Si ces façons de faire peuvent être visées par le législateur, qu’en est-il des marchands de sommeil Airbnb qui asphyxient et tuent le marché locatif de la ville. Quand on voit comment Airbnb et ses clones ont flingué le marché locatif de Paris et de sa petite couronne, on peut comprendre que les citoyens d’autres villes n’aient pas envie de se retrouver dans la même situation désastreuse, avec au final, une explosion des prix du marché locatif, une gentrification qui pousse les moins fortunés en grande banlieue ou dans la rue.
Voir l’exemple du véritable visage de la gentrification toxique à San Francisco (ex chantre de Airbnb) où une grande partie des (ex)habitants vit désormais dans leur voiture ou sur des cartons (dans certains quartiers on compte plus de SDF que d’habitants en dur), l’augmentation de l’insécurité et de la violence, l’explosion de la désespérance et de la toxicomanie, des habitants qui vivent cloitrés chez eux pour ne pas se faire agresser, des commerces de centre ville, des centres commerciaux complets qui ferment à cause de la criminalité, des habitants remplacés par des employés de la tech, des valises à roulettes (de moins en moins) et des toxicos…
San Francisco n’est plus cette ville mythique du rêve américain. Même Bagdad est plus sûre. Elle est la démonstration de l’échec de la gentrification qui derrière des promesses de ville réservée aux riches branchés qui travaillent dans la tech et aux touristes, c’est transformée en cauchemar où habiter est devenu un enfer, bien pire que ce que connaissent certains quartiers de nos banlieues (les quartiers chauds de Marseille à côté, c’est Neuilly). Et en plus ça fait monter les extrémismes, qui loin d’apporter des solutions, jettent de l’huile sur le feu et font de la récup au lieu de se remettre en question.
Les dérives des plateformes locatives éphémères de type Airbnb ne peuvent rien apporter de bon, sauf à court terme pour quelques uns qui spéculent sur un marché de l’immobilier dysfonctionnel et pour quelques actionnaires qui dans leurs lofts de luxe, se foutent de jeter des gens à la rue.
Que les marseillais se défendent comme ils peuvent ne justifie peut être pas la méthode (la réponse du berger à la bergère), mais ça met le doigt sur un problème de fond, la toxicité des plateformes de type Airbnb.
Juste un exemple, un pote qui habitait à Paris, près de Nation, dans un petit appartement de moins de 25m2 pour environ 1000€ par mois (un excellent prix à Paris) a du le quitter sous 2 mois pour raison de regroupement familial évoqué par le propriétaire [prétexte qui s’est avéré faux donc illégal]. Après rénovation express de 3 semaines (coups de peinture et meubles Ikea), l’appartement s’est retrouvé en fait sur Airbnb à des tarifs qui ont été multipliés par 5. Mon pote a du trouver un logement en catastrophe un peu plus loin en banlieue, de même taille, pour 1500€ par mois, ce qui commence à piquer… Il a pu s’en sortir avec son salaire d’ingénieur, mais pour quelqu’un aux revenus modestes et vu la pénurie de logements sociaux en IDF, ça aurait signifié de se retrouver à la rue. Dans la capitale, on peut difficilement faire plus de 20 mètres sans croiser des SDF, dont certains travaillent à Paris (restaurants, commerces, tertiaire…)… en partie pour les nouveaux locataires de leurs ex-logements transformés en Airbnb.