Un article du Point sur la fonction publique, voir ci-dessous
"En 2013, dernière année documentée, 109 révocations ont été prononcées pour un effectif global supérieur à 1,5 million de personnes. Ce n’est pas beaucoup. Si l’on voit la bouteille à moitié pleine, on peut s’émerveiller d’une fonction publique si intègre, si pétrie du sens de l’intérêt général qu’elle ne sort qu’exceptionnellement du droit chemin. Si l’on voit le flacon à moitié vide, on est tenté de considérer que l’impunité règne en maître et qu’il faut se conduire d’une manière particulièrement éhontée pour être mis à la porte.
Plus suspect encore, le nombre d’incompétents apparaît lui aussi comme dérisoire : moins de 200 fonctionnaires ont été reclassés ou licenciés pour insuffisance professionnelle en 2013 ! Encore ce chiffre-là a-t-il tendance à augmenter au fil des ans : si l’on en croit ces chiffres, la fonction publique comptait moins de vingt agents titulaires incompétents sur plus d’un million et demi en 2009. Un miracle bureaucratique !
Ce n’est pas le cas des sanctions disciplinaires qui, en revanche, sont de plus en plus rares à mesure que le temps s’écoule. De 5 946 en 2008, elles passent à 5 607 en 2009, 4 965 en 2010, 4 775 en 2011, 4 719 en 2012 et… 3 456 en 2013. Et près de la moitié d’entre elles consistent en de simples avertissements. La ventilation des fautes elle-même a quelque chose de pittoresque : détournement, conservation de fonds, malversation (79 sanctions, dont 24 révocations, en 2013) ; absences irrégulières, abandon de fonction (83 sanctions, dont 4 révocations) ; vol de matériel (16 sanctions et 0 révocation) ; ivresse (200 sanctions, dont 3 révocations) ; moeurs (49 sanctions, dont 24 révocations) ; activité privée rémunérée (9 sanctions, dont 2 révocations)…
Ces chiffres ne manquent pas de poser de nombreuses questions. Que deviennent les voleurs qui demeurent en poste ? Quel destin professionnel pour les agents en état d’ébriété que l’administration a décidé de conserver en son sein ? Ils témoignent aussi d’une étrange inégalité hommes-femmes : celles-ci représentent plus de 60 % des titulaires mais seulement 16 % des sanctionnés. Ils montrent, enfin, que la sécurité de l’emploi, privilège considérable en temps de crise, se double pour - presque tous - les fonctionnaires d’un autre avantage, tout aussi considérable : la magnanimité de leur employeur."