Re,
j ai retrouvé cette article qui date un peu mais les choses ont avancé du coté de FT
France Télécom va proposer de l’ADSL «nu»,
sans abonnement téléphonique
Source : Les Echos – 7 février 2005
L’opérateur historique propose de lancer en 2005 de l’ADSL « nu », c’est-à-dire sans l’obligation de
souscrire simultanément un abonnement téléphonique. Il destine cette offre aux concurrents, mais
aussi à ses propres services.
Dans la série des nouveaux tarifs de France Télécom, la nouvelle est passée un peu inaperçue.
L’opérateur a proposé le lancement en 2005 d’une offre d’ADSL « nu ». Autrement dit, cela permettra
d’avoir un accès ADSL sans souscrire à un abonnement téléphonique, comme c’est le cas aujourd’hui.
L’opérateur a présenté cette offre comme une concession offerte à ses concurrents. Mais il veut aussi
l’utiliser pour lancer lui-même des services ADSL sans abonnement. Il indique étudier une offre
couplant ADSL et téléphone mobile, voire une offre mariant accès Internet et voix sur ADSL. Ainsi, il
pourra concurrencer efficacement les offres de ses concurrents, qui proposent déjà de la voix sur
ADSL ou des offres ADSL sans abonnement (via le dégroupage total).
« L’ADSL nu a été introduit aux Etats-Unis et en Norvège, et présente un risque potentiel élevé, la
voix sur ADSL pouvant réellement remplacer la voix traditionnelle, souligne Morgan Stanley. Mais que
France Télécom se propose, sans pression en ce sens du régulateur, d’être le second opérateur
européen à offrir de l’ADSL nu n’aurait aucun sens, sauf si cela se fait à des conditions favorables. »
Interrogé, l’opérateur historique précise que l’ADSL nu sera proposé à un prix proche du dégroupage
total. « Il ne s’attend donc pas à perdre du chiffre d’affaires en introduisant ce produit », dit Morgan
Stanley. Pour la banque d’affaires, l’effet sera donc nul sur le chiffre d’affaires, qui au contraire
augmentera à long terme avec des offres couplées ADSL-mobile, qui constitueront « la première
facture véritablement convergente en Europe ». UBS estime de même que cette offre fera croître le
chiffre d’affaires si son prix est supérieur à celui du dégroupage.
Accueil glacial de l’ART
D’un point de vue réglementaire, cette proposition présente plusieurs avantages. D’abord, France
Télécom ne peut pas proposer lui-même d’offres ADSL sans abonnement sans offrir simultanément
cette possibilité à la concurrence, a expliqué le président de l’ART, Paul Champsaur. Ensuite, en
basculant de la voix traditionnelle à la voix sur ADSL, il passe d’un cadre très réglementé à l’absence
de toute régulation. Le régulateur ne s’y est pas trompé, et a réservé un accueil glacial à ce cadeau
spontané. Certes, cette offre « peut dans son principe être positive à terme pour le développement de
la concurrence et du choix des consommateurs ». Mais « sa mise en oeuvre et son calendrier
d’introduction sont délicats, et présentent des risques vis-à-vis de la concurrence ». Donc cette offre «
devrait intervenir en accompagnement d’une amélioration des conditions techniques et tarifaires du
dégroupage total, et non la précéder ». L’ART « recommande que son introduction se fasse après
concertation avec le secteur et dans un calendrier cohérent avec celui de la revente de l’abonnement
», c’est-à-dire au premier trimestre 2006.
Pour Michaël Boukobza, directeur général d’Iliad, « cette offre d’ADSL nu est un piège, tant que le
dégroupage total restera un chemin de croix et touchera une portion infime des lignes. Elle repose
aussi la question de la régulation de la voix sur ADSL : pourquoi échapperait-elle à toute régulation
alors qu’elle présente les mêmes caractéristiques que la voix traditionnelle ? ».
Quel intérêt pour la concurrence ?
Dans une zone dense, un opérateur alternatif recourt au dégroupage et a alors le choix entre deux
options :- le dégroupage total (accès Internet et voix traditionnelle), où le client ne paie plus son
abonnement à France Télécom.- Le dégroupage partiel, où le client paie toujours son abonnement à
France Télécom.Dans une zone rurale, le concurrent achète de l’ADSL en gros à France Télécom, et le
client paie toujours son abonnement téléphonique.Vu du concurrent, l’ADSL « nu » est intéressant
dans deux cas : soit en zone non dégroupée, soit en zone dégroupée quand le dégroupage total ne
marche pas. L’ADSL « nu » lui permettra alors de proposer au client une facture unique. En revanche,
l’ADSL « nu » n’est pas intéressant si le concurrent en question pratique le dégroupage total.