Patrick Drahi, propriétaire de Altice et SFR, cherche à alléger la dette de l’opérateur en demandant à ses prêteurs de renoncer à une partie de leurs créances. La démarche est vue comme une provocation par ces derniers.
Eh bien, je suis étonné qu’il puisse demander aux créanciers de s’assoir sur une partie de la dette. C’est une procédure légale ?
Tu as le droit de demander. Ils ne sont pas obligés d’accepter. Sauf que ce génie de la finance leur dit en gros, soit vous vous asseyez sur 30% soit vous perdez tout. Et bien évidemment lui ira vivre au soleil tranquille tandis que d’autres vont pointer à pôle emploi.
Le souci, c’est soit ça ou alors c’est la liquidation judiciaire. Il fait une proposition.
Le problème c’est que désormais sa crédibilité auprès des investisseurs est foutue. Qui voudra lui faire confiance?
Est-ce qu’une mauvaise gestion de sa part ne pourrait pas l’exposé à des ennuis juridiques ?
Parce que ca fait quand même plus de 15 ans que j’entends que sa stratégie de rachat par la dette explosera.
C’est ca être un génie de la finance. Tu mets tout sous le tapis, tu fais une belle mariée et après la nuit de noce tu découvres la réalité
Merci pour l’éclairage, j’avais pas compris.
Jean-Marie Messier à la fin des années 90 a fait la même (et il me semble que SFR était déjà dans la boucle) et pourtant il ne s’est pas passé grand chose. Sursis et amendes…
Sachant que M.Drahi est ressortissant israëlien et qu’il n’y a pas d’accord d’extradition…
Sur la deuxième partie j’ai un doute, je veux dire si la boite coule elles est vendu même en pièce. Une partie de cette argent sert à rembourser les créanciers… donc il ne perdront pas tout. Par contre les risques de pertes sont plus importantes.
L’autre solution c’est celle de la saur…
Effectivement tout est peut être exagéré, mais qui va vouloir acheter? Et pour combien?
J’avoue être tiraillé. D’un coté, la demande de Drahi est ubuesque, elle revient à lui faire cadeau de 8 milliards d’euros (!) et clairement, elle devrait être refusée et combattue comme le chantage qu’elle est.
De l’autre, ces sociétés de fonds n’auraient jamais dû accepter de laisser une dette s’envoler autant et refuser de prêter sur la parole d’un seul homme. Alors en même temps, bien fait pour leurs tronches.
Mais d’après ce qu’on entend ici ou là depuis plusieurs années, investir de l’argent dans des projets foireux et perdre des centaines de millions semble être la nouvelle tendance des gros fonds d’investissement et c’est dans ces moments-là qu’on est contents de ne pas avoir un système de retraite par capitalisation.
… de nationalités marocaine, française, israélienne, portugaise et christophienne, résidant en Suisse.
Quant à la demande de Drahi, cela me rappelle la phrase de Michel Audiard « les cons ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnait »
Pour ta question : comment a t’il put arriver avec une aussi grosse dette sans que personne ne dise stop ?
C’est très simple : c’est une escalade des risques. A te prête 100 à 1% d’intérêt car tu es clean. Ensuite, A ne te prête pas plus donc tu vas voir B, qui va te prêter 100 mais à 3% d’intérêt. Ensuite, vu que A et B ne te prêtent plus, tu vas voir C qui, au vu des risques, te prête 100 à 10% d’intérêt. Tant que tu rembourse, au final, personne n’a rien à redire. En plus, A ne t’a pas mis un gros taux car quand tu as pris ton crédit, tu étais clean donc pas vraiment de risque. Par contre, après B et C, A va peut être te demander des comptes voir activer des clauses pour remonter tes taux. C par contre, savait que tu étais à risque, d’où le taux élevé. C, il sait très bien qu’une partie de ses débiteur ne remboursera pas et fera faillite, d’où ses taux élevés (ça remboursera toujours d’un côté ce qui ne sera pas perçu de l’autre). Par contre, le jeu, c’est soit tu rembourses, soit tu fais faillite et on récupère ce qu’on peut sur tes restes.
Voilà comment on fait dans les grandes lignes avec énormément de simplifications. Quant à se dire que c’est prendre A et B pour des cons, pas forcément. Chacun pose son expertise à un moment donné en regardant ce qui s’est fait avant (bilan comptable, etc…) et en analysant le plan d’investissement proposé (si tu emprunte 100, tu vas rembourser 110, il faut donc que grâce à ces 100 tu gagnes plus que 110, sinon ça ne sert à rien). Après, ça peut foirer et dans ce cas l’entreprise a tout intérêt à réemprunter pour rembourser ce qu’elle doit et investir à nouveau pour améliorer sa situation.
Un dernier point, être endetté, pour une entreprise, c’est tout bénef. Pour faire simple, si une entreprise est endetté à hauteur de 80%, ça veut dire que 20% de l’entreprise appartient à ses actionnaire et 80% aux organismes de créance via la dette. Par contre, ça veut aussi dire les actionnaire ont une entreprise 5 fois plus puissante que ce qu’ils possèdent réellement (ben ouai, si pour 100 je construit une ligne de prod qui me rapporte 10 par mois, alors emprunter 400 me permet de construire 4 autres lignes qui vont me rapporter 40 de plus par mois, donc 50 en tout et, si je ne dois rembourser que 20 par mois, j’ai donc 30 de bénef au lieu de 10). En plus, à la fin, si les banques vont vouloir 5-10% de remboursement, les actionnaires peuvent demander bien plus, ce qui allège la charge de rentabilité. C’est pour ça que les grosses boites sont endetté à niveau quasiment fixe (je crois GM, par exemple, est endetté à hauteur de 60% depuis plus de 30 ans, et ne cherche absolument pas à changer ça.
Après, tu as Altice, qui a fait l’inverse à savoir emprunter de manière totalement inefficace.
La dette de 24 Mds d’euros, c’est avec ou sans les intérêts ?
Si j’étais créancier, j’essaierais déjà de récupérer mon capital, tant pis si c’est une opération à zéro, c’est toujours mieux qu’une perte sèche.
Le problème comme dit plus haut, c’est que tout s’est fait sur une dette abyssale en partie sur la confiance que le nom de Drahi, car il était vu comme un investisseur a succès. Maintenant que cette casserole va trainer, tout va lui devenir beaucoup plus compliqué.
Mais je ne vais pas le plaindre, car si son empire s’effondre, on sait très bien que lui continuera à mener la belle vie avec des sommes qu’il a du mettre bien au chaud.
Les vraies « victimes » vont être les personnes qui vont faire partie de la casse sociale liée à cette hypothétique chute
Dans le cas de la SAUR, les banques sont devenus propriétaire ce qui fut une perte financière importante pour la caisse des dépots et des consignation… Ils ont restructuré la dette puis revendu à un boite étrangère…
Je me disais justement que ces investisseurs devraient faire exactement ça. Ils y perdraient des plumes, mais entre ça et perdre 8 milliards d’euros sans aucune garantie que cela changera quoi que ce soit, il me semble que le calcul est vite fait.
Ouais enfin les créanciers sont bien loins dans la liste des priorités. l’État, les salariés, les fournisseurs… Il reste plus grand chose à récupérer parfois.
Bernard Tapie, pour 1€.
Ah ben non, merde…
La dette est peut-être en relation directe avec sa fortune personnelle ?