Ce qui est passionant dans ce film, c’est l’aspect moderne de la dérive du paraître. En fait, je pense que Brice est lui-même victime de son rêve. En regardant Point Break, se révèle à lui la notion même de l’existence mais et c’est là toute la pathétie de son personnage, il ne prend pas conscience de l’absence même de sa propre existence. Il reçoit le message de Point Break comme une évidence pour sa vie. Or, il n’est plus dans la vie lui-même, il est pile à côté. C’est comme si à force de jouer à Street fighter, tu te considérais comme maître en arts martiaux ou sélectionné à la Star ac’, tu te prends pour une star.
On est dans un espace socioligue nouveau où la confusion entre le virtuel et le réel se confonde sans que cela ne pose de véritable drame tant que l’un ou l’autre ne prenne pas le dessus.
Un évènement va venir rompre cet équilibre, c’est la déchéance de son père nourricier (on note d’ailleurs l’absence de la mère - famille décomposée ?). Dès lors que le gisement financier se tarit, Brice se trouve confronté à la décomposition même de son monde virtuelo-réel. Il n’a plus le choix (et encore, il est aidé dans son choix car apparemment il ignore le destin d’un jeune bloondinet en Centrale (je ne parle pas de l’école)), il doit rentrer dans le réel. Nous connaissons la suite.
Ce qui est aussi remarquable dans ce film, c’est le fait que ses rêves se produisent au final. . On est pas sur qu’il ne s’agit pas là d’une illusion: cette planche de surf ? cette vague géante ? Lui dessus ? C’est à nouveau la part du rêve qui lui est nécessaire qui vient s’insinuer dans sa désormais triste existence. Par contre et c’est là la grande différence, cette part de rêve est distincte de sa vie. C’est notre amérique que nous avons la plupart en nous.
En ce qui concerne Alice, on est dans l’ordre du hasard le plus irréaliste.
Quant à la dimension du film en lui-même, je ne pense pas que Jean ait voulu montrer tout ça. Au début, il y a un personnage de scketch dont il renforce les traits parce que Jean est un acteur de la race noble des bouffons. Par contre, pour le film, il a bien fallut inscrire ce personnage dans un contexte et surtout lui faire suivre un destin. Or il s’avère que Jean est d’une bonne famille de la région parisienne qui dispose d’un niveau de culture honorable. Il a donc sans le faire exprès utiliser le principe de la parabole philosophique. C’est du Esope, du Bellini, tout ce que tu voudras.
Le principe de l’arrogance verbale est purement de culture française (le goût du bon mot, de la phrase assassine, de l’éloquence supérieure). C’est d’ailleurs par ce moyen qu’il contient la réalité hors de sa bulle. C’est la façon qu’a Brice de parler jaune. A l’instar du verbiage tribal.
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui.