Je vote pour le retour de la diapo dans les concours photos !
Non, c’est bien toi qui te trompe. Puisque l’IA ne stocke pas le contenu sur lequel elle s’est entraînée (tout comme le cerveau d’un artiste ne stocke pas les œuvres d’autres artistes qu’il a vues), elle ne peut pas régurgiter ce contenu. Elle peut recréer quelque chose qui correspond à sa compréhension, son interprétation de ce contenu… Exactement comme un artiste qui s’inspire et recrée une œuvre correspondant à sa compréhension et son interprétation de ce dont il s’est inspiré.
Un humain aussi mémorise. C’est donc pareil.
On ne connait pas réellement le but de la démarche, mais il n’a aucune importance de toutes façons car l’œuvre existe indépendamment de l’intention supposée de son auteur.
Que celui qui signe soit effectivement celui qui ait tenu le pinceaux ne change rien non plus et pour la même raison.
Un autre exemple au hasard :
Il s’agit d’une copie de No–not over the phone de Roy Lichtenstein réalisée par un robot, nommé malicieusement RoyBot créé par le youtubeur Nerdtronic. C’est donc une copie de copie, parfaitement unique (RoyBot a été démonté après la réalisation) qui a pris environ 1 an de travail avec une technique qui ne correspond en rien à celle de Lichtenstein. La source originale est inconnue (enfin elle l’est peut-être, mais Lichtenstein lui-même n’en a jamais parlé). À voir la vidéo, le tableau est proprement spectaculaire, mais s’agit-t-il d’une œuvre d’art ou simplement d’une copie industrielle ?
Moi je n’y vois qu’une jolie copie et pas une œuvre d’art, car il n’y a pas de recherche d’originalité dans le dessin. La seule nouveauté est la technique utilisée.
Là où ce n’est pas discutable, c’est ma propre « œuvre » : une réinterprétation de la Jeune fille à la perle de Vermeer :
C’est un travail totalement unique (et qui le restera), qui s’éloigne volontairement de Vermeer, notamment en ce qui concerne le regard de la jeune fille plongé dans le vide, et de la bouche qui porte un sourire imperceptible. Ma « jeune fille » pose sagement. Elle a arrêté le temps, soumise au travail du peintre.
Il y a donc de ma part des intentions et une recherche d’originalité. Ce n’est en rien une copie. Mais cette « croute » est-elle pour autant une œuvre d’art ? Je dirais que oui, même si je n’ai pas utilisé de pinceaux mais les services de Dall E.
Supprimons les concours et autres compétitions…
« Peu importe. Bravo, tu es un expert en deep learning, mais ça ne change rien. La méthode est plus complexe, mais là ce que je dis, c’est que c’est du vol »
non, encore une fois non, Matt a raison. Et c’est parce que TU veux simplifier et t’accrocher à ton préjugé de vol que tu te trompes, en affirmant que c’est juste une manière plus sophistiquée de voler.
La machine a été entrainée sur des sources : oui.
Mais ensuite elle fonctionne par recréation intégrale. c’est du « à la manière de » mais il n’y a aucune conservation, donc aucun « Dû » à un auteur original. Elle emprunte une manière de faire, et réellement crée la nouvelle image jusqu’à satisfaction au « prompt »
Je t’invites à vraiment regarder comment ça marche, à la fois parce que c’est passionnant et parce que oui, ça débunk cette histoire du simple « collagisme » d’images réalisées par des tiers.
Reprendre des images ou des portions d’images réalisées par des tiers = vol
S’inspirer d’un style pour re créer ex-nihilo une image = pas vol.
Et si on voulait aller plus loin : pompage d’un style par un humain = pas vol et même collagisme (déclaré comme tel) par un humain : pas vol .
Donc par quelque part, certains humains sont beaucoup plus proche de ta définition du vol que ces machines.
Très rapidement ce sujet de débat semble inévitablement conduire à produire de l’invective. C’est comme toujours dans les forums effrayant.
Clairement ma position s’accorde avec celle d’ABC (dont je perçois l’exaspération, que je partage un peu soyons honnête, même si elle se traduit inévitablement à l’usure parfois malheureusement).
Néanmoins bien des arguments avancés par la partie adverse me troublent, interrogent ma position. Car évidemment il y a des aspects qu’on peut pointer comme positifs dans cette aventure de l’I.A.
Je vais essayer d’apporter ma pierre (alors que peut être bien suffisamment ont déjà été posées).
- Point de départ : sur le sujet du vol. Si ses entreprises avaient, comme elles auraient du le faire moralement sinon légalement, avancer en toute transparence et demander pour chaque auteur « acceptez vous que votre travail serve de donnée d’apprentissage sachant qu’à terme toute personne pourra produire un travail singeant le votre », 100% des artistes, photographes, concepteurs qui vivent de leur savoir faire s’y seraient opposés. Et ses I.A seraient des coquilles vides. Mais comme toujours en économie Start-up, on avance en force, on sait qu’on ne respecte rien mais l’on mise sur le fait de voir son produit si largement adopter rapidement que tout marche arrière devient impossible. Et ne soyons pas dupe, il s’agit juste du business. Il s’agit juste de produire une machine à cash.
- concernant le pillage : beaucoup d’appuyer qu’il s’agit ici d’apprentissage, que les images « apprises » ne sont pas stockées (ce qui est strictement parfaitement vrai). Mais bien qu’elles soient " transcodées" dans un modèle indéchiffrable, « décomposées en milliers de caractéristiques », l’image est en définitif bien là. Presque là « strictement ». Il n’y a pour preuve qu’à voir les détournements d’oeuvres classiques qui permette de mesurer que l’I.A a l’original comme en mémoire. La précision avec laquelle les parties originales de l’oeuvre, celles non objet à détournement, sont restituées, s’apparente à de la copie. Quelque soit le mode la forme que prend l’image dans le système neuronal, celui ci est bien en presque capacité à en ressortir une copie. Donc dans les faits, l’image y est bien d’une certaine façon, « enregistrée ». Ce qui valable pour ces oeuvres peut être libres de droit doit être reportées à celles qui ne le sont pas. Ce n’est pas parce qu’une oeuvre n’est pas identifiable précisément avec un prompt, que sa copie presque stricte ne sera jamais donc restituée par l’I.A, qu’elle n’est pas « en copie dans le modèle ».
- Un aspect qui me rend complètement fou dans ce que je lis, c’est le nombre de fois où l’I.A est mis au même niveau que l’humain, notamment via le parallèle de l’apprentissage. Mais il n’est raisonnablement pas concevable de les mettre au même niveau (ou alors à considérer que l’humain est une chose caduque). Prenons le cas de l’I.A dans le monde du jeu d’échec. Il est clair pour tout le monde que cela n’aurait aucun sens de mettre en compétition l’I.A et l’humain (ou l’humain avec un humain assisté par de l’I.A). Et pourtant ce qui est fait ici. Dans la violence la plus totale. Et avec le consentement joyeux de beaucoup. Il est d’ailleurs effrayant de voir la presque satisfaction dont semblent témoigner certains de voir les artistes se faire broyer par la machine. De pointer parfois que quand ouvrier perdait son travail au profit d’un robot, il n’y avait personne pour s’en chagriner (??? vraiment. Moi si). Alors que dans ce schéma, si l’ouvrier perdait son travail, l’homme était au moins en compensation soulagé d’une tâche asservissante. Ici on « libère » l’artisan d’une tâche … qui le libérait de sa petite condition d’homme par la création.
- le gain : en n’excluant toute ces considération précédentes, je m’interroge simplement sur le gain au final pour tous. Le gain global. Cela démultiplie effectivement les possibilités de création. Et l’on voit effectivement émerger des choses belles, intéressantes et même fascinantes. Indiscutablement. On pourrait alors statuer que le gain vaut le coût. Maintenant, il y avait déjà une infinité de choses belles et intéressantes produites. Un nombre incalculable d’artisans d’art (mot plus heureux que celui d’artiste qui crée des crispations)) qui produisaient des choses sublimes. Plus qu’on ne pouvait déjà en consommer. Quel va être le gain de ce trop plein globalement pour l’humanité (hors enrichir les propriétaires de ces I.A et ceux qui les utilisent pour nourrir à moindre frais jusqu’au vomissement le robinet des réseaux sociaux dont on mesure déjà les effets négatifs. Annihiler toute volonté chez l’homme de faire le travail de l’apprentissage (et il était beau ce voyage. Enrichissant et nourrissant)?Parce ces I.A n’ont même pas besoin d’un humain pour produire un prompt. La machine (ex chatGPT ) peut produire un milliard de prompts pour produire automatiquement des milliards d’images ou autres à soumettre à l’humain pour simple validation (et bien visualiser ce qui communément malheureusement émerge lorsqu’on en s’en remet à un processus de sélection par la masse. Il suffit de se connecter à Youtube sans s’identifier pour se faire peur).
Pour l’humain, comme aux échecs, la bataille est forcément perdue. Il perd ainsi quelque chose que le sublimait, qui faisait sens.
Si l’I.A pouvait produire 1000000 symphonies de « Mozart » par jour (dont dans le lot 100, par le jeu du volume, finiraient validées comme valables par l’humain (et on va finir par y arriver), l’humanité y gagnerait elle quelque chose ?
Il me semble que non. On produit là un monde sur-humain, déshumanisé. Un monde qui n’est plus à échelle humaine, dans lequel l’humain ne trouvera plus sereinement sa place. Les perspectives, si l’on ne régule pas un peu tout ça, me semble glaçante.
Non, je connais juste le fonctionnement de l’esprit humain: je travaille justement a aider un service de recherche pour avancer au delà de ces limites intellectuelles (les idées évidentes ont été explorées) et techniques (on a fait le tour des techniques mathématiques et informatiques -principalement la brut force, mais aussi l’algorithmie génétique-) dans les domaines dans lesquels je bosse. L’IA permet de grandes avancées avec des concepts opposées au « bon sens » mais validés par simulation ou expérimentation.
Je ne fais pas moi-même de recherche, je suis plus un expert en outils et « métier » qui fournit des outils de recherche et de validations, et qui participe à la validation des protocoles et des résultats des études.
C’est un plaisir de confronter des vues différentes sur un sujet aussi vaste et nouveau, quasiment philosophique, mais je reste sur ma faim…
perso, vu les possibilité de photoshop je ne sis pas vraiment en accord… tout algorithme passé sur une photo devrait aussi être indiqué ! mais le débat est sans fin.
pour tes différents points :
**1- **
deux choses :
1A) on peut arguer que non, les sociétés n’avaient ni le devoir moral ni légal de demander une autorisation, puisque ces œuvres sont publiques et que tout le monde, homme comme machine, peut s’en servir comme « devoir d’apprentissage » - et ça qu’elle qu’en soit la finalité.
2B)
« 100% des artistes, photographes, concepteurs qui vivent de leur savoir faire s’y seraient opposés »
oui
Mais ce n’est pas propre à la machine, je te la refais avec des hommes : "« acceptez vous que votre travail serve à ce qu’à terme une armée d’artistes chinois singent votre travail » : tu auras une réponse non. Pourtant c’est légal, du moment qu’ils ne piquent que votre style et pas vos images telles-quelles.
Et des véritables copistes de style, notamment en commande d’illustration, il y en a légion (j’y ait fait appel moi même jadis) .
2C)
« Mais bien qu’elles soient " transcodées » dans un modèle indéchiffrable, « décomposées en milliers de caractéristiques », l’image est en définitif bien là. Presque là « strictement ». Il n’y a pour preuve qu’à voir les détournements d’oeuvres classiques qui permette de mesurer que l’I.A a l’original comme en mémoire. "
Plutôt non, il est justement très très complexe de tenter de refaire surgir l’image originelle,
faut même de la virtuosité dans les prompts pour réussir à ne serait-ce que s’approcher de l’œuvre originale.
J’ai cru voir passer quelques essais pas concluant justement, de types qui essayaient de régénérer les oeuvres à l’origine des jeux de datas. mais si tu as des liens contraire ça m’intéresse.
ça ne fonctionne pas par collagisme des caractéristiques (comme un dicco de plein de petites images stockées) , mais plus comme des " objectifs pondérés de vraissemblance à atteindre" , et ça c’est très précisément ce qu’est notre apprentissage.
-
- qu’as tu voulu dire ici :
« Prenons le cas de l’I.A dans le monde du jeu d’échec. Il est clair pour tout le monde que cela n’aurait aucun sens de mettre en compétition l’I.A et l’humain »
Alors qu’au contraire les echecs ont été historiquement les premiers banc-tests IA vs machine ? c’est que ça faisait bien sens ?
je sens que t’as un argument opposable ici mais dit comme ça je n’ai pas compris.
4)- quels sont les gains : sur les aspects artistiques et apprentissage, tu soulèves de vrais graves problèmes pour lesquels nous n’avons pas de réponses tranchées et très peu d’argument POUR l’IA
- l’éradication de l’art « de commande » a déjà commencé, c’est clairement déjà cuit quel que soit les gesticulations de la communauté, ce qu’on y gagne : pas grand chose. Rien ? voir gain négatif : probable.
- la démotivation pour l’apprentissage voir la blessure narcissique des joueurs quand la machine fait mieux quoi qu’il arrive, le coté vain de peindre alors que ça peint mieux sans effort à coté :
on l’a effectivement vécu au 19ème siècle, quand les photographes ont éradiqué tous les peintres portraitistes.
initialement on a un gain négatif (de mon point de vue) la disparition d’une communauté mondiale de portraitistes et leur talents perdus. Mais on y a tous gagné la possibilité de « documenter nos vies » et d’imager tous nos souvenirs.
Attention aux gains impensés amenés par les pratiques et possibilités nouvelles
En gagnant le concours, il s’est contre-argumenter lui-même… La photo en question a été appréciée, qualifiée comme de l’art. La vraie réflexion est juste de s’assurer de savoir comment telle ou telle image a été générée, pour catégoriser ces concours à l’avenir.
Merci déjà pour l’instauration d’un dialogue cordial (et mes excuses pour toutes les fautes d’orthographe. Mais Clubic m’a bloqué en édition pendant 2h, freinant toutes corrections).
1A) Je voudrais mettre en avant qu’on a changé de paradigme (si ce terme à bien le sens que je crois). En publiant leurs images, jamais les artistes ne pouvaient imaginer l’usage qu’il allait pouvoir en être fait. L’accord qu’ils avaient passé (si il y avait accord, car visiblement des choses non libre de droit ont été exploitées) reposait sur d’autres bases. Sur la base actuelle, je pense que beaucoup sinon tous auraient pris des précautions. Et qu’on devrait avoir le droit, même lorsqu’on rend une chose publique (ce qui est inévitable : on produit pour publier, pour donner à voir) de refuser que son travail soit source d’apprentissage pour une machine qui à partir de là vous rend obsolète tout en enrichissant par ailleurs de tierce personnes (le moteur premier du truc tout de même).
2B) Parce qu’il y a appropriation tout de même. Alors certes, elle était possible avant. Mais avant avec les limitations humaines, qui étaient tout de même sérieuses. Les dérives étaient plus ou moins contenues. Et elles étaient anticipées et mesurées au moment de la publication. Là il n’y plus de limites. On déborde même des limites de ce que l’humain est capable d’ingérer/consommer.
2C) Là j’avoue avoir écris un peu vite et je veux vous faire confiance car j’ai du mal à dégager à l’instant un cas qui soutiendrait mon argument (je viens de chercher Joconde Midjourney et je trouve un peu de tout dont probablement parfois de simples montages pour ce qui aurait pu faire preuve). J’avais bien compris qu’il ne s’agissait pas de collagisme, et je ne voyais pas de toutes façons comment raisonnablement un image pouvait être strictement transcodée par ses caractéristiques, mais j’étais certain pourtant d’avoir vu passer des choses (des choses qui n’étaient peut être pas aussi proche de l’original que je le croyais en fait).
3 Pour le cas des échecs, c’était effectivement un des premier cas d’étude. Mais une fois la démonstration faite (et glaçante tout de même. On avait mal pour ces joueurs exceptionnels), l’expérience a cessé. On ne met pas en compétition aujourd’hui des joueurs d’échecs avec des I.A. On a montré que l’I.A avait gagné, mais on a ensuite protégé les joueurs de l’I.A. Ce qui n’est pas du tout le cas avec la production d’image. Là l’homme reste en compétition avec la machine et est donc sûr de perdre, de se faire écraser. Et ce qui distinguerait ces deux cas ne serait il pas juste l’argent qu’il y a à faire. Les I.A productrices d’image sont avant tout des machines à cash.
4) Le progrès fait peur. Je veux bien admettre pour partie que c’est une des causes de ma réaction (une autre pour être honnête est qu’à titre de loisir je pratiquais l’infographie. Que c’était un vrai plaisir même si laborieux. Mais qu’au jour d’aujourd’hui je ne me sens plus utiliser ma tablette). L’exemple de la photo/portait est bien un de ces arguments contradictoires devant lesquels il est difficile de s’opposer. Il y a bien eu là gain pour un plus grand nombre (le gain excède le coût (purge du coté des portraitistes. Mais notons que les gens très riches peuvent toujours se faire faire le portrait). Mais sur le trop plein par exemple. Certes la photo a permis les choses que vous mentionnez. Mais en arrivant à force de progrès à un coût nul, on a abouti à ces robinets d’images. Tout le monde photographie tout et n’importe quoi et le partage : et il devient difficile d’échapper à ce déluge d’images sans valeur pour la grande majorité, qui s’immisce de partout, devient une vraie pollution et constitue en définitif une nuisance globalement pour l’humanité. Une régression. En dépossédant successivement l’homme de toutes ces choses dans lesquels il pouvait faire démonstration à force d’engagement et de travail de sa puissance relative (et en jouir. Ca donnait un sens viscérale à la vie), ne va t’on pas le ramener à rien ? Le ramener à sa plus petite mesure. Ne s’agit il pas d’un nivellement par le bas ?
Encore une fois je ne vois pas ce qu’on a à gagner collectivement (la société globalement, parce que il y a bien sûr gain immédiat pour ceux qui devaient passer commande pour une image) à faire produire du « beau » par la machine qui peut en vomir à l’infini. On produisait suffisamment de beau sans la machine. Il y avait presque déjà même trop plein. Collectivement, je ne vois pas le positif (oui chacun peut faire mumuse. Mais bon raisonnablement on doit être plus satisfait de soit en traçant un carré presque parfait au crayon qu’en délègant la production d’une image à un machine). En me creusant, en me plaçant du coté du contradicteur, j’ai trouvé le cas de figure où ce n’est pas l’aspect de l’illustration qui compte, mais le sens qu’elle porte. L’homme produit le sens et en délègue l’illustration à la machine (parce qu’il s’agit de ça. Les artistes du prompt … Encore une fois la machine peut produire seule du prompt, peut s’auto-alimenter). Comme par exemple une illustration brillante par son concept, où c’est le fond, l’idée qui vaut tout, qui écrase la forme, fond qui n’aurait pas pu être produit de façon automatique (contrairement à toutes ces images qui pullulent aujourd’hui, produits d’association qui pourraient être générées presque aléatoirement). Dans ce cas l’homme confère à l’oeuvre une part essentielle, il garde sa place et peut être jugé co-auteur avec la machine (Dans la vraie vie, Maurizio Cattelan déléguait déjà la production de ses oeuvres … et les artisan parfois de se retourner contre lui).
Une des choses qui m’effraye le plus je crois, c’est la béatitude et le soutien sans la moindre réserve que reçoit cette révolution par un très grand nombre. Et même plus, la violence avec laquelle elle est défendue à la moindre contradiction. Je suis peut être le seul à avoir vu 2001 : )
Je suis bien d’accord sur ce point, les capacités d’apprentissage d’une IA dans un domaine surclassent largement les capacités d’apprentissage d’un homme seul dans ce même domaine.
Mais pour moi, ça ne change rien du point de vue de l’artiste individuel qui sert de source d’inspiration quand on demande à l’IA de faire « dans le style de machin ». Parce que pour faire « dans le style de machin », il suffit de connaître beaucoup d’œuvres de machin. Et ça c’est dans les capacités d’un humain seul.
Donc fondamentalement, le problème revient toujours au « prompt ». Si on demande explicitement à l’IA de travailler « dans le style de », elle va faire quelque chose qu’un humain à qui on demanderait la même chose serait aussi capable de faire. Car un humain peut « facilement » apprendre le style d’un autre. Dans ce cas, on peut considérer qu’il y a plagiat, mais aussi bien si c’est l’IA qui le fait que si c’est un humain qui le fait. Et le responsable de ce plagiat n’est pas l’IA, mais l’humain qui a demandé à l’IA de faire « dans le style de ».
Si par contre on ne demande pas explicitement à l’IA de reprendre le style de quelqu’un, elle va, comme n’importe quel artiste humain, produire une œuvre qui découle de l’ensemble de ses acquis. Là oui, sa connaissance bien plus grande que celle d’un humain fait la différence. Mais dans le « bon » sens : plus sa base de connaissance est grande, moins elle va spontanément produire une œuvre proche d’une œuvre déjà existante, tant qu’on ne l’oriente spécifiquement vers une œuvre existante via le prompt. Donc au final, l’œuvre produite avec un prompt « générique » ne pourra pas être considéré comme du plagiat, puisqu’elle ne sera suffisamment proche de rien d’existant.
Alors qu’au contraire, l’artiste humain peut même sans intention particulière, plus facilement se retrouver à produire une œuvre qui pourrait être considérée comme du plagiat. Parce que parmi tous ses acquis, il a des préférences, il y en a qui l’ont plus marqué, pour une raison ou pour une autre, et tout ça, ça peut ressortir inconsciemment au moment de créer…
Je cerne beaucoup mieux ce que tu as voulu dire et globalement je suis plutôt d’accord, notamment sur tes craintes et sur la faiblesse du gain dans le domaine créatif (par rapport au remplacement des tâches aliénantes ou gratifiantes) .
Je pense qu’un jouet « nouveau style comme carrière d’un illustrateur / créatif » est cassé, définitivement. Qu’il faut le voir comme un fait.
Tout comme pour la photo ou la sculpture, il restera une niche de créatifs, mais l’imitation de style sera effectivement quelquechose de gratuit et d’industriel, tout comme la photo réussie finit aujourd’hui dans toutes les poches.
Je vois déjà du midjourney absolument partout, c’est déjà une news sur 10 facile qui est une illus d’AI dans mon FlipBoard. Et ce truc a 8 mois de déclaration d’existence « grand public »
Je suis d’accord avec toi mais le concours en question, c’est un concours de photo et non de génération via IA.
Aucun doute qu’une image crée par une IA peut insuffler une émotion au même titre qu’une « vraie » image mais faut pas tout mélanger.
Une photo, c’est un moment réel de vie, un cadrage choisit, une lumiere etc… tout ces éléments sont perçu par le photographe et c’est lui qui décide d’immortaliser l’instant.
Il faudrait créer un concours pour les IA, ça serait rigolo mais surtout pas mélanger les deux. Bon là ok c’était un troll, mais ça montre bien que les deux technique ne peuvent cohabiter sous la même bannière.
Je suis d’accord avec toi. Pour moi il FAUT clarifier la définition de « photo », et probablement séparer les choses: photos (prise de vue avec éventuellement retouche globale?), photos retouchées manuellement, photo retouchées ou générées par IA.
Tout dépend de comment est défini le concours, on sait depuis quelques temps déjà que les images générées par IA peuvent être impressionnantes, c’est une faute des organisateurs du concours si le cas des « photos » générées par IA n’est pas géré dans le règlement (et par conséquent implicitement autorisé).
Le sujet de la responsabilité que vous abordez est interessant. Effectivement, l’I.A peut d’abord servir à produire des oeuvres où l’identification des « sources » n’est pas déterminable et donc hors champs du plagiat. Mais si l’on considère le cas où comme pour une production humaine, le cas de plagiat est avéré, n’y t’il pas responsabilité de celui qui délivre le service ? Car enfin il met à disponibilité un outil permettant à n’importe qui de produire du plagiat dans son usage nominal (pas un détournement d’usage). Certes le plagiat était possible précédemment. Mais dans certaines limites (les limites humaines). Et donc contenu. Et une législation précise à cette mesure avait été édictée. Là on change de mesure. Ne devrait on pas actualiser la législation ?
Je vois bien que la large majorité défend sans mesure cette « avancée », ce progrès. Parce que oui assurément il y a quelque chose de « réjouissant ». Assurément quelque chose de sidérant et fascinant. Quitte à occulter certains aspects déplaisant. Notamment sur ce sujet des droits.
Et là je trouve que l’argumentaire est faussé dés la départ. Par le seul choix d’un terme qui nous fait glisser sans qu’on s’en rende bien compte façon totalement injustifiée vers l’anthropomorphisme.
Ce terme d’« apprentissage ». Et de ce seul terme découle presque tout l’argumentaire des pro-I.A sans contraintes aucune.
On a produit du logiciel qui mime, reproduit une caractéristique du vivant. Mais ça ne fait pas du logiciel un être vivant auquel ne devrait s’appliquer que les contraintes définies pour le vivant.
Si au lieu du terme « apprentissage » j’utilise le terme exploitation (vous allez pointer que c’est à dessein mais n’est ce pas tout aussi défendable? Vraiment). Que ces logiciels (il ne s’agit pas d’humain) se sont construits une base de connaissance indispensable à leur fonctionnement par l’exploitation de sources (certaines protégées par des droits, mais pour toutes les autres je dirais protégées par défaut, car ce cas d’exploitation n’existait préalablement pas, et qu’il aurait donc fallu préalablement le désigner et mettre à jour les définitions de License courantes pour chacun puisse alors donner son consentement).
Juste cette phrase « se sont construit une base de connaissance indispensable à leur fonctionnement par l’exploitation de sources ». Le fait que la source ne soit tel qu’elle dans le modèle n’est alors même plus le problème. On a des sources (non libre de droit) qui sont à la base de production d’un logiciel, le logiciel ne serait rien sans ces sources qui en sont de façons masquées les briques. Logiciel dont il est fait usage commercial (toute personne qui utilise une illustration I.A pour enrichir quelque chose qu’il monétise en fait directement un usage commercial). Hors nombre de ces sources sont protégées contre toute exploitation commerciale (ce doit être le cas pour un très grand nombre d’illustrations/photos de qualité).
Je rebascule sur toute autre chose, je reviens sur le gain. Quand une avancée technologique libère l’homme de quelque chose de contraignant, le terme « progrès » avec ce qu’il sous-tend de positif est applicable sans réserve. Mais le cas présent est plus complexe. Là on libère l’homme non d’une contrainte, mais d’une chose qui l’élevait (pour celui qui voulait prendre la peine de s’élever). Qui faisait sens et sublimait la vie. Une chose donc fondamentale. Alors oui on va produire plein de belles images. Bien plus que nécessaire. Un tel trop plein que ces images vont très vite perdre toute valeur, ne plus rien produire en nous (invariablement le « trop » mène à l’effondrement). Parce que la valeur d’une image était tout de même portée pour partie par le fait qu’elle était produite par un frère humain. Parce qu’on était témoin d’un dépassement. Et cet aspect était fondamental dans le plaisir que nous procurait la contemplation. Parce que nous étions à échelle humaine. Là, d’un geste, à toute vitesse sans la moindre concertation (parce qu’il y a course pour ses Start up pour s’accaparer un marché), on détruit tout.
Je suis assez vieux pour avoir connu l’âge du trucage non digital au cinéma. Dans les années 60/70, Ray Harryhausen produisait des trucages que beaucoup qualifieront aujourd’hui d’indigents, mais il les produisait seul. Vraiment seul (au générique, il était tout seul. Il occupait tous les postes. Des croquis initiaux à la séquence final). A cette époque, le spectateur de ces tours de magie était littéralement plongé dans l’émerveillement (on pouvait allez voir un film uniquement pour ces séquences là). Il y avait émerveillement parce que le trucage était à échelle humain. Un trucage presque sans truc tellement il disposait de peu de moyen.
Est arrivé Jurassik Park qui a mis une claque à tout le monde (à moi y compris).
Trente ans plus tard, dans n’importe quelle grosse production US, des choses insensées sont proposé aux spectateurs qui les regarde avec autant d’éclair dans les yeux qu’une vache qui regarderait passer un train. Quelque chose a été perdue pour l’humain. Il a perdu une source d’émerveillement (alors que le trucage digital est indiscutablement un progrès, quelque chose de génial). C’est indiscutable
Je ne suis pas contre le progrès (on vit une époque formidable par bien des points, où la culture est accessible comme jamais, où des outils de création fascinant sont mis à dispo de tous). Mais la notion de progrès doit être interrogée plus profondément. Un progrès technique si séduisant qu’il soit peut signifier en fin de compte une perte pour l’humain.
A vouloir tout déléguer à la machine, parce que la machine le fait mieux (et le fait surtout pour moins cher … et moins d’effort), on va déléguer des choses fondamentales et l’on va s’appauvrir individuellement.
Ces I.A génératrices d’images ouvrent selon moi la marche.
C’est un problème récurrent, le donneur d’ordre qui essaye de se défausser de sa responsabilité sur l’exécutant. Pour moi non, clairement, la responsabilité primaire, elle est au niveau du donneur d’ordre.
Sinon, Adobe aussi est responsable si quelqu’un prend une photo soumise au droit d’auteur, fait 3 retouches dessus et la diffuse, puisque c’est Adobe qui a fournit l’outil servant au plagiat…
Pour le reste, ton point de vue se défend, et est bien argumenté. Mais cette argumentation montre à quel point la question est complexe, puisqu’il faut en arriver à jouer sur les mots (exploitation vs apprentissage… qui est tout aussi applicable à l’humain : l’artiste humain à bien lui aussi « construit une base de connaissance indispensable à leur fonctionnement par l’exploitation de sources » => un humain sans aucune connaissance artistique ne fait pas spontanément la Joconde ou Guernica !), et qu’on ne peut donc pas résumer aujourd’hui en une position dogmatique se résumant à « c’est du pillage, ça doit immédiatement être interdit »…
Par contre, je ne pense pas que ces IA vont comme tu le dis dévaloriser l’art « réel ». Pour moi ces IA vont surtout faciliter le pseudo art « industriel », celui qui vise à produire du contenu artistique non pas pour le plaisir du créateur, mais pour le loisir du « consommateur ».
Mais il y aura toujours des artistes qui feront ça à la main, parce qu’ils aiment ça, parce qu’ils ont envie de le faire, et je pense qu’ils resteront reconnus pour ça. Tout comme aujourd’hui, on fait bien la distinction sur la qualité artistique entre le dernier blockbuster américain bourré d’effet spéciaux qui servent essentiellement à masquer la vacuité du scénario et le petit film d’auteur…


