Une question qui va lancer un débat, que j’espère constructif. Mais il faut commencer proprement, alors définissions les différents protagonistes de la question.
- Le réalisme. Qui est-il, d’où vient-il (ce merveilleux génie de l’infini…) ?
Le Réalisme est un mouvement artistique apparu en peinture au XIXe siècle et sert de transition entre le Romantisme et l’Impressionnisme. C’est une étude approfondie de la réalité et de la représentation authentique.
En littérature, apparu à la même période, Baudelaire le considère comme né du « besoin de réagir contre le sentimentalisme romantique et contre ‘la sottise, le poncif et le bon sens’ »
En un mot comme en cent, et après ce petit intermède culturel, le réalisme c’est faire appel à tout sauf l’imaginaire.
C’est bien joli tout ça, mais cela ne nous dit pas en quoi c’est toujours valable aujourd’hui.
J’y viens justement. Comme tout geek bien cultivé, vous aurez remarqué qu’au cinéma, une pratique fort exécrable est de plus en plus exploitée: la caméra à l’épaule. Exemple frappant qui reste un modèle de nullité absolue: Quantum of Solace, dont toutes les scènes d’actions sont rendues illisibles grâce à ce procédé.
Concrètement comment ça marche ? C’est simple, là où avant on laissait la caméra fixe sur un rail, pour lui permettre tout de même de faire des travelling ou bien des panoramiques, on la tient sur l’épaule, ou encore on la secoue pour « suivre » le mouvement. Résultat, on a bien l’impression d’être dans l’action, avec un rendu totalement cru, dénué d’imaginaire et surtout, gerbant. Car non content de ne pas pouvoir voir l’action, on ne comprend plus rien du récit et l’impact que la scène pouvait avoir sur le spectateur disparaît totalement. Pour être encore plus clair, regardez les films de Michael Bay (au hasard, Transformers) et essayez de « lire » les scènes d’action (oui je sais…).
- Quel rapport dans le contexte ?
Eh bien le rapport, c’est que le réalisme n’est pas qu’un vice en terme de mise en scène, mais il est aussi très présent au niveau scénaristique. C’est simple, dans tous les films maintenant, on cherche à maximiser les choses crédibles, qui font vraies. Exemple dans un film (que j’ai beaucoup apprécié, ce n’est pas la question): Batman Begins. L’approche était volontairement « réaliste ». Tout est expliqué ou presque avec des démonstrations scientifiques crédibles ou approchant la réalité. En partant de ce constat, on a un film proche de nous, mais qui occulte totalement la partie créative, la part d’imaginaire, de hors champ…
Mais laissons de coté le cinéma pour s’approcher de la partie qui nous intéresse et ce pour laquelle vous avez cliqué sur le topic…le Jeu-Vidéo (soulagement de l’assemblée)
Voyez les Far Cry 2, les Crysis, les Rainbow Six, les Call of Duty, les STALKER…ouais vous les voyez bien. Eh bien cela rejoint ce que je disais à propos du cinéma: non content de proposer un contenu proche de nous, il faut qu’en prime ils soient « authentiques ». Au niveau du son des armes, des décors, des véhicules etc etc…
Notez, je n’ai rien contre ça (j’apprécie même qu’un jeu soit léché niveau authenticité)…mais je constate que ce mouvement est en train de se répandre de plus en plus, y compris dans les jeux de Fantasy (NWN 2 et ses armures « réalistes » très éloignées de la Fantasy justement, Dragon Age avec le sang qui va rester sur les armures et les persos etc…). Oui mais voilà à force, ça lasse. Combien d’entre vous rêvent d’un jeu totalement décomplexé, sans moteur physique pour faire vrai derrière, des graphismes léchés, mais sans l’envie de faire photoréaliste ? (comment ça j’ai un discours de vieux con ?)
Voilà ce qui me perturbe, le genre de jeu qui marche en ce moment, c’est les jeux riches en détails crédibles…(les scènes de saikse dans les jeux modernes sont encore une preuve de ce « réalisme » à deux balles).
Donc pour vous, un jeu qui a une approche réaliste laisse encore une part à l’imaginaire et à l’évasion (but premier du Jeu-Vidéo) ou bien elle essaye d’occulter cette partie pour ramener à la réalité les décérébrés que nous sommes ?