Commentaires : Nexperia : vers une fin de crise grâce à un accord entre la Chine et les États-Unis?

Le secteur européen de l’automobile va semble-t-il pouvoir respirer. Car Nexperia va se remettre à exporter des puces produites en Chine.

Il n’y a que moi que ça choque que la Hollande, décide de nationaliser une société internationale, détenue pas des chinois, sans une seule fois se demander où se situe ses organes de production ? Que ce soit les USA qui débloquent la situation avec la Chine directement ? Pareil pour ASML à l’époque.

Va-t-il falloir bientôt avoir un passeport américain pour aller à Amsterdam?

Bah oui, parce que tu as mal compris. paf

La société n’a pas été nationalisée. Et on peut même dire merci aux Hollandais d’avoir osé intervenir.

Le gouvernement néerlandais estime qu’il y a des signaux récents de graves manquements et agissements administratifs au sein de l’entreprise qui compromettent la sécurité d’approvisionnement. Le ministre néerlandais de l’Economie va même jusqu’à avancer des conséquences majeures pour les économies européenne et néerlandaise.

Face à la menace, le gouvernement a dégainé son arme secrète : une loi datant de la guerre froide et qui lui permet de prendre le contrôle d’une entreprise.
Cette loi baptisée « loi sur la disponibilité des biens », et c’est la première fois qu’elle est invoquée, vise à garantir la disponibilité des biens en cas de guerre, de risque de guerre ou de circonstances exceptionnelles.

Elle n’interfère pas avec les activités courantes de l’entreprise mais elle permet au gouvernement d’intervenir pour arrêter ou inverser des décisions si le gouvernement estime que la chaîne de valeur est menacée. Les Pays-Bas espèrent ainsi sécuriser les chaînes d’approvisionnement, spécialement dans l’automobile.

C’est quand même marrant (ou pas…). Quand un gouvernement laisse une société privée faire n’importe quoi, il est critiqué. Et quand il intervient, il est critiqué. yeux

Je ne suis pas sûr de saisir la nuance, en effet.

En général, quand on parle de nationalisation il s’agit d’une prise en main du capital de l’entreprise, en rachetant ou en saisissant les actions ou parts. Comme l’a fait par exemple l’État français en 2023 avec EDF (rachat des actions) ou avec Renault après la seconde guerre mondiale (saisie, en sanction pour avoir collaboré avec l’occupant).

Par opposition à la privatisation, qui est la revente à des investisseurs privés des actions ou parts d’une entreprise d’État.

Là l’État néerlandais n’a ni racheté ni saisie des actions de la société, il exerce seulement un droit de contrôle sur les décisions prises par les responsables de l’entreprise.

Ce qui, dans des domaines stratégiques, n’est en fait pas si rare que ça, mais généralement plutôt exercé soit au cas par cas sur des projets de décision, et de façon plus « amicale », en coopération avec les dirigeants, plutôt que, comme ici, fait de façon anticipé et « hostile », en imposant la prise de contrôle, soit sur des secteurs entiers. Par exemple, en France, l’État exerce un contrôle sur les ventes d’armes à l’étranger, sans pour autant être majoritaire au capital de tous les fabricants d’armes. Ou encore, l’État avait il y a quelques temps « acheté » (en lui faisant un prêt) à Atos un droit de véto sur la vente de certaines branches d’Atos, interdisant donc à Atos de s’en séparer sans l’accord de l’État (branches qui vont finalement être nationalisées, mais il n’y avait pas encore d’accord sur ce point au moment ou l’État a acheté son veto).

Voilà. jap

Ok, d’un aspect économique, la Hollande ne va pas profiter de la baisse de la valeur de Nexperia. Mais le but premier des actions, c’est d’avoir le pouvoir de décision dans l’entreprise. Si l’État prend le pouvoir de décision, il n’y a aucune différence (et c’est même pire, vu qu’il n’a même pas eu à débourser un centime pour le faire) pour moi. C’est même encore mieux que pour EDF où l’État (donc nous) avions racheté les actions à perte pour renflouer l’entreprise, ici les Hollandais n’ont pas perdu d’argent, c’est les Chinois qui en perdent.

J’ai quand même plutôt l’impression que l’écrasante majorité des gens qui achètent des actions ne le font pas pour le pouvoir de décision, mais simplement pour avoir une part de l’entreprise, et donc de sa valeur et de ses éventuels bénéfices. Quelle est la proportion des actionnaires d’une société cotée qui votent aux AG ? Probablement pas beaucoup…

D’ailleurs il y a un exemple qui illustre bien ça : Alphabet a deux classes d’actions cotées, GOOG et GOOGL, les premières sont des classe C sans droit de vote, les secondes des classe A avec droit de vote. Elles représentent la même part du capital (la distinction a été faite par un split, tous ceux qui avaient une ancienne action ont reçu une A et une C). Et aujourd’hui l’écart de cotation entre les deux est absolument minime (quelques dizaines de centimes), ce qui montre que les actions avec droit de vote ne sont pas spécialement plus demandées que celles sans droit de vote.

Et de manière plus générale, l’existence même de ces actions sans droit de vote montre bien que non, le but premier d’avoir des actions n’est pas d’avoir le pouvoir de décision.