déguisé en console de jeu, tandis que les autres y verront plus raisonnablement une machine pensée pour le jeu, à l’architecture figée pour plusieurs années, qui pourra justement être exploitée à fond par les développeurs, à force d’optimisations.
Si les jeux du lancement ne sont jamais très impressionnants,
on ne doute pas que la bête en a tout de même sous le capot et que les bonnes surprises ne manqueront pas dans les années à venir, comme ce fut le cas avec la PS3, qui a encore su nous surprendre agréablement cette année
(The Last of Us, Beyond : Two Souls, GTA V…)
Mais entrons dans le vif du sujet, à commencer par ce que l’on remarque en premier, à savoir le design.
Remarquablement compact, l’engin se paye le luxe d’être moins épais et moins large
que les dernières révisions des PS3 et Xbox 360, mais un peu plus profond.
Si nous nous garderons bien d’évaluer son apparence, nous la trouvons plutôt réussie et suffisamment sobre pour ne pas choquer dans un salon. Seule la zone en plastique brillant nous pose problème à cause de sa sensibilité aux rayures et sa propension à retenir la poussière ? chiffon doux non pelucheux de rigueur !
La PS3 Ultra Slim est plus épaisse et plus haute/large que la PS4, mais moins profonde.
Toujours est-il que d’un point de vue technique, la PS4 semble bien conçue, puisque sa chaleur ne nous a pas semblé excessive lors de son passage devant la caméra thermique.
C’est déjà plus mitigé du côté de la consommation, puisque si elle sait rester raisonnable en jeu, elle engloutit tout de même plus de 80 W sur le menu principal et pas moins de 104 W en lecture Blu-ray.
Mieux vaut utiliser une platine Blu-ray dédiée si on en possède une, puisque la différence peut être énorme
(6 W seulement pour la Sony BDP-S1100, par exemple).
Avec une consommation qui se montre malgré tout mesurée, on pouvait espérer de faibles nuisances sonores.
Toutefois, si la PS4 ne se montre jamais véritablement bruyante,
elle aurait pu être plus silencieuse et se fait plus entendre que la dernière PS3 Ultra Slim ;
chose que nous avons pu mesurer au sonomètre.
Ceci dit, rien de gênant en jeu vidéo ni pour visionner des films.
La console s’entend surtout quand il n’y a absolument aucun bruit dans la pièce.
Précisons enfin que le disque dur se change très simplement, sans affecter la garantie.
* Une manette de jeu revue et corrigée
Manette mythique et adulée par de nombreux joueurs, la DualShock passe ici en version 4 (DS4) et ose enfin des changements ergonomiques plus marqués. Sa forme évolue, avec des poignées qui s’allongent et entrent mieux dans le creux de la main.
Sa masse (213 g) augmente de 40 grammes au passage, par rapport à la DS3 (173 g).
Sans aucune hésitation, nous préférons largement cette nouvelle version, qui nous semble mieux pensée et s’approche du confort des manettes Xbox 360 et One.
La DS4 reprend d’ailleurs l’idée des sticks analogiques concaves de ces dernières,
qui conservent toutefois une petite forme bombée en leur centre, comme un clin d’?il aux anciennes générations et sans doute pour ne pas trop troubler les habitués des anciennes versions.
Là encore, c’est réussi, les pouces accrochent bien et le matériau antidérapant est agréable.
Il en va de même pour les gâchettes à l’arrière, dont le petit rebord évite aux doigts de glisser.
La croix directionnelle gagne encore en confort et conserve sa précision,
tandis que les boutons de droite évoluent peu, ce qui n’est pas plus mal.
Les touches start et select disparaissent néanmoins, remplacées par un bouton “options” et surtout un pavé tactile en façade !
Malgré une taille sensiblement inférieure à la surface tactile de la PS Vita, ce pavé cliquable est conçu pour être exploité dans les jeux, ce qui se fait déjà dans Killzone Shadow Fall.
Si elle ne nous a pas semblé indispensable pour le moment, la nouveauté est sympathique et nous avons hâte de découvrir ce qu’en feront les développeurs. Même constat à propos de la zone lumineuse située devant la manette.
Non désactivable, elle ne dérange toutefois pas pendant les jeux et se fait oublier.
Sony reprend ici le principe du PS Move et son éclairage qui sert à repérer la manette dans l’espace, grâce à la PlayStation Camera. Plutôt gadget pour le moment, cette fonction est utilisée dans le mini-jeu PlayRoom, qui exploite la réalité augmentée.
Nul doute que d’autres jeux exploiteront cette fonction, puisque les développeurs sont au moins sûrs de trouver cette zone lumineuse entre les mains de tous les joueurs PS4 ; ce n’était pas le cas du PS Move sur PS3, vendu comme un accessoire à part entière, ce qui explique d’ailleurs le peu de jeux compatibles.
De fait, difficile de croire en l’avenir du Move malgré sa compatibilité avec la PS4.
Pour finir, notons l’intégration d’un haut-parleur pour diffuser du son directement depuis la manette ;
un bon point pour l’immersion.
La prise casque/micro sert quant à elle à discuter avec d’autres joueurs avec le kit main-libre fourni.
* L’interface sur plusieurs niveaux
Exit l’interface Xross Media Bar de la PS3 avec son défilement horizontal de colonnes d’icônes, place à un menu remanié,
divisé en “étages”. Chaque étage étant en fait constitué d’une ligne de différentes icônes,
que l’on peut ouvrir en appuyant sur la flèche du bas pour descendre dans le menu.
L’utilisation est simple et l’interface intuitive.
Ce fonctionnement se retrouve dans les menus du PSN, eux aussi modifiés pour plus de clarté.
Surtout, la PlayStation 4 est complètement multitâche et l’on peut ainsi passer d’une activité à une autre très rapidement
et jouer en téléchargeant un jeu, comme le montre une vidéo de présentation de l’interface PS4 mise en ligne par Sony.
Enfin, l’accent est mis sur le social, avec une connexion aux réseaux sociaux, une plus grande facilité pour entrer en contact avec d’autres joueurs et les rejoindre dans une partie ; sans oublier les options de partage qui permettent de visionner des extraits de jeu d’autres joueurs ou d’envoyer nos propres extraits en capturant simplement une séquence avec le bouton “Share” de la manette, prévu pour cela.
On trouve aussi des services de musique et de vidéo, mais il est clair que la console met avant tout l’accent sur le jeu.
En revanche, c’en est fini du multijoueur gratuit, puisqu’il faut désormais payer un abonnement au PlayStation Plus
(7€/mois ou 50€/an) pour en profiter, comme sur Xbox ! Sony s’en est d’ailleurs justifié. En contrepartie, l’abonnement PS Plus permet toutefois de profiter de jeux gratuits ? et souvent de qualité ? tous les mois.
* Le multimédia en berne
Si la PS3 se positionnait comme un centre multimédia, avec fonction DLNA pour lire musique et vidéo stockés sur d’autres appareils du réseau, la PS4 néglige cet aspect et ne propose rien de cela pour le moment, jusqu’à en oublier la lecture de CD audio et de mp3 ! C’est une grosse déception. Sony promet des mises à jour pour ajouter ces fonctionnalités importantes.
Nous reviendrons donc sur l’aspect multimédia de la PS4 dès que possible.
En attendant, seuls les services connectés Music Unlimited et Video Unlimited, accessibles par abonnement,
sont accessibles sur la console.
* Des jeux de lancement pas si impressionnants
Les jeux se font souvent rares au lancement d’une console.
La PS4 ne déroge pas à la règle et n’offre finalement pas beaucoup d’exclusivités.
On retiendra surtout Knack, Resogun et Killzone Shadow Fall, puisque les autres titres du lancement se retrouvent sur d’autres consoles, PS3 comprise, comme c’est le cas d’Assassin’s Creed 4 Black Flag, Need for Speed Rivals, Fifa 14, NBA 2K14 et bien d’autres encore.
Pas de Gran Turismo pour le moment, mais un autre jeu course, DriveClub, qui a hélas été repoussé à 2014.
Bien entendu, les jeux multiplateformes profitent tout de même de la puissance graphique supérieure de la PS4,
qui affiche donc beaucoup plus de détails.
Néanmoins, ce n’est pas encore la claque graphique que beaucoup attendaient,
faute de titres véritablement optimisés pour la console.
Il faudra attendre quelques mois pour cela. Bien entendu, avec une architecture PC,
difficile de ne pas comparer les jeux PS4 à leurs versions PC.
La petite dernière de Sony tient d’ailleurs bien la comparaison et affiche des graphismes pratiquement équivalents,
malgré une petite baisse de définition sur Battlefield 4, par exemple.
Nous restons toutefois confiants en l’avenir de la console, qui dispose d’une puissance appréciable et a déjà montré de quoi elle est capable avec quelques démos impressionnantes, dont celle du Dark Sorcerer.
* POINTS FORTS
Compacité.
Design assez sobre.
DualShock 4 très agréable à utiliser.
Consommation électrique raisonnable en jeu.
Performances satisfaisantes compte tenu du prix.
* POINTS FAIBLES
Pas totalement silencieuse sur le menu et en lecture Blu-Ray.
Surface brillante sensible aux rayures.
Jeu en ligne désormais payant.
Pas de rétrocompatibilité.
Consommation en lecture Blu-Ray et sur le menu.
Multimédia négligé : pas de lecture CD ou MP3, pas de DLNA.
CONCLUSION
Bien conçue, réactive et connectée, la PlayStation 4 a un avenir tout tracé et se positionne clairement sur le jeu et le partage.
Si les titres du lancement sont loin d’être aussi impressionnants qu’espérés, nous ne nous inquiétons pas pour l’avenir.
La puissance graphique de la console devrait permettre de proposer des titres visuellement impressionnants,
malgré des performances brutes inférieures à celles des PC gamer récents. Néanmoins, pour 400 euros,
avec une manette de qualité et une ergonomie pensée pour le salon, la PS4 ne manque assurément pas d’atouts pour séduire.
Fabien Pionneau
lesnumeriques.com
Edité le 03/09/2015 à 21:28