Lorsqu’un avantage social spécifique devient par la suite commun et collectif, soit organiquement, soit à travers des combats sociaux, avec le temps, les citoyens oublient la raison d’être historique de cet avantage. Ce qui était un combat juste à l’époque ne l’est plus forcément aujourd’hui. La société a changé.
Cet avantage est devenu un bien collectif à conserver. Et qui dit bien collectif, dit égalité pour tous. Mais l’égalité, ce n’est pas l’équité.
Le progrès social, c’est bien. La perte de vue de sa raison d’être, c’est triste. Et l’utilisation consciente que cet avantage a été détourné, c’est mal.
Au fond, je n’ai rien contre le principe de payer une partie du repas du midi à un travailleur, où qu’il soit. Surtout si cela convient au travailleur. Le système aurait pu être mutualisé pour être un peu plus juste, mais ce n’est pas le cas.
Ce qui est désolant est que ce « service social » soit délégué à des compagnies privées qui parasitent et dénaturent encore plus le principe, imposant leurs décisions. Ces compagnies utilisent aussi leur position de monopole pour faire la loi auprès des restaurateurs par exemple : frais de commission, frais de service, frais d’appartenance au réseau, etc. Ce n’est plus un service social, c’est un produit de consommation.
Ils n’ont rien inventé, ce sont les mêmes principes utilisées par les compagnies de cartes de crédit (VISA, Mastercard, etc.) : le système devient endémique puis normalisé. Tout le monde (consommateur, banque, marchand, etc.) doit en utiliser en payant des frais/commissions, sans comprendre vraiment pourquoi, mais sans cela, ces personnes n’auraient pas les mêmes droits d’achat que les autres.