Ben perso je vois un sacré problème… Quand je demande une fonctionnalité sur un logiciel, qu’on me réponde oui rapidement ou non rapidement, ça me va. Qu’on laisse la question en suspens pendant 15 ans avant de finalement prendre une décision, ça me va pas du tout
Pourquoi ne pas tenter de faire une telle demande chez Adobe ou Microsoft, histoire de voir ce qu’ils répondent ?
Il faut réaliser que logiciel libre, ça ne signifie pas que les programmeurs doivent devenir des subordonnés de tout le monde.
Que l’éditeur d’un logiciel soit libre ou propriétaire, on ne demande pas une fonctionnalité, on fait une suggestion, nuance.
J’explique plus bas pourquoi ce que vous demandez est impossible et le fait que les suggestions sont un reservoir d’idée, ni plus, ni moins.
Cela dit, pour ceux que les décisions des programmeurs ne satisfont pas(c’est leur droit), le logiciel libre permet justement de ne pas être enchainé à leur bon vouloir.
On peut obtenir tout ce qu’on veut en le programmant soi même ou bien en payant une société de service pour le faire.
Et il existe même des moyens de le financer de manière communautaire en lançant un crowdfunding 
L’avantage du libre par rapport au propriétaire, c’est que le code source étant accessible, c’est possible.
Ça ne fait pas sérieux. Et ça dessert du coup le logiciel.
Cela n’à voir avec un manque de sérieux.
Dans le monde propriétaire, l’éditeur ne vous répondrait même pas. Au mieux, vous auriez droit à une réponse évasive d’un employé d’un call center qui n’en sait probablement rien.
Les éditeurs permettent rarement au public de parler aux programmeurs et encore moins de connaitre les développement futurs.
Mais il existe aussi d’autres raisons. Quand il faut planifier les sessions de développement à venir, les développeurs réfléchissent à toutes les idées et priorités qu’ils ont sur la table, et ils en choisissent un certain nombre.
Dans ce contexte, on comprends pourquoi il est impossible de dire à une personne qui a suggéré une idée si elle sera adopté. Et si oui, quand elle le sera, dans la prochaine session, la suivante… ou jamais si les orientations changent ou que des priorités viennent bousculer les choses (exemple : une faille à corriger peut venir prendre le pas sur le temps de développement d’une fonctionnalité). Parce qu’un projet à long terme, c’est vivant et que les décisions peuvent dépendre de plusieurs personnes.
Donc qu’une suggestion puisse rester en attente est tout à fait logique, puisque cela correspond juste à la réalité des choses.
Et ce n’est pas bon non plus pour la communauté d’ailleurs. Parce qu’accumuler les issues ouvertes depuis des années sans y répondre, sans décider, sans prioriser, ça rend plus compliqué le suivi, les contributions (celui qui veut contribuer se retrouve avec une masse énorme d’issues, il va se noyer et ne saura pas laquelle prendre… 3470 issues ouvertes sur Gimp actuellement, la plus ancienne a 22 ans, et c’est un bug…)…
Au contraire, c’est plutôt bien organisé, il y a des tags permettant de contextualiser par section et par contexte, ainsi que d’autres critères.
On peut constater que la communauté fait un immense travail, en reportant beaucoup de bugs, même secondaires et de petits détails.
L’équipe semble corriger beaucoup de bugs de façon régulière, vraissemblablement tout ce qui est bloquant en priorité.
Et certainement, comme il est classique dans les petites équipes, les bugs secondaires en batch par section de code de façon plus étalée dans le temps.
Cela n’a rien d’inhabituel ou de choquant de voir un bon pourcentage de signalements qui n’aboutissent jamais à une action. Bug non reproductible, demande d’information qui ne reviennent jamais, les raisons sont multiples et variées. Et Les garder réponds à un besoin : voir si d’autres utilisateurs les confirment avant de déclencher des recherches longues et complexes pour rien.
Pour terminer, il ne faut pas vouloir chercher à Gimp des problèmes qu’il n’a pas.
Je l’utilise très régulièrement depuis des années, c’est un logiciel qui fonctionne bien et qui est plutôt stable à l’usage.
Pareil pour les PR, y a plusieurs dizaines de PR qui sont en attente depuis plus de 6 mois, plus de 4 ans pour les plus anciennes… Laisser trainer des PR aussi longtemps, ça décourage les contributeurs et ça leur impose un travail supplémentaire, parce qu’il faut réadapter ce qui a été fat aux évolutions du main pendant tout ce temps…
Bien au contraire.
Il faut savoir que ce n’est pas parce que les projets libres ont besoin de contributeurs qu’il cherchent pour autant n’importe quel contributeur.
Gimp est typiquement le genre de projet géré par de vieux programmeurs chevronnés qui savent très bien ce qu’ils font. Et repérer de potentiels contributeur autant que prioritiser ce qui mérite de l’être.
Il est important dans un projet de ne pas gaspiller le temps de travail et la motivation de contributeurs réguliers qui travaillent sur des évolutions importantes pour traiter « Des PR à la noix ».
Tout simplement parce qu’il y a aujourd’hui trop de programmeurs qui cherchent à tout prix à inscrire leur nom dans des projets connus pour se constituer un CV, quitte à proposer des PR pour n’importe quoi, des choses peu utiles, peu pertinentes, pas du tout en phase avec les orientations du projet, mais surtout faciles à programmer.
Cela peut faire perdre un temps monstrueux et n’apporte absolument rien.
D’autant que même traiter un très bon PR d’un programmeur extérieur, ça demande énormément de temps.
Parce qu’il faut vérifier de façon extrêmement attentive et rigoureuse, outre sa pertinence et son intérêt, qu’il soit bien programmé, qu’il ne cherche pas à introduire une faille ou un malware, qu’il n’introduise pas de bugs ou de régressions.
Dans beaucoup de cas, le programmeur qui propose le PR ne connait pas très bien l’architecture du logiciel, il faudra donc qu’un programmeur régulier du projet retravaille certaines parties. Donc qu’il passe du temps à rentrer dans le contexte visé par le PR.
Un programmeur de valeur qui veut vraiment rentrer dans un projet connait très bien ces problèmes et arrive souvent d’emblée à faire comprendre sa valeur. Mais il ne sera pas choqué si au début, il doit faire preuve d’un peu de patience.
Bon après, à la décharge de Gimp, faut dire que c’est sans doute un logiciel libre qui ne bénéficie pas d’énormément de financement par des entreprises… Pour les besoins professionnels, il est beaucoup trop loin de ce que font les solutions propriétaires, pour un coût qui reste modeste pour une entreprise par rapport à un investissement dans le logiciel libre (un an de Photoshop pour un utilisateur, c’est le coût d’une journée de dev à peine…), tandis que les nombreux indépendants qui bossent avec Photoshop n’ont pour la plupart pas les compétences pour s’investir dans le développement de Gimp.
Gimp est effectivement un projet relativement modeste malgré sa célébrité. Et si mes souvenirs sont bons, il est majoritairement sur base bénévole.
Il n’est effectivement pas adapté pour les purs professionnels du graphisme, parce qu’ils ont à la fois un impératif de productivité maximale et d’interopérabilité qui rendraient l’utilisation de Gimp peu adaptée. Et le prix de la licence n’est pas un souci dans ce contexte.
Gimp est par contre un outil de choix pour tout ceux qui travaillent de graphisme de façon plus annexe. Et pour qui le payement d’une licence Photoshop ne se rentabilise pas forcément.
Sans parler de l’argument de la licence libre, qui est un argument bien réel sur le long terme.
Oui et non. Parce que justement les fonctionnalités que tu prétends être « marketing » dans Photoshop, ce sont des fonctionnalités qui parfois plaisent énormément au grand public, parce qu’elles rendent accessibles et rapides des opérations qui avant nécessitaient beaucoup d’expérience ou beaucoup de temps, si ce n’est les deux à la fois…
Par exemple les capacités actuelles de Photoshop pour reconstituer ce qui manque quand on retire un panneau disgracieux ou des câbles électriques sur une photo, c’est juste bluffant… Idem pour sa capacité à recomposer un panorama à partir d’une série de photo prise en tout auto (donc avec un appareil qui va adopter des réglages différents d’une photo à l’autre, complexifiant grandement la recomposition), avec une jointure totalement invisible, une balance des blancs uniformisée, etc… Idem quand il s’agit d’étirer la photo 4/3 de ta copine devant ce magnifique coucher de Soleil sur la plage lors des dernières vacances, que tu veux mettre en fond d’écran 16/9, mais sans déformer la copine en question, ni le disque parfait du Soleil…
Justement, Gimp ne vise absolument pas ce genre de public.
Parce qu’il est déjà beaucoup trop complexe pour le très grand public qui cherche des outils très simples pour faire de la « créa qui en jette » sur les photos de famille.
Et il faut réaliser que les professionnels du graphisme travaillent profondément les images créent des compositions et font un certain usage de détourages.
Mais a l’inverse, beaucoup de gens n’en font jamais, ou vraiment très peu. Parce qu’une très grande partie de leurs besoins se concentrent dans des actions beaucoup plus simple : recadrages, corrections lumineuses, changements de formats, compression pour le web, etc…
Ce à quoi Gimp réponds admirablement bien.
En fait, en un certain sens Photoshop est plus grand public que Gimp. Parce que ces fonctions « marketing » rendent accessible à tous des opérations que seul un professionnel aguerri savait faire il y a quelques années…
Est ce que quelques fonctions qui rendent certaines opérations plus facile suffisent pour autant à rendre des logiciels professionnels relativement « complexes et bardés de fonctions » accessibles au grand public ? Pour ma part, j’ai quand même un doute, car maîtriser un logiciel graphique ne se limite pas juste à cela.
Je me souviendrais toujours d’une époque ou l’on croyait que les langages de programmation visuels allaient rendre les programmeurs professionnels obsolètes parce qu’ils deviendraient accessible à monsieur tout le monde… sauf que 30 ans plus tard, pas de bol, les programmeurs existent toujours et que les utilisateurs ont maintenant une peur bleu du moindre outil de programmation.
De plus, pour le côté artistique, il faut avoir en tête qu’aussi intelligentes soient les fonctionnalités, il peut y avoir une différence entre ce qu’elles imaginent et ce que vous avez en tête.
Donc que savoir aussi le faire « à la main » restera certainement un plus dans certains cas de figure.
Certes, c’est pas donné, mais à 12€ par mois, c’est tout de même devenu accessible pour pas mal de monde…
En même temps, je ne suis pas certain que tout le monde ait envie de dépenser 144€ par an juste pour bidouiller quelques photos personnelles. En tout cas, ce n’est pas mon cas.
D’autant qu’a tenir ce raisonnement, on pourrait continuer pour pléthore d’autres logiciels … ce qui peut finir par représenter un certain prix au total.
Pour finir, je m’arrête ici, je vous souhaite donc une bonne fin de discussion.
Je vous remercie pour cet échange intéressant et argumenté, même si nous ne sommes pas d’accord. 