Il y a sur le marché de gros de l’électricité des producteurs et des consommateurs (essentiellement des distributeurs d’électricité, mais aussi quelques gros industriels qui achètent directement sur le marché de gros).
Et même si l’électricité ne se stocke pas, elle peut par contre bien s’acheter à l’avance : un distributeur d’électricité qui prévoit aujourd’hui que le 1er juin 2023 entre 14h et 15h il aura besoin de 1 GWh pour satisfaire la demande de ses clients, il peut tout a fait en acheter une partie dès maintenant, par exemple 0.8 GWh, à un producteur qui sait qu’à cette date il sera capable de les produire.
Les achats peuvent se faire au moins un an à l’avance, probablement même plus.
Uniquement sur les échanges du jour sur le marché de gros. Pas forcément au client final. Parce qu’en général, les distributeurs facturent au client un prix fixé à l’avance, pas un prix indexé sur les prix de gros.
Si je reprends l’exemple de mon distributeur qui a besoin d’1 GWh le 1er juin entre 14h et 15h, il peut par exemple en avoir acheté aujourd’hui 800 MWh pour 100€ le MWh, dans 3 mois 200 MWh pour 150€ le MWh. Et finalement, le 1er juin entre 14h et 15h il ne devra acheter au prix temps réel du jour que l’excédent par rapport à ce qu’il avait prévu. Donc disons par exemple 50 MWh de plus payés au prix fort à 1000€ le MWh.
Mais il va vendre à personne à ce prix. Ses clients, il va par exemple les facturer 200€ le MWh pour toute leur consommation de l’année 2023. Ce qui suffit à être rentable sur ce créneau du 1er juin de 14 à 15h, malgré une partie payée 5 fois le prix de vente : les 1050 MWh qu’il va vendre 200€ chacun, il les aura payés en moyenne 160€.
Et en plus, comme tu as beaucoup de distributeurs d’électricité qui sont aussi producteurs, une bonne partie de ce qui est distribué aux clients finaux n’est de toute façon même pas passé par le marché de gros, c’est allé directement du producteur au consommateur. Et là le coût de revient n’est donc que le coût de production, sans aucun impact direct de l’offre et de la demande (impact indirect tout de même, via les coûts des combustibles des centrales thermiques).
Par exemple, toute la part de la production nucléaire d’EDF qu’EDF revend directement à ses clients, elle lui revient un peu plus de 50€/MWh, et ce même si le prix sur le marché de gros est de 500 ou 1000€ au même moment. En tant que distributeur, EDF doit donner la priorité à ses clients directs (puisqu’il a un engagement contractuel à les fournir, y compris d’autres distributeurs qui sont ses clients directs via l’ARENH ou des contrats commerciaux), donc même si ça lui rapporterait plus de vendre sur le marché de gros que de vendre à ses clients, il ne met sur le marché de gros que ses excédents de production une fois tous ses clients servis.