Commentaires : Fondation, l'œuvre qui a posé les bases du big data?

À l’heure du véritable phénomène de société que constitue le big data, la série de David S. Goyer et Josh Friedman est venue nous rappeler que Fondation, l’œuvre littéraire complexe et foisonnante d’Isaac Asimov
, était plus que jamais d’actualité. Foules en délire, ovations, sourires émus et larmes contenues, la palme des inventions de l’imaginaire est ainsi décernée au brillant concept de psychohistoire qui, en plus de voir son principe se réaliser dans la réalité, a eu la malice de nous expliquer précisément… qu’il savait prédire le futur !

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Mouais. L’article et le fond sont intéressants, j’ai notamment appris qu’Asimov faisait partie de Mensa, et plein d’autres trucs sur la psychohistoire, qui me confortent assez dans l’idée que des psychohistoriens et des climatologues seraient vachement plus à leur place sur les trônes occupés par les lobbys.
Vraiment bon article. Sauf le passage sur la série apple qui est un viol de l’œuvre écrite.

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Sur ce point, je suis en accord. La série est intéressante mais a sa propre vision et suit ses propres développements (histoire, personnage, etc.). Il y a du bon et du moins bon. En tant que fan d’Asimov, cela m’a beaucoup dérangé mais j’ai fini par y faire abstraction : se détacher de l’oeuvre originelle et suivre la version TV.


Pour Asimov, même si j’adore le cycle Fondation (moins les derniers volumes ceci dit), je préconise davantage le cycle des Robots qui est un recueil de nouvelles et de romans.

Pour les liens entre la Psychohistoire et le Big Data, si les 2 reposent sur un concept général similaire (l’accumulation et l’interprétation automatisée de données à travers le temps afin d’aider les humains à prendre des décisions éclairées), la Psychohistoire insiste davantage sur la sociologie et les motivations / impacts psychologiques non-visibles des événements historiques, et comme décrit dans les romans, limitatif dans sa prédictibilité car ne prenant en compte que ce qui est « conscient » et basé sur les lois de statistiques et de probabilité.

Asimov étant lui même un scientifique de formation et un polymathe, ses scénarios reposent toujours sur des théories ou postulats scientifiques afin de donner une crédibilité originelle à ses histoires.

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Intéressant article.

Ne connaissant pas du tout les livres (comme sûrement 95% du public), j’ai bien apprécié la série. Déjà voir un tel budget sur une série, c’est plaisant.

Un peu compliqué parfois à se repérer dans le temps, mais j’attends la saison 2 avec intérêt.

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Le principal problème de la série est la conformation à un narratif très américanisé :

  • L’existence de bébêtes agressives justifie le fait que tout le monde a un flingue
  • Le dénouement, qui voit l’unification de Terminus, Anacréon et Thespia, dépend de l’existence d’une superarme unique. Ça simplifie grandement l’intrigue et est digne de tous ces flims hollywoodiens dans lesquels l’ennemi est anéanti dès qu’un système central est détruit.
  • Le besoin d’établir un lien de parenté entre Dornick et Hardin. C’était déjà douteux dans 《 L’Empire Contre-Attaque 》
  • L’histoire suit une poignée de personnages principaux qui sont essentiels à l’intrigue, avec Salvor Hardin dans le rôle d’une élue quasi-christique. On rentre encore une fois dans les codes hollywoodiens.
  • Toujours dans le côté religieux, la notion d’âme existe et prend part activement à une sous-intrigue, histoire de contenter le chrétien moyen. Même la religion principale est décrite comme ayant 3 déesses n’en formant qu’une. Pénible d’encore se faire matraquer de religiosité dans une série de science-fiction.

Et ça, ça n’a rien à voir avec le respect ou non de l’œuvre d’Asimov. Moi, je n’aime pas, mais chacun ses goûts.

Ensuite viennent les problèmes liés à l’œuvre elle-même.

  • Le construct de Seldon est conscient lors de la fin de crise, ce n’est pas un message pré-enregistré, donc ses prévisions n’en sont pas.
  • La résolution de la crise dépend de quelques individus, ce qui va à l’encontre même des prémisses de la psychohistoire. Ça va être dur de faire une suite cohérente avec le Mulet.
  • Daneel qui tue froidement. Non, je refuse de croire que c’était essentiel à la survie de l’humanité, en particulier parce que les pouvoirs et connaissances qu’il a héritées de Giskaard lui ont permis de concevoir les bases de la psychohistoire.
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Il y a quand même un point de différence entre la psycho histoire et le big data qui me semble important: le big data n’est « que » basé sur les données liées à un usage de machines ou appareils électroniques, et sans non plus pouvoir connaître la représentativité du nombre d’individus réels étudié (pour des questions de confidentialité).
Cela constitue quand même 2 gros biais statistiques lorsqu’on prétend à prédire le comportement humain.
Il me semble que le big data devrait plutôt être un domaine où sous ensemble de la psycho histoire.

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Le héros unique hollywoodien est là pour faire naître et nourrir un sentiment d’impuissance face à la possible solidarité, faire oublier la puissance des individus qui agissent de façon concertée. Le citoyen reste donc passif et attend un messie au lieu de mettre l’épaule à la roue avec ses voisins.
On le voit dans le succès du communisme participatif de la Chine face au communisme passif de l’URSS… et dans l’apathie consumériste de l’Amérique habilement conditionnée, qui se laisse mener, cancer qui a gagné tout l’occident et plus.

Mais un petit groupe d’individus suffit souvent à noyauter un système. Ça se fait malheureusement trop souvent pour le corrompre que pour l’améliorer.

Autant de facteurs qui devront être pris en compte dans la psycho-histoire. Y a du boulot !

Bonjour,
en fait oui et non. Si vous partez du « principe » général que l’histoire se répète vous pouvez à partir d’une très très très grosse base de données prédire des évènements. Ainsi il doit être possible de dire quand cela s’est produit, dans X% des cas tel autre évènement s’est produit. En fait la big data sert à entrainer une IA qui sera en mesure de prédire les évènements. C’est notamment comme cela que va fonctionner le cross selling sur un site eCommerce: Vous achetez tel produit? Je sais que dans 90% des cas vous acheterez tel autre produit, parce que complémentaire ou parce que simplement l’IA va constater que le comportement des acheteurs est comme cela. Je ne suis pas un spécialiste de la BI mais il me semble qu’aujourd’hui nous n’avons pas assez de puissance de calcul pour en arriver à prédire des évènements historiques et que très certainement la masse de données necessaire est trop importante. Mais demain?

Ça marche peut-être sur du cross selling car l’expérience est entièrement digitale. Mon point est qu’on ne peut pas considérer l’histoire de la même manière car elle n’est pas concrètement vécue à travers les machines.
Les données de la (grosse) base de données ne parlent pas de l’histoire des hommes. Elles ne parlent que de ce qu’ils font sur leur ordinateurs, tel, internet … mais ce n’est quand même pas un « enregistrement » de l’histoire réelle.
Mon point est que le big data pourrait théoriquement être de la psycho histoire mais que dans les faits, les données meme conséquentes que le big data analyse ne sont pas des données historiques au sens où on enregistre tous les mouvements des hommes pour anticiper le ou les suivants.

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On est d’accord. C’est le manque de données qui fait que ce n’est aujourd’hui pas possible. Si on prend des évènements plus globaux et plus simples à analyser, on sait par exemple qu’après une guerre il y a un boom des natalités, en général aussi un boom économique etc. Finalement ca un algorithme est capable de le prévoir. Là où c’est plus compliqué c’est de modéliser l’irrationalité du comportement humain. Ceci étant ce serait le cas que ce serait flippant.

Merci pour ce bel article.

Bravo pour cet article de qualité digne de Clubic avant l’achat par M6

Je ne suis pas tout à fait d’accord.
La Covid, c’était prévisible, ce n’est pas pour rien que les gouvernements simulent des pandémies depuis maintenant une cinquantaine d’années. Statistiquement avec les déplacements de population de plus en plus banals, ça devait arriver. C’est le « quand » qui était inconnu, il y a eu plusieurs « alertes » ces 20 dernières années.
Hitler en lui-même n’est pas prévisible, mais a posteriori, on voit bien que l’Allemagne était une cocotte minute qui montait en pression. Hitler était le détonateur mais il y aurait eu autre chose.
Pour Galilée, même chose, les avancées de la science faisait « revenir » les découvertes de l’antiquité, c’était le « moment » plus que la personne qui a compté.
La désintégration d’un atome n’est pas prévisible mais on s’en fout. Ce qui compte c’est la statistique globale et on peut ainsi calculer l’énergie et contrôler une centrale nucléaire! :smiley:
Le découverte de des Amériques était inéluctable, la navigation étant de plus en plus performante et la concurrence des économies européennes poussant a toujours plus de conquêtes.
En fait on peut faire le parallèle avec la météo. On peut difficilement prédire avec précision la température sur une petite ville à 5 jours, mais c’est précis sur un département, on peut aussi le faire à 1 mois sur un pays avec une précision correcte, et sur la Terre entière avec une très bonne précision sur des mois. Et même avec une marge d’erreur assez faible sur plusieurs dizaines d’années. Bref, même si on ne peut pas prédire avec précision des faits particuliers, on sait calculer des statistiques globales précises.
J’ajoute que quand on dit que l’histoire est un éternel recommencement, ce n’est pas qu’une expression dénuée de sens, il y a des schémas qui se répètent.

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Effectivement ton point de vue se tient.
Malheureusement on ne pourra probablement pas savoir si tu as raison avant beaucoup d’années… :stuck_out_tongue:

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Je suis globalement d’accord, cependant il y a un courant de fond qui est prédictible. Si je prends l’exemple d’Hitler, lui seul ne serait pas arrivé à ses fins. Ca a sans doute été un moteur ou un catalyseur, très certainement son éloquence a joué mais si la personne Hitler n’avait pas existé je ne suis pas convaincu que l’Histoire aurait été fondamentalement différente.

Qui écrit le livre? :smiley:

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Merci pour cet article « de fond », très intéressant.