Elles vont très probablement être prolongées jusqu’à 60 ans (32 ont déjà été officiellement prolongés jusqu’à 50 ans, dont 18 qui ont effectivement dépassé les 40 ans). Et il ne serait pas surprenant qu’elles le soient au-delà. En tout cas, des études ont déjà été lancées pour estimer la faisabilité d’une telle prolongation (et certains pays sont déjà allés au-delà de 60 ans sur les autorisations d’exploitation).
Et non, il ne faut pas 20-25 ans pour construire une centrale nucléaire. Tous les réacteurs actuellement en service ont mis 6 à 12 ans à être construits.
L’EPR de Flamanville, qui est un chantier exceptionnellement long, qui a accumulé des retards parce que c’est un prototype et parce qu’on avait perdu le savoir faire, il n’en est « que » à 17 ans. Mais les constructions des EPR-2 seront beaucoup plus rapides que ça (expérience acquise sur l’unique EPR-1 + simplifications de l’EPR-2 par rapport au 1).
Oui, ça va plus vite. Mais avec BEAUCOUP plus de matériaux (tellement qu’au final le bilan carbone de l’éolien ou du PV est moins bon que celui du nucléaire) et BEAUCOUP plus d’emprise au sol… Par exemple, sur le béton, un EPR de 1600 MW, c’est seulement 85 fois plus de béton qu’une éolienne de 2 MW. Donc avec la même quantité de béton, tu fais 1600 MW en nucléaire 170 MW en éolien… Sachant qu’ensuite ton réacteur tourne pendant 60 ans avec un facteur de charge de 70% (et encore, ça c’est le facteur de charge en pratique parce qu’on ne demande pas toujours la puissance max… le facteur de charge « technique » en ne déduisant que les pannes et maintenances, il tourne plutôt à 85-90%). Alors que ton éolienne dure 20 ans avec un facteur de charge de 20%…
Et de toute façon, on ne peut pas se reposer exclusivement sur le renouvelable, sauf révolution majeure de la géopolitique mondiale (révolution du genre qui nous permettrait de monter un gigantesque parc solaire en plein Sahara pour alimenter l’Europe… totalement utopique à ce jour sur le plan géopolitique). Parce que ce n’est pas pilotable à la demande.
On peut le développer de façon à assurer un part importante de notre alimentation avec. Mais il faut garder une capacité pilotable suffisante pour couvrir les besoins du pays. Et pour ça, le mieux d’un point de vue environnemental, ça reste le nucléaire. Parce que les autres sources pilotables, ça produit en masse du CO2, et du coup même si elles n’assurent qu’une fraction de la production, ça ruine le bilan… Des pays comme l’Allemagne ou le Portugal peuvent se venter d’avoir de temps en temps réussi à couvrir 100% des besoins du pays avec des renouvelables… Mais derrière ce résultat encourageant, il ne faut pas négliger la dure réalité : en moyenne sur une année, leur kWh est 5 à 10 fois plus chargé en CO2 que le notre…
Bref, on a de la marge de progression côté renouvelable, c’est sûr, on peut encore largement augmenter la capacité de production et la production effective. Mais il est utopique de croire qu’on peut se passer du nucléaire à moyen terme.