[i]Deutsche Telekom a mis en vente sa filiale française, Club Internet, l’un des derniers petits acteurs de l’internet en France à disparaître en moins d’un an, après Tele2 France et AOL France.“Cette annonce n’est absolument pas surprenante car elle s’inscrit dans la continuité de l’évolution du marché français de l’ADSL depuis quelques mois”, estime Vincent Poulbère, analyste à l’institut d’études Ovum.
En août, Neuf Cegetel annonçait le rachat d’AOL France pour 288 millions d’euros. En octobre, l’opérateur suédois Tele2 vendait ses activités de téléphonie fixe et internet haut débit en France à l’opérateur mobile SFR pour 350 millions.
Ces rachats n’ont rien changé, pour l’instant, pour les clients AOL et Tele2, qui gardent les mêmes tarifs et adresses internet. Cela devrait être aussi le cas pour les 600.000 clients ADSL et 300.000 à 400.000 clients bas débit de Club Internet.
En quelques mois, le secteur français de l’internet a brutalement accéléré sa consolidation autour de trois grands acteurs: France Télécom (5,92 millions de clients), Free (2,27 millions) et Neuf Cegetel (2,17 millions).
Particulièrement en pointe sur le haut débit, la France a “inventé” les offres triple-play (internet, télévision et téléphone). “Le marché français est très concurrentiel en prix par rapport à d’autres marchés européens, avec un standard du marché établi par Free à 30 euros par mois pour une offre triple-play, ce qui est un prix très agressif”, note M. Poulbère.
Difficile, pour les petits acteurs, de résister commercialement, d’autant plus que le marché, en perpétuelle innovation, se tourne désormais vers la fibre optique, qui permettra de meilleurs débits mais demandera des investissements colossaux.
Free, Neuf et France Télécom ont annoncé tour à tour le lancement d’offres commerciales de fibre optique.
“On peut se poser la question de l’avenir des petits acteurs, Alice (filiale de Telecom Italia, ndlr) par exemple”, explique M. Poulbère.
Ce dernier pourrait choisir de répliquer par l’attaque: selon des sources du secteur, Telecom Italia, qui avait manifesté son intérêt pour le rachat d’AOL France, pourrait être candidat pour Club Internet. Interrogé par l’AFP, il n’a pas souhaité commenter.
“Pour Telecom Italia, ce rachat représenterait sa dernière opportunité d’atteindre une taille critique en France”, estiment les analystes d’Exane BNP Paribas dans une note à leurs clients, rappelant qu’Alice comptait fin septembre 710.000 abonnés ADSL.
S’il ne se lance pas dans l’aventure, alors Alice deviendra la prochaine cible, dès 2008, de l’ogre Neuf Cegetel, qui s’est construit à coup de nombreuses acquisitions, selon Exane.
Neuf semble d’ailleurs déjà dans la course pour Club Internet, indiquant regarder le dossier, tout comme Free. En revanche, SFR, satisfait de son rachat de Tele2 France et de sa participation dans Neuf Cegetel, a précisé qu’il n’était pas intéressé, de même que Bouygues.[/i]