À tous ceux qui parlent du problème de mutation du virus.
Déjà, il est connu depuis très longtemps que les coronavirus sont des virus qui mutent très peu (ils sont dotés de mécanismes de correction d’erreur lors des réplications), contrairement par exemple aux virus grippaux, dont il existe déjà des centaines de souches rien que pour les deux antigènes principaux (H et N, qui servent à nommer les souches). Il y a une petite dizaine de coronavirus humains connus, et aucun n’a eu de mutation majeure depuis qu’ils ont été découvert, il y a plusieurs décennies pour les plus anciens. Et c’est pas faute de circuler massivement, puisque ce sont notamment des virus impliqués dans les rhumes.
Ensuite, même s’il y a mutation, ça ne veut pas forcément dire qu’il va y avoir incompatibilité avec les vaccins. Le but d’un vaccin, c’est de mettre en contact le système immunitaire avec un ou plusieurs caractères du virus pour que le système immunitaire apprenne à le reconnaître et à produire des anticorps ciblant ce(s) caractère(s). Pour qu’une mutation entraine une incompatibilité avec le vaccin, il faut non seulement qu’elle touche les antigène(s) en question, mais en plus qu’elle les touche suffisamment pour qu’ils ne soient plus reconnus par le système immunitaire. Ça peut arriver, mais ça reste vraiment rare sur les coronavirus.
Il y a déjà eu plusieurs mutations mineures du SARS-CoV-2, et ces mutations n’ont pour l’instant jamais affecté l’efficacité des tests PCR (basés sur la reconnaissance d’une portion de l’ARN, donc qui ne marchent plus quand cette portion mute) ni des tests antigéniques (basés sur la reconnaissance d’un antigène, donc qui ne marchent plus quand une mutation implique une modification importante de cet antigène). La probabilité qu’une mutation implique une perte d’efficacité du vaccin et du même ordre que la probabilité qu’elle implique une perte d’efficacité des tests PCR et antigéniques.
Accessoirement, une fois qu’on a réussi à faire un vaccin, le plus gros du travail est fait, c’est relativement facile de l’adapter à une mutation, surtout pour les vaccins à ARN, qui ne nécessitent pas de faire des culture (les vaccins vivants nécessitent de produire des grandes quantités de virus affaibli, ce qui prend nécessairement du temps).
Dernier point, pour ceux qui disent que ces vaccins à ARN ont été conçus en un an et que c’est beaucoup trop rapide pour être sans risque : les vaccins à ARN n’ont pas été conçus en un an. Ça fait plus de 15 ans que les labos travaillent sur le principe des vaccins à ARN (Moderna a été fondé il y a dix ans et ne travaille QUE sur ça depuis).
Et ces vaccins sont considérés depuis longtemps comme très prometteurs car théoriquement très sûrs (pas de virus vivant, pas d’autres antigènes que ceux dont l’ARN est dans le vaccin et la production des antigènes par le corps sera forcément limité par le recyclage de l’ARN, pas forcément besoin d’adjuvant…), efficaces et permettant la mise au point rapide de nouveaux vaccins (il « suffit » de trouver la séquence d’ARN qui code l’antigène). Les deux derniers points sont d’ores et déjà démontrés par ces premiers vaccins.