Commentaires : Rémunération des artistes : Spotify défend bec et ongles son modèle de paiement

Bien que les artistes se plaignent régulièrement de leur rémunération sur les plateformes de streaming, le dernier rapport Loud & Clear de Spotify annonce « des revenus records ».

Ce système de rente suit toujours le même principe : il profite surtout et très majoritairement à une poignée de personnes. La SACEM avait été épinglée par la Cour de Comptes pour les mêmes raisons, cette gestion opaque des royalties et sa répartition inéquitable.

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Il y a le même problème que sur Youtube, il y a des minimums de paiement donc la plupart des gens ne reçoivent pas l’argent qu’ils devraient toucher. Ces centimes cumulés ça fait des sommes énormes.

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En effet, Spotify ne paie pratiquement rien aux Artistes. Même comparé à Amazon ou à Apple qui sont déjà rapiats, ils sont loin du compte. Un comble.
Si les majors doivent revoir leurs marges pour rétribuer les artistes plus équitablement, les plateformes de streaming ne doivent pas oublier que sans les artistes, elles n’existeraient pas.

À l’exception de quelques stars, l’essentiel des artistes, ce sont des centaines de milliers de musiciens, de petits auteurs/compositeurs, de métiers indirects rétribués par ces derniers (techniciens, designers, réalisateurs…) qui ont besoin de ça pour vivre.

Très peu de touts petits artistes peuvent vivre de leurs musiques sans un job à côté. Quand au minimum d’écoute avant de toucher quoique ce soit, je pense qu’il est nécessaire pour préserver la marge du service. Ça coûterait plus cher à Spotify et compagnie de te verser quelques centimes que rien du tout…

Il y a sans doute des trucs à revoir, comme une répartition plus équitable des revenus entre gros et petits artistes, mais par sa nature, le streaming ne peut pas rapporter geand chose sauf à augmenter considérablement les abonnements…

Remarque si le streaming n’existait pas les touts petit artistes ne pourraient pas vivre de leur musique non plus…
L’avantage de Spotify c’est que si on les découvre au retour d’une playlist on peut aller les voir en concert , et là leur rapporter un peu d’argent

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Ok mais l’inverse est aussi vrai, sans ces plateformes beaucoup d’artistes n’existeraient pas. C’est un arbitrage à faire

Il y a tellement d’idées reçues concernant nos métiers (je suis réalisateur de films et musicien). Impossible de les démonter toutes ici, il faudrait un roman. Je vais faire au plus court.

Des milliers d’artistes vivent de la musique en France, la plupart étant inconnus de la masse. Il y aurait environ 81 000 artistes musiciens (incluant donc les instrumentistes, chanteurs et les DJs) intermittents du spectacle, donc professionnels rémunérés (sur plus de 310 000 intermittents du spectacle en tout). Il y a aussi des artistes qui ont des contrats salariés (orchestres de musique savante, cabarets et divers lieux de spectacle).

La musique mainstream représente de très loin la plus grande part des revenus générés par l’industrie, mais elle ne représente qu’une infime partie de la musique créée par des artistes professionnels dans le monde. Ce vivier énorme d’artistes peu connus vit grâce aux mélomanes, aux curieux, aux passionnés, aux subventions et grâce à la scène. Beaucoup d’artistes dans le monde vivent de la musique en ayant peu ou pas d’exposition médiatique. C’est la différence pointée dans cet article. Les « célébrités » vivent surtout confortablement de rentes grâce à leur grande exposition médiatique, alors que tous les autres vivent surtout de la scène et du bouche à oreille. Or on reproche à ces systèmes opaques de collecte et distribution de royalties de ne pas être plus équilibrés : plutôt que de verser 1M€ de royalties à un seul artiste, une partie de ses royalties pourraient être réparties sur les artistes qui ont moins d’exposition (c’est le but de ce système à la base). Entre toucher 1M€ ou 800K€, ça ne changerait pas radicalement la vie de cet artiste. Rappelons que les royalties ne sont pas liés au mérite de l’artiste, mais au « succès », qui est une donnée aléatoire (même si influencée par le marketing). Trouvez-vous normal que Patrick Hernandez se vante de toucher encore entre 800 et 1500€ / JOUR pour son seul tube de 1978 ?

Tous les musiciens « peu connus » ne sont pas des galériens qui attendent après Spotify. Autour de moi, nombre d’artistes qui ne font que de la musique ont des revenus oscillants entre 3 et 6K€ / mois selon les mois, alors que la plupart d’entre vous ne les connaissent certainement pas. Il y a plusieurs raisons à cela, ce serait trop long à détailler, mais ces gens travaillent beaucoup en public, et n’ont que faire de Spotify ou autre. Toutefois, il ne faut pas passer sous silence le fait que beaucoup d’artistes intermittents du spectacle ont des revenus modestes (entre 1500 et 2500€/mois).

On ne peut pas « travailler à côté » quand on est intermittent du spectacle (le seul régime légal des artistes professionnels en France, en dehors du salariat). Légalement c’est possible, mais financièrement c’est très désavantageux (on ne peut pas cumuler les deux, donc une bonne partie des revenus générés sera perdue, c’est à dire déduite).

Alors du coup je dois préciser aussi certains de mes propos et détailler, connaissant moi aussi bien le milieu.

Quand je parle de très petits artistes, je parle de gens qui vont sortir un EP ça et là, faire quelques concerts, mais ne vont pas assez « bosser » pour l’intermittence ou en vivre. C’est aussi une grosse majorité des artistes que tu peux trouver sur les plate formes. (Spotify publie 100.000 morceaux par jour) Paradoxalement tu peux avoir des gens parfois connus (sans être des stars) qui vont conserver un « day job » (particulièrement dans le milieu anglo saxon où l’intermittence n’existe pas, ou dans la musique électronique) en parallèle à leur carriere. C’est un peu la même chose dans les milieux littéraires où très peu d’auteurs vivent de leur plume à temps plein.

Et il y a aussi des gens totalement inconnus,comme mon prof de percussions qui a sorti deux albums qu’il a vendu à 1.000 exemplaires chacun et qui a trois abonnés sur Spotify, mais qui est musicien professionnel à 100 % depuis l’âge de 16 ans (et qui en a 55 aujourd’hui).

Pour la répartition des revenus, c’est là aussi où je voulais en venir : j’aimerais que tous les artistes que j’écoute touchent une part du gâteau, même symbolique, que tout n’aille pas dans les poches de Taylor ou Gims, sous prétexte qu’ils génèrent 99 % des écoutes en exagérant…Mais encore une fois, pour un morceau qui ne générera que quelques écoutes par mois au grand max est-ce qu’il est pertinent pour le modèle économique des plate formes de payer les quelques centimes générés qui leur coûteront plus chers en frais divers ?

Inversion complète de la charge. Les artistes ne demandent que de vivre de leur travail. Pas d’enrichir une plateforme qui leur balance quelques cacahuètes.
En matière de promotion, l’immense majorité des créateurs n’ont rien à attendre de la part de Spotify dont les algorithmes ne jouent pas en leur faveur. En clair, Spotify prend, mais ne donne rien. Si on met de côté le revenu des artistes très célèbres, Spotify ne rapporte pratiquement rien. Quelques euros.
Si on ajoute la part des éditeurs/majors qui pompent le reste, les artistes sont clairement lésés. La faute à un système dépassé, basé sur une utilisation caduque des biens culturels.

Ce n’est pas aux utilisateurs, ni au public, ni aux marchands de décider seuls. Les artistes ont toujours été les dindons de la farce. Il serait temps de les placer au cœur du sujet. Car la culture, ce sont eux.

Il n’y a pas de « petits ou grand artistes », il n’y a que des gens qui travaillent ou pas.

Si tu parles des personnes qui font ça en dilettante ou en amateur (tout en se produisant dans le circuit pro, comme c’est courant dans le Metal par exemple), c’est biaisé. Il y a énormément de gens qui diffusent leur musique comme tu le fais remarquer. Tous n’ont toutefois pas l’ambition d’en faire leur métier, et tous n’ont clairement pas le même potentiel pour y parvenir. Pour caricaturer (à peine), mieux vaut être un musicien médiocre et un communicant hors pair que l’inverse.

Je ne comptabilise donc que les personnes dont c’est le métier, sinon on compte aussi Madame Michu qui a enregistré un single dans le studio en bas de chez elle et diffusé sur toutes les plateformes (ce qui est très facile et très bon marché aujourd’hui). Il ne suffit pas de publier des albums auto-produits sur Spotify pour être un « artiste professionnel ». Et comme tu le soulignes, iI y a aussi beaucoup d’artistes professionnels qui ne sont pas du tout (ou à peine) sur Spotify également.

L’exemple de ton prof de percussions est parfait : il est avant tout percussionniste ou avant tout professeur de percussions ? Il est intermittent du spectacle ou salarié d’une école de musique ? Ce que tu dis sur sa notoriété est la norme. L’énorme majorité des musiciens, même ceux qui jouent avec des célébrités et sont des virtuoses, sont des « inconnus » pour la plupart des personnes. Cela ne les empêchent pas de très bien gagner leur vie…

Je travaille depuis 4 ans avec une jeune chanteuse dont le premier album pop va sortir cet été. Elle chante depuis longtemps, mais il y a 4 ans elle a décidé de franchir le pas et de se professionnaliser. Très vite, elle a compris comment faire, s’est entourée (en contactant des centaines de personnes par téléphone, mail, réseaux sociaux) et a bouclé son intermittence. Elle n’a jamais « galéré », tout en partant de rien (elle ne connaissait personne du métier), toute jeune et inexpérimentée qu’elle était. Mais c’est une sacré bosseuse, elle a la gnaque, condition essentielle pour y parvenir. Depuis 2 ans, elle refuse des contrats. C’est un exemple, mais j’en ai bien d’autres. En fait, il n’y a pas de secret, c’est une histoire de travail acharné et de frapper à toutes les portes.

Il est plutôt aisé d’être intermittent du spectacle dans la musique quand on a le bon profil (débrouillard, bon communicant, bosseur, et bien sûr accessoirement maitriser un peu son sujet). Mais ce n’est pas fait pour tout le monde. Cela représente seulement, à minima, 43 jours de travail sur 12 mois. Cela peut être 15 jours de répétitions et 28 représentations par exemple. Si c’est insurmontable, alors en effet, mieux vaut avoir un travail salarié et faire de la musique à côté.

Dans le cinéma c’est très différent, car c’est encore plus difficile et les places sont beaucoup moins nombreuses. Il y a moins de projets, les moyens ne sont pas comparables, il y a peu d’élus, même des cinéastes réputés ont du mal à monter des films et beaucoup de projets sont abandonnés. Un scénariste peut écrire 30 scénarios originaux avant qu’un soit enfin acquis. Vivre de la musique est beaucoup plus facile.

Encore une fois, le but n’était pas d’être péjoratif…le débat portait à la base sur les revenus générés par le streaming, et je crois que tout le monde, y compris les stars (voir les piques lancées par Lyly Allen ou Snoop Dogg) est d’accord pour dire que ça ne rapporte pas grand chose, et qu’il est très difficile d’en tirer un revenu viable quand on est pas surexposé.

Quand à mon « prof », (il m’aide à présent plus à me perfectionner qu’à m’enseigner réellement) c’est une bonne question. Aujourd’'hui son gagne pain consiste effectivement à donner des cours ou animer des ateliers quatre soirs par semaine. Mais il officie dans plusieurs structures, et je ne pense pas que sa rémunération rentre dans le cadre de l’intermittence. Cependant il a toujours son groupe avec qui il joue régulièrement et il participe à pas mal de projets artistiques…