Depuis que l’infographie existe et même avant, les photos de paysages touristiques sont sublimées par divers artifices. Le but étant d’avoir de jolies images, ce ne sont que les outils qui changent pour arriver au résultat final. L’IA, aussi controversée soit-elle, n’est qu’un outil qui peut tout à fait augmenter un processus créatif. Il n’y a pas vraiment de différence entre ajouter des fleurs par IA par exemple ou utiliser la fonction « tube à image » de Paint Shop Pro qui permet aussi d’agrémenter les photos de divers éléments dont des fleurs, nuages, papillons… Ici c’est la nouvelle génération d’outils qui existaient déjà.
Je suis sensible au fait que pour que l’IA ait été capable de générer des images, elle a dû être entrainée avec beaucoup de données, et que parmi ces données il y a probablement (et c’est même certain) des images qui sont couvertes par le droit d’auteur et qui ont été aspirées de manière massive (d’où la polémique). Et le point de vue de graphistes et photographes est compréhensible aussi.
Mais au final, le résultat est bien là et ça permet de générer des images tout à fait originales. Après, il y a encore d’autres débats comme le fait qu’une image 100% générée par IA ne peut être considérée comme une œuvre protégée par le droit d’auteur etc mais là c’est encore différent. C’est loin d’être un débat tranché.
Oui mais c’est un discours décorrélé de la réalité (Ça me fait d’ailleurs penser à ceux qui défendent bec et ongle les cryptos parce que « gningnin la blockchain c’est l’avenir »).
Utile ou pas, la réalité est que ce sont des solutions utilisées par des entreprises pour outre-passer les droits des artistes/artisans. Artistes qui sont déjà très peu considérés et précaires par ailleurs.
Utiliser le travail d’autres artistes pour soi-même et en faire autre chose, c’est courant : fonts, compositing, brushs, modèles 3D, Animations, etc. mais le fait est que c’est traçable, crédité ou acheté. Avec une IA, tu ne peux ni retracer les assets ni rémunérer l’auteur (et faut pas compter sur les entreprises derrière pour le faire correctement).
C’est pas le résultat qui est critiqué (encore que si vu que c’est souvent crade mais c’est un autre sujet) mais la méthode.
Et je parle même pas du volet social. Franchement tu dis à un graphiste « bon frero maintenant on a les IA donc t’es bien gentil mais tu sers plus à rien. Voici ton revenu à vie, go travailler sur les projets persos que t’as envie sans te soucier de payer ton loyer », c’est worth it. Le fait est que dans le monde où nous vivons ça sera plus « bon frero maintenant on a les IA donc t’es bien gentil mais tu sers plus à rien. Ah tu sais faire que ça parce que c’est ton job ? Ben tiens va crever au chômage ou faire un boulot qui te va pas ».
J’avais également souligné ce point lors d’un précédent article : la source des données est discutable et contient des images non libres de droits. Il y a plusieurs points de vue qui se défendent tous. Un photographe ou un dessinateur dont une de ses oeuvres aurait été utilisée sans son consentement, il est clair que ce n’est pas très fair play, d’où peut-être la nécessité de réguler, même si tout le monde s’inspire de tout le monde dans la réalité.
La polémique existerait encore même si les modèles d’IA étaient certifiés comme étant obtenus uniquement sur base de contenu 100% libre. Je crois aussi que c’est une certaine appréhension de voir qu’une machine peut faire le boulot et même mieux dans un temps record là où un graphiste y aurait passé des semaines. C’est triste, mais c’est pourtant le cas.
Mais si on part du principe qu’un modèle d’IA ne contient plus des images originales (qu’elles soient ou non libres) mais uniquement une représentation mathématique de celles-ci, alors on peut considérer qu’une IA fait une oeuvre dérivée mais n’enfreint pas forcément le droit d’auteur. Ce serait comme si une personne savait dessiner à la perfection Mickey ou Donald, c’est une représentation dans son esprit mais ça ne l’autorise pas pour autant à faire des dessins de ces personnages et les commercialiser.
En revanche, une photo d’un arbre, d’un papillon ou tout autre élément qui est juste quelque chose que tout le monde peut voir, rien n’empêche de générer des images et il n’y a pas de droits d’auteur. C’est donc aussi l’utilisation de l’outil qui en est faite.