Je suis d’accord qu’après coup, ça apparait comme du gâchis. Mais je n’arrive toujours pas à considérer ça comme un mauvais choix de base.
Je suis globalement d’accord avec vous sur le fait que les choix techniques de départ ne sont pas les seuls coupables.
D’autres facteurs comme le business model ont été très lourds de conséquences.
Certes, les terminaux se sont répandus facilement grâce à la gratuité.
Mais le coût beaucoup trop important à l’utilisation et la facturation à la durée en ont drastiquement limité l’usage, mais aussi et surtout étouffé le développement des services.
Aussi, sur le plan technique, le système à très peu évolué dans le temps, condamnant logiquement le concept à mourir douloureusement à cause de son obsolescence.
L’inertie intellectuelle a surement été trop lourde. C’est dur de lâcher un truc qui marche adopté quand même de manière très importante dans la population et les professionnels
Le système était économiquement fonctionnel, mais pour un nombre limité d’acteurs et d’usages.
L’explosion du web a démontré qu’il y avait un énorme besoin latent que le Minitel n’avait pas permis d’exploiter.
Des besoins que les américains ont réussi à exploiter avant nous, ce qui leur a donné l’immense avance dans l’industrie des services qu’on leur connait actuellement.
En France, on aimait voir le Minitel comme un succès. Mais on aurait du se poser quelques questions en ne voyant pas les autres pays nous imiter.
Le Minitel est à la base une VT100 (le terminal DEC le plus répandu à l’époque). Le micro contrôleur n’avait pas, à ma connaissance, de capacité de calcul évolué!
Ta vidéo est intéressante mais ne démontre en rien une capacité autre que de la gestion d’affichage. Par contre c’est clair que les possibilités graphiques vont plus loin que ce que les 3615 permettait de faire, mais transférer une image en 1200 bauds…
D’après les informations que l’on peut trouver, le 8052 qui équipait les minitels était cadencé à un peu plus de 11Mhz.
Sur ce type de processeur, ça représente à peu près 1 Mips avec une architecture 8 bits.
Et pour la première moitié des années 80, on peut dire que c’était plutôt bon.
Et ce n’est pas tout, si on regarde du côté de son circuit graphique, le Minitel est muni d’un EF9345P. Ce circuit équipait certains ordinateurs personnels de l’époque comme le Matra Alice ou le Phillips VG5000.
C’est beaucoup mieux que ce que proposaient certains ordinateurs personnels comme le ZX81.
Pour les démo, certes, ce n’est qu’un indicateur très imprécis de la puissance d’une machine.
Mais pour en avoir programmé, je peux affirmer qu’un affichage animé demande un minimum de puissance au niveau du CPU pour balayer la mémoire écran, même si on peut parfois exploiter certaines astuces.
Pour finir, les termes « terminal » et « Micro contrôleurs » peuvent cacher énormément de choses très différentes.
Sur le papier, un terminal n’est pas sensé offrir une puissance de calcul. Mais est-ce parce qu’il n’en a pas ? ou parce que le firmware ne l’expose pas ?
Le paradoxe, c’est qu’il faut quand même une certaine intelligence pour interpreter les données et les afficher. Donc à partir d’une certaine époque, le terminal « vraiment idiot », à part les vieilles télé, c’était devenu rare.
Ce paradoxe permet d’ailleurs de comprendre pourquoi les terminaux ont eu tendance à disparaître : Parce que ça ne coûtait finalement pas beaucoup plus cher de construire de vrais ordinateurs personnels au lieu de (pas si simples) terminaux.
Et si on veut savoir quel est la puissance de calcul réelle d’un équipement, il ne faut pas se fier aux données constructeur ou aux possibilités de son firmware, mais il faut l’ouvrir et étudier ses composants.
De la même façon, le terme micro contrôleur peut désigner des circuits aux capacités très diverses. Certains très limités, d’autres beaucoup plus puissants.
Dans les années 80 beaucoup de micro contrôleurs étaient simplement des dérivés de microprocesseurs connus intégrant une ROM et des E/S dans le même boitier.
Mon petit club d’informatique avait les plans, on a bricolé un minitel maison, on utilisait la RS232 pour le modem du minitel pour aller sur certains bbs… Rien de bien compliqué! C’est sur que ce n’était pas de l’open source, mais de toute façon, cet état d’esprit n’existait pas vraiment à l’époque, et surtout pas en France.
Vous aviez bien de la chance, parce que je peux constater que même aujourd’hui avec l’internet, les passionnés de reverse engineering du minitel ne semblent pas encore disposer de ces plans. Au point qu’ils sont obligés de les refaire.
Mais si on parle juste de la prise péri informatique et de ce qui tournait autour, à l’époque, j’ai crée un petit serveur minitel RTC et tout un jeu d’outils. Sans docs officielles ni de plans, juste avec des infos glanées ici et la et un peu de reverse engineering.
A l’époque, les infos dans les clubs informatique, il y avait ce que les gens y ramenaient, c’était au petit bonheur la chance en fonction de l’endroit et des personnes.
Je suis persuadé que ça aurait été beaucoup plus loin si la communauté avait eu plus d’informations. Le minitel aurait pu connaitre des développements matériels très intéressants et des évolutions qui auraient pu lui donner un avenir.
Il est dommage que l’intérêt de cette vision communautaire et d’une industrie multi polaire n’ait pas été comprise en France, car elle à fait énormément pour le développement d’internet.
Mais les minitel pouvaient être achetés.
Certes, mais par définition, dans une démarche communautaire, on bricole d’abord ce qu’on possède. Acheter dans l’unique but de bricoler, c’est une démarche qui n’est pas dans la logique des choses.
D’ailleurs, le simple fait de ne pas pouvoir diffuser les améliorations sur autre chose que des modèles achetés aurait de toute façon limité drastiquement l’intérêt.
Je ne sais pas si les PTT interdisait quoi que ce soit (je ne suis pas sûr qu’à l’époque la légalité m’intéressait
).
Oh malheureux, rien que de leur parler de brancher quelque chose de « pas certifié » sur la péri informatique, t’avais l’impression qu’ils allaient appeler le GIGN.
Hein, bidouiller ? Vous avez dit quoi, pouvez répéter ?
J’en fait parti (et le minitel a même impacté le début de ma carrière en tans qu’ingénieur telecom à la base)! Tout à fait d’accord en enlevant le terme « utile »!
Je peux comprendre que pour ceux qui ont bossé la dedans, la façon dont le minitel à fini et sa réputation actuelle, ça n’est ni positif, ni constructif.
Pas forcément une bonne idée non plus, car à tout jeter à la benne ainsi, il y a sans doute de bonnes idées qui ont été enterrés un peu vite.