BERNE (AFP) - L’oeuvre d’un artiste contemporain chinois, présentant une tête de foetus humain greffée sur un corps de mouette conservés dans du formol, fait scandale depuis plusieurs jours à Berne en Suisse, où elle est exposée au musée des Beaux-Arts de la ville.
“Nous avons décidé de retirer provisoirement cette oeuvre de l’exposition, car nous n’arrivons plus à gérer l’afflux de demandes qu’elle génère”, a déclaré à l’AFP Bernard Fibicher, directeur artistique de l’exposition d’art contemporain chinois présentée au Kunstmuseum.
M. Fibicher a ainsi levé les interrogations sur l’authenticité du foetus soulevées par la presse suisse ces derniers jours.
L’oeuvre a été réalisée par l’artiste Xiao Yu, 40 ans, qui l’a conçue en 1999 et présentée la même année à la Biennale de Venise.
C’est là qu’elle a été achetée par le collectionneur suisse Uli Sigg, un ancien ambassadeur qui se targue d’être le plus grand collectionneur mondial d’art contemporain chinois.
Le flacon rempli de formol a suscité la colère d’un visiteur suisse de 29 ans, Adrien de Riedmatten, qui vient de porter plainte contre le musée pour atteinte à la paix des morts et représentation de la violence.
Selon M. Fibicher, l’artiste chinois a acheté le foetus de six mois auprès du Musée d’histoire naturelle de Pékin, qui voulait le jeter après l’avoir exposé pendant plusieurs années et le remplacer par un foetus plus récent.
L’artiste a ensuite greffé la tête du foetus sur un corps de mouette pour “manifester contre les monstres que l’on crée à partir de la manipulation génétique”, a expliqué le curateur.
Afin de calmer les esprits, le musée a décidé d’organiser une table ronde le 22 août, pour laquelle il a invité plusieurs experts scientifiques et artistiques à prendre la parole sur la représentation de la mort dans l’art.
Depuis la mi-juin, le Kunstmuseum de Berne présente 340 oeuvres de l’avant-garde chinoise issues de la collection d’Uli Sigg.
Parmi les oeuvres exposées figurent aussi une colonne de graisse humaine prélevée par liposuccion, baptisée "Colonne de la civilisation", et une peau de cheval gonflée comme une baudruche.
Les oeuvres réunies à Berne ne représentent que le quart de la collection rassemblée depuis la fin des années 1970 par Uli Sigg et qui constitue la plus grande collection mondiale d’art contemporain chinois. Trop provocantes, la plupart n’ont jamais été montrées en Chine.