Apple, notre chevalier blanc autoproclamé de la vie privée, est-il sur le point de rengainer son épée ? Acculée par les régulateurs européens, la firme de Cupertino menace de mettre fin à sa plus grande promesse, quitte à nous renvoyer à l’âge de pierre du pistage publicitaire.
Ça devient vraiment confus. Faut remplacer les bandeaux cookies par une fonctionnalité implémentée par l’éditeur du navigateur, mais du coup faut aussi que ceux qui ont déjà un outil l’enlève…
Reste qu’évidemment cette stratégie a été un bon moyen de dégager la concurrence de son propre outil publicitaire, mais qui ça étonne de la part d’Apple ?
S’il y a bien un sujet que je connais c’est le App Tracking Transparency.
C’est de la merde en boîte. « Do not track », oui oui, Apple fait juste caguer les équipes, mais on te track comme avant !
Apple Ads n’est pas une fake news. C’est pas un concurrent frontal de Google Ads, puisque le réseau iAd a fermé en 2016, mais ils diffusent quand même :
- Sur l’AppStore
- Sur Apple News
- Sur Apple TV (je viens de le découvrir, lié aux droits sur la Major League Soccer)
Mais c’est justement tout le génie d’Apple, faire toujours un pas de côté pour jamais être frontalement exposé.
Prenons l’exemple de l’AppStore, où on peut acheter des encarts pour promouvoir… son App.
Coup de chance ! C’est le seul store autorisé sur un iPhone (encore valable dans beaucoup de pays), donc c’est là où tout le monde va chercher une App, donc c’est parfait pour diffuser sa pub.
Bref, ils vendent des espaces dans leur appli, la base. Coup de chance à nouveau : les ventes de ces mêmes apps leurs rapportent des sous :
- soit à la vente (commission sur l’AppStore, seul store autorisé),
- soit sur les achats in-app (commission sur l’AppStore, seul store autorisé).
Jusque là, on est juste dans l’écosystème captif. C’est discutable sur l’éthique (surtout face au discours « Google is evil ») et visiblement déjà très critiqué sur le plan légal en Europe. Après, c’est surtout un bon business model vertueux, c’est la partie qui me fascine du « génie » Apple.
En revanche, on franchi une limite quand ils ne s’appliquent pas leurs propres règles :
- Ils créent un genre de sandboxing par défaut à toutes les apps en lançant le Privacy Transparency. C’est génial pour la vie privée !
- Ils imposent aux éditeurs de l’intégrer : c’est pour la vie privée !
- Faute d’opt-in, aucune App ne peut connaître des infos de l’utilisateur ou de l’appareil, pour recouper des données entre deux apps par exemple.
- Petite surprise, il y a une exception à ces limitations : eux-même. Ils peuvent utiliser les données d’une app dont tu as explicitement refusé l’exploitation des données, et ce par leur propre système intégré dans iOS.
- Ils ont donc des recommandations ultra bien ciblées sur l’AppStore, tout le monde félicite les performances de leur régie publicitaire !
Techniquement, PERSONNE ne peut faire pareil, puisque Apple impose tout de A à Z, et celui qui déroge à quoi que ce soit passera pas la validation de l’App. Celle qu’on doit impérativement publiée sur l’App Store… seul store autorisé.
C’est donc bien de la concurrence déloyale.
D’ailleurs leur argumentaire sur le portail Apple Ads devient assez ironique juste après la lecture de cette news.
Experiences only Apple can deliver.
Et on retourne à ce qui me fascine chez Apple… Puisque comme tout consommateur libre, tu peux toujours choisir de passer sur Android si ça te conviens pas (le méchant leader du marché). Donc il suffit de se débarrasser de ton iPhone*.
Bon OK, ton Apple Watch va devenir une brique (il faut du matos Apple pour aller avec), tes enceintes HomePod aussi (il faut du matos Apple pour aller avec), t’as plus aucune synchro facile entre Android et ton MacBook, tu peux plus ouvrir tes fichiers iWork…