Non, c’est tout le contraire : je simplifie déjà grandement quelque chose de très compliqué…
Déjà parler de « le » prix de l’électricité, c’est fondamentalement faux. Parce qu’il n’y a pas UN prix de l’électricité. Il y a en permanence des échanges qui se font, avec des échéances de livraison très variables (de moins d’1h à plusieurs années…) et des prix forcément différents.
Le prix qui est très lié à celui du gaz, c’est le prix « instantané ». C’est-à-dire le prix que tu payes si tu achètes ton électricité au dernier moment sur le marché, sans l’avoir anticipé, avec une demande de livraison immédiate.
Et encore, même celui là, c’est extrêmement réducteur de dire qu’il est indexé sur le gaz, parce que tu as aussi un facteur offre/demande qui entre en jeu et pondère très largement le prix.
Par exemple, comme je le disait plus haut, la nuit du 14 mars, à 3h du matin, le MWh en France était tombé à 2.36€. Et pourtant à cette heure là, on produisait encore avec du gaz. 6% de la consommation française était alors couverte par le gaz.
Tu crois vraiment qu’à ce moment là la production électrique au gaz coûtait moins de 3€ le MWh ? Ben non. À ce prix là, les seuls moyens de production qui ont une marge brute positive, c’est les EnR. Et leur marge nette est négative à ce prix. Mais la demande était trop faible sur le marché pour vendre au coût réel…
Et regarde les fluctuations du prix sur l’ensemble de la journée. Tu crois vraiment que le gaz a fluctué autant sur la journée ? Ben non. C’est avant tout l’équilibre offre/demande qui fait fluctuer les prix, autour d’une valeur qui correspond au moyen de production le plus cher, mais avec des écarts très importants autour de cette valeur.
Donc non, je ne complexifie pas un truc simple, je simplifie déjà trop le système très compliqué qu’est la bourse de l’électricité…
Non, c’est n’importe quoi ce prix… Le gros de la production en France, c’est le nucléaire, et son coût de revient est déjà de plus de 42 €/MWh (le fameux prix de l’ARENH, qui plombe EDF…). Et plus le temps passe, plus on se rend compte qu’il revient plus cher que ce qui était estimé à la base (toutes les pannes et les réparations qui vont avec, ça a un coût… le futur démantèlement semble aussi largement sous-évalué…).
Tiens, regarde les EPR2. Estimation 8.6 milliards par réacteur pour 60 ans de durée de vie, soit 790 MMWh de production si on prend un facteur de charge de 90%. Ça nous fait du 108€/MWh. Juste la production. Sans acheminement. Sans taxe.
Quelques autres chiffres, qui datent de 2017, donc avant les tensions actuelles sur le marché de l’énergie :
- 60 à 109 €/MWh pour le nucléaire selon la Cour des comptes
- 90 à 200 €/MWh pour l’éolien selon le Syndicat des énergies renouvelables,
- 15 à 20 €/MWh pour l’hydraulique selon la Cour des comptes,
- 142 €/MWh pour le solaire selon la CRE,
- 70 à 100 €/MWh pour les fossiles selon EDF (aux cours actuels, on est à plus de 90€ le MWh minimum avec la turbine à gaz la plus performante, celle qui dépasse les 60% de rendement, et ça monte jusqu’à plus de 300€).
Et encore une fois, juste pour la production et HT… Et tu crois que le prix de vente final devrait être « au pire » de 90€ le MWh ? Hum…
J’adore… D’un article qui explique que plus d’1/5ème de la production française est échangée au prix plafonné de 42€/MWh quelques soient les coûts, t’arrive à prétendre que ça explique le prix de l’électricité est indexé sur celui du gaz
Et nulle par l’article ne parle d’une indexation sur le prix du gaz. Nulle part. Le moment où ça parle du gaz, c’est pour dire : « La forte hausse des prix de l’électricité s’explique notamment par la forte augmentation des prix du gaz et du charbon et dans une moindre mesure l’augmentation des prix du carbone (qui influe sur les coûts de production des centrales fossiles). […] La hausse du prix de l’électricité est également renchérie par la baisse de disponibilité du parc nucléaire. »
Ça ne parle en aucun cas d’indexation…
Si je te dis que le prix de la baguette a augmenté à cause de la hausse du prix de l’électricité, ça ne veut pas dire que le prix de la baguette est indexé sur celui de l’électricité…
Indexer ça veut dire que les variations de l’un sont artificiellement liées à celles de l’autre. Qu’une variation de x% de l’un dans un sens ou dans l’autre implique automatiquement une variation de y% de l’autre, avec une relation prédéfinie entre x et y.
Quand c’est simplement que l’un entre dans la production de l’autre, et donc que le prix de l’un influe sur le coût de revient de l’autre, c’est pas une indexation. C’est juste la base même du commerce, refléter sur les prix de vente les évolutions des coûts…
Oui, on est lié au prix de l’Allemagne. Mais ça n’a rien à voir avec une indexation sur le gaz. C’est simplement parce qu’on est très fortement interconnectés avec l’Allemagne, et donc que les achats/ventes peuvent se faire indistinctement des deux côtés. On l’est d’ailleurs tout autant avec le Belgique par exemple.
Au sein de la grille européenne, les prix sont les mêmes dans deux pays interconnectés tant que les échanges entre les deux pays ne se font pas à la capacité maximale de l’interconnexion. C’est le principe des vases communicants…
Entre la France et l’Allemagne, l’interconnexion a une très grande capacité (et ça, ça date de quand on exportait énormément d’électricité vers l’Allemagne hein, cette capacité d’échange n’a pas été construite dans le but secret de nous faire payer l’électricité au prix des allemands…), donc les prix sont souvent liés. Mais pas tout le temps non plus. Par exemple le 14 mars à 19h, on était à 200€/MWh contre 152 en Allemagne. Parce que au pic de consommation on a saturé notre capacité d’import depuis l’Allemagne, et l’Espagne, mais pas encore celle depuis l’Italie, et donc à ce moment, le prix était le même en France et en Italie. À l’inverse à minuit on était à 10€/MWh en France et en Allemagne, parce qu’on ne saturait pas la capacité d’échange avec l’Allemagne (hé oui, « le même prix qu’en Allemagne », ça peut aussi être valable pendant les creux), alors qu’en Italie ils étaient à 136 €/MWh, avec saturation de la capacité d’export de la France vers l’Italie.
Non, je me félicite qu’on fasse enfin des efforts pour moins flinguer la planète et le climat. Un jour, tu comprendras que l’impact du réchauffement climatique va BEAUCOUP plus nous appauvrir que la hausse des prix de l’énergie. On est déjà sur plusieurs milliards par an pour les dégâts causés par les événements extrêmes, on estime à 3 milliards par an le coût pour adapter l’agriculture… Au total, le coût de l’adaptation au changement climatique, ça pourrait monter à presque 5% du PIB…
Un exemple déjà : la flambée des prix sur l’alimentaire, elle vient bien plus de l’impact du réchauffement, qui a provoqué sécheresse et faibles récoltes, que des prix de l’énergie… et ce n’est que le début…
Mais tu peux continuer à faire l’autruche et à croire qu’on peut continuer sans rien changer… Mais quand tu sortiras la tête de la terre, ça sera déjà trop tard…