Commentaires : Économie d'énergie : comment votre opérateur veut faire baisser la tension

WTF? Quelque soit la tension fournie, la puissance reste la même, lorsque la tension baisse, le courant monte pour compenser. Même si Enedis te fournissait 219V (limite minimale légale = 95% de 230V), le courant de ton installation monterait de 5% pour compenser.

Ce qui peut être un problème avec le Linky qui mesure le courant soutiré pour le comparer à un seuil absolu (typiquement, il coupera à exactement 40A si c’est ce que tu as souscrit). Donc si Enedis baisse la tension au minimum de ce qu’il peut, théoriquement, ton installation limite (c’est à dire une installation qui tirerait 39A à 230V (soit < 9kVA) va disjoncter), même si tu n’atteins pas la puissance maximale soutirable souscrite à 9kVA.

Car, à 218V, pour 9kVA soutiré, il faut 41A ce qui est supérieur à la limite de coupure de ton Linky.

Bref, c’est encore limite limite comme comportement, car c’est au particulier de prouver que le problème provient de Enedis et/ou du Linky alors que c’est clairement un bête problème de physique de base. Et vu que le particulier n’est pas équipé pour, vlà comment on t’entube.

Non, pas nécessairement, ça dépend des appareils. Typiquement, pour tout ce qui est résistif, comme l’intensité est directement proportionnelle à la tension (I = U/R), diminuer la tension va diminuer la puissance.

Or justement sur le réseau électrique il y a beaucoup d’appareils résistifs réclamant une grande puissance pendant les heures de pointes : appareils de cuisine (four, plaques électriques classiques, bouilloires, grille pain), radiateurs électriques… C’est aussi le cas pour les ampoules à incandescence, classiques ou halogènes.

Pour tous ces appareils, diminuer la tension de 5% diminuera la puissance appelée de 5%.

C’est aussi le cas pour certains chargeurs dont l’électronique de contrôle limite l’intensité appelée. C’est notamment le cas pour les voitures électriques lorsqu’elles sont branchées sur une prise domestique : le chargeur limite à 10, 14 ou 16A selon les modèles de chargeur et de prise. Si la tension diminue, la puissance absorbée diminuera proportionnellement, et la charge sera un poil plus longue.

Et la baisse de la tension de 5% fait bien partie des mesures envisagées par RTE pour limiter le risque de coupure lors des pics de consommation : Pour éviter les coupures d’électricité, RTE mise sur « Ecowatt » pour inciter à réduire la consommation | Public Senat

Sinon, la limite basse dans les normes NF, c’est 207V, pas 219V, soit 10% de marge.

Et la limite du disjoncteur abonné prend en compte ces variations pour que tu puisses toujours avoir les kVA souscrit, même quand la tension est à la limite basse. Par exemple, si tu es en 9 kVA, ton disjoncteur abonné coupe à 45A et non pas à 40A. Ce qui correspond en fait à 9.3 kVA à 207V et 11.4 kVA à 253V. Dans toute la plage de la norme NF, ton disjoncteur abonné ne coupera donc pas alors que tu es en-dessous de 9 kVA.

Sur Linky, c’est un peu différent, il y a en plus une possibilité de coupure par le compteur, et Linky mesure la valeur réelle en kVA et coupe en fonction du dépassement de cette valeur (c’est pour ça que des gens se retrouvent à devoir passer à la puissance supérieure avec Linky, c’est parce qu’en fait ils dépassaient un peu la puissance qu’ils avaient, mais pas assez pour que ça disjoncte). Donc si la tension chute, il laissera passer une intensité plus élevée, et inversement.

Peut être sur des appareils de 1970. Mais sur la majorité des appareils récents, il y a un contrôle de la puissance intégré, même si l’impédance est majoritairement résistive.

Pour prendre ton exemple, le four est régulé en température, et, jusqu’à preuve du contraire, il faut la même énergie pour atteindre 220°C. Donc soit il chauffe plus longtemps à puissance plus faible, soit il augmente son courant via la commande par triac (et en général, les fours récent, c’est le cas, on ne peut pas atteindre une température de 50°C stable en mode PWM sur un four).

Les plaques électriques, c’est pareil, c’est l’humain le régulateur (il va simplement augmenter, passer de 1 à 2 si ça met trop longtemps à faire chauffer l’eau des pâtes.

La bouilloire, oui, c’est souvent débile comme système de contrôle, mais du coup, elle va fonctionner plus longtemps, ce qui, statistiquement, fera que plus de bouilloire seront en fonctionnement au même moment, et donc aucun intérêt.

Le grille pain, c’est un timer pour les modèles de base, mais si le pain sort et qu’il est pas grillé, l’humain va pousser le timer, donc rebelote.

Bref, le problème c’est pas la puissance, c’est l’énergie requise qui est la même pour fournir le même travail. Et si tu baisses la tension, soit tu augmentes le courant (et le temps reste le même qu’avant), soit tu tires plus longtemps, ce qui, statistiquement sur plusieurs foyers, reste le même problème: tu tires trop sur le réseau.

En fait, c’est plus que ça, vu que P = V²/R, mais ici, ce n’est pas la puissance, c’est l’énergie qui compte, il faut pas mélanger. Ce que je dis par contre, ce que:

  1. Il n’y a aucun raison que l’énergie requise chute. Donc une baisse de tension, c’est une augmentation de courant pour la plupart des appareils récents à contrôle de puissance.
  2. Ou, c’est une augmentation de la durée de soutirage, ce qui, encore une fois, et une aberration du côté du réseau. Il vaut mieux que 10 personnes tirent 3000W sur ta bouilloire pendant 1mn, car il y a de forte chance qu’elles le fassent pas en même temps, ce qui ne demande que 3000W de production, que 1000W pendant 4mn (et là c’est tous en même temps, ce qui demande 10kW de production).
  3. Le fait que la protection de coupure soit basée sur une valeur fixe de courant signifie que cette valeur dépend donc de la tension du réseau à puissance équivalente. Et ça c’est problématique.

Oui effectivement, je n’avais pas pensé dans le cas des appareils de cuisine que réduire la puissance augmentait du coup la durée, et que en moyenne du coup sur l’ensemble du parc ça doit rien changer.

Mais le fait est que la baisse de tension est bien envisagée par RTE comme mesure pour réduire le risque de coupures lors du pic, donc c’est que ça doit quand même avoir un impact significatif.

La valeur fixe de courant, c’est sur le disjoncteur abonné, et il y a une marge suffisante pour permettre de tirer la puissance souscrite même quand la tension est à -10% (et sur les installations avec Linky il est généralement mis au calibre maxi, indépendamment de la puissance souscrite, pour pas avoir à envoyer un agent quand le client demande une augmentation de la puissance).

Sur Linky, le seuil de coupure est une valeur fixe de puissance appelée.

Oui, c’est exact, et je suis d’accord avec toi pour les seuils. L’objectif de ma réponse n’était pas de débattre des valeurs numériques, mais de montrer l’implication ce que tu dis avec des valeurs concrètes et un seuil fixe.

Sur le Linky, ils ont appris de leurs erreurs, et c’est bien (sauf à propos des mesures farfelues, mais c’est un autre problème). Sur mon ancien compteur, le disjoncteur principal juste après le compteur était à 40A, pas 45A. Maintenant, j’ai un 63A.

Pour la valeur de 10% de marge sur la tension, je vais être pédant, c’est dans la norme européenne EN 50160 et ça doit être valable sur 10mn seulement. De plus, Enedis ne peut pas te fournir 90% de la tension nominale, car il suffit que tu sois en bout de ligne et que tu tires 9kW sur ta ligne pour que la chute de tension dans les câbles dépasse le seuil. D’ailleurs la norme prévoit cela assez bien, Enedis n’a droit qu’à 5% de marge (les 5% restant étant prévu justement pour ce cas). Un résumé ici. Ça peut sembler pinailler, mais sur un câble de 10mm2 à 40A, tu perds ces 5% après seulement 50m de longueur.

Et d’ailleurs, sur les tableaux électriques des abonnés, le disjoncteur différentiel est habituellement réglé sur 40A (pas 45A). Donc, oui, le Linky coupera peut être pas, mais ton disjoncteur différentiel oui (s’il est bien calibré et aux normes) lorsque tu tires moins que 9kVA et que Enedis ne te fournit pas 230V. Mais, comme qu’y dirait, c’est ton problème, vu que eux, ils sont dans les normes…

Bizarre… J’ai toujours vu des multiples de 15A sur les disjoncteur abonné dans tous les logements que j’ai occupés… Et c’est ce qu’on retrouve dans toute la « littérature » sur Interner.

Ben oui, là clairement c’est ton problème : le différentiel sur ton tableau électrique, c’est ta responsabilité, et son rôle n’a jamais été d’être calibré en fonction de ton abonnement électrique… À toi de le dimensionner correctement pour tes besoins ou d’en mettre plusieurs (d’ailleurs il me semble que la norme en impose au moins deux de toute façon, un A et un AC) en répartissant la charge. Enedis et ton fournisseur d’électricité ne sont responsable que du compteur et du disjoncteur abonné. Chez moi j’en ai 3 en 40A alors que j’ai seulement du 6kVA :sweat_smile: Mais du coup même en 15 kVA je serai tranquille, tant que j’ai pas toute la charge sur le même différentiel.

Un disjoncteur différentiel classique, c’est 300 mA, et son rôle est différent de celui du disjoncteur principal. neutre

Un différentiel fait en général à la fois disjoncteur classique (coupure en cas de surcharge de courant) et différentiel (coupure en cas excès de fuite vers la terre).

Il a donc deux valeurs de coupure, une pour la surcharge de courant, qui est généralement de quelques dizaines d’ampères (40A est une valeur classique), une pour les fuites à la terre, de quelques dizaines de mA (le max autorisé en France c’est 50 mA).

Exemple, un 40A - 30 mA :

Et dans une installation électrique, tu as des disjoncteurs simples pour protéger les différents sous-circuits, et en amont de ces disjoncteurs, tu as un différentiel, qui assure la protection contre les fuites sur plusieurs sous-circuits à la fois.

C’est différent en Belgique, alors. Dans mon cas perso et il est du genre courant, plusieurs circuits protégés chacun par un disjoncteur magnéto-thermique (selon les cas, 10, 15 ou 20 A), un différentiel 30 mA en plus pour les circuits de la salle de bains, et un 300 mA général. Le compteur a bien sûr lui aussi un pouvoir de coupure, mais il ne déclenche jamais même en cas de court-circuit franc, le disjoncteur du circuit impliqué le fait en premier.

Je souhaite juste revenir sur cette affirmation :

« Il n’y a aucun raison que l’énergie requise chute. Donc une baisse de tension, c’est une augmentation de courant pour la plupart des appareils récents à contrôle de puissance. »

Comme on le sait, S=UI avec U=ZI.
Donc ton affirmation, me semble erronée, car l’énergie E=Wt, donc on peut facilement déduire que :
Si Z=constante (sa variation est négligeable sur de une installation de particulier quand U est variable)
Alors si U diminue,
I diminue,
S diminue,
Et E diminue.

Donc oui, l’énergie consommée chute, même si à travail constant, il prend donc plus de temps.
Et non, le courant n’augmente pas, il diminue.

Peut être que je me fourvoie, mais je ne connais aucun appareil domestique à contrôle de puissance. (Un chauffage c’est une impédance constante, un chauffe eau aussi, une plaque induction également) A part nos ordinateurs, les alimentations à découpage, ça ne court pas nos maisons.

Chez nous il y a un « disjoncteur abonné » qui est le disjoncteur général, avec une intensité de coupure calibrée en fonction de la puissance de l’abonnement (et quand on a un compteur connecté, qui gère lui même le respect de la puissance souscrite, ce disjoncteur est mis au calibre max) au niveau du compteur, pour empêcher de dépasser la puissance, et il fait aussi différentiel général (500 mA chez moi).

Ensuite, on a normalement obligatoirement deux premiers niveaux de sous-circuits avec chacun un différentiel <= 30 mA, de deux types différents (un type A, un type AC), qui fait aussi disjoncteur classique. Et derrière ça on a un second niveau de sous-circuit (par exemple un pour chaque pièce, un pour l’éclairage, un pour les prises… je sais pas exactement quel niveau de séparation les normes imposent actuellement, à part pour le gros électroménager, où on doit avoir un sous-circuit dédié à chaque appareil) avec un disjoncteur classique pour chaque (généralement 10, 16, 20A ou 32A).

Ce qui est en photo est un interrupteur différentiel, il ne protège pas contre les surintensités…ce sont les disjoncteurs placés sur chaque circuit qui assurent ce rôle. ( c’est le câblage classique d’un tableau domestique , un interrupteur différentiel avec en série des disjoncteurs pour chaque circuit)

Pour surveiller à la fois intensité et courant de fuite, seul un disjoncteur différentiel assure les 2 fonctions…( avec marquage du calibre, C20, C32 , etc…)….ceux ci sont intéressants pour ajouter un circuit qui demande de la puissance à un tableau existant, tel que borne de recharge ou alimentation piscine.

Tant mieux, pour les box j’ai une mini 4k j’aurais préféré une autre plutôt que de la débrancher ce que je ne fait jamais malgré sa chauffe et son bruit outrancier !

Si tu cites des équations, le mieux, c’est d’utiliser les bonnes variables dans les multiples équations. Je suppose que Z est utilisé pour l’impédance, dans ton post, et S pour la puissance complexe. Seulement, on ne te facture pas la puissance complexe (qui ne veut rien dire, sauf pour l’opérateur), mais la puissance active (c’est à dire le module de S) qui est la seule à fournir un travail.
Du coup, ton W correspond à grosso modo: P = U * I * cos(phi) avec phi étant donné par phi = acos(Re(Z)/Z).
L’énergie consommée est donc E = Intégrale(S(t) dt) = Intégrale( U(t)*I(t)*cos(phi(t))*dt ) avec t étant la durée d’utilisation de la puissance. L’énergie est donc la somme de la puissance instantanée sur le temps.
Le déphasage de U et I influent sur l’énergie consommée (elle la réduit, et ne l’augmente pas).

Une impédance complexe ne contribue pas à une augmentation de l’énergie consommée mais la réduit (ce qui est assez intuitif, l’énergie stockée dans une bobine ou un condensateur est restituée durant la période, mais celle qui est convertie en chaleur, la résistance, elle est perdue).

Dit différemment, les charges totalement inductives ou capacitives (c’est à dire celle qui ont un cos(phi) = 0) ne consomment pas de puissance active. La seule puissance consommée, est aux charges résistives (ou, plus exactement, la composante résistive de l’impédance, c’est à dire la partie réelle de l’impédance).

Du coup, à ta deuxième assertion, Z = constante c’est faux et tout ce qui en découle l’est également. La majorité des appareils consommateurs ont un contrôle de puissance intégré, du plus basique chauffage « grille pain » à ta plaque à induction ou ton chauffe eau, même tes ventilateurs. Sans parler tout ce qui fabrique du DC (ordinateur, télé, audio, portables, la lumière …).

Le contrôle de puissance se fait soit sur l’impédance (plaque à induction, clim, et tout ce qui a un triac ou un mosfet de puissance à l’intérieur, ventilateurs), soit par une commutation ON/OFF PWM avec un duty cycle variable et une période plus ou moins longue (ça peut aller de quelques ms à plusieurs minutes).

En cas de contrôle de l’impédance (typiquement, lorsque tu choisis la puissance 7 sur ta plaque à induction), c’est durant la période que l’impédance est modulée (via un Triac ou un mosfet de puissance), c’est à dire que ton appareil va évaluer la puissance demandée et activer le transistor (donc le courant) pour arriver à cette puissance. Si U diminue, la durée pendant laquelle le courant est actif augmente en conséquence (le I de tes équations c’est l’intégrale du courant appelé sur la période), c’est mathématique, si la puissance demandé est de X watt, il n’y a pas d’alternative.

Si le contrôle est en PWM, alors, c’est sur la quantité d’énergie que le mécanisme de contrôle agit, et donc la puissance instantanée étant plus faible, c’est donc la durée d’activation qui augmente. Ce qui, statistiquement avec tous les foyers, augmente tout autant la puissance appelée sur le réseau électrique (voir mon post précédent pour un exemple).

De plus, c’est souvent contre productif, car, en réduisant la puissance de chauffage (par exemple), tu diminue le rendement de chauffe.

Typiquement, si tu veux chauffer de l’eau pour l’amener à ébullition, tu dois contrer la perte de chaleur dans l’air à la surface du liquide (qui est proportionnelle à la température de l’eau). Si tu chauffes plus lentement, cette perte de chaleur devient un facteur très important dans ton équation thermique, au lieu d’être négligeable si tu chauffes ton eau plus fort.

Résultat: tu chauffes plus longtemps que le bête rapport de puissance le prévoit, donc tu sollicites plus longtemps le réseau électrique, donc la puissance appelée sur tous les foyers devient plus importante. Et oui, tu peux aussi mettre un couvercle pour limiter cet effet, mais c’est pas le problème.

Les alimentations à découpage, c’est la base actuelle de toute électronique. Les gros transfo et les alims linéaires, sauf si tu as encore des appareils analogiques chez toi, c’est fini.

Merci pour cette belle réponse.

J’avais omis le fait que certains systèmes sont en boucle fermée. Pas forcément sur la grandeur finale, mais l’effet est vraisemblablement le même.(en tout cas sur une alimentation)
C’est effectivement le cas d’un grille pain, d’un chauffe eau, mais pas celui d’une table induction. (On est bien d’accord, l’effet est ici contre productif dans le cas de ton exemple de la casserole pour cuire mes pâtes, sans couvercle).

Donc je suis un peu perdu, car quel serait le gain escompté de la mesure ?? Cet aspect a sûrement été étudié par RTE pour cet hiver…

Nb : une coquille c’est glissée :

je pense que tu parles de P(t), sinon la formule ne contiendrait pas le cos(phi)

J’ai horreur des formules en HTML, c’est moche. En gros, si S = U*I, alors l’énergie c’est bien la somme de U(t)*I(t)*dt. Mais U et I sont des sinusoïdes déphasées et reliées par U(t) = Z(t)*I(t). Z est un nombre complexe.

Lorsqu’il y a une composante complexe, alors le courant consommé par l’impédance est déphasé (la courbe de courant ne suit plus exactement celle de la tension), et du coup, il y a 2 parties dans la période: celle où le système consomme du courant, et celle où il renvoie du courant dans le réseau. La différence des 2, c’est la puissance qui fournit un travail, la puissance active.

Pour connaître la quantité de celle-ci, on calcule le rapport entre la résistance et l’impédance de la charge, soit (la partie réelle) Re(Z) / || Z || (module de l’impédance). Cette grandeur est égale à au cosinus de la phase de l’impédance, phi.

Lorsque Z(t) est purement résistif (c’est à dire pas de composante imaginaire), alors phi = 0, cos(phi) = 1 et on a P = U(t) * I(t).

Dit différemment, la puissance active (en W), c’est U(t)*I(t)*cos(phi) et la puissance réactive (celle qui est renvoyée dans le réseau, en VAR) c’est U(t)*I(t)*sin(phi). La puissance apparente (celle qui sert à couper votre Linky si vous dépassez le seuil, en VA) est U(t)*I(t) qui ne correspond donc à rien de concret en régime sinusoïdal.

L’énergie que l’on vous facture, c’est bien la consommation de la puissance active donc la formule avec le cos(phi).

Pour le gain de la mesure, je reste dubitatif. Je ne sais pas évaluer l’ensemble de la consommation française avec tous les acteurs et j’ai tendance à ne considérer que les logements. Dans ces logements, certains sont peut être déjà avec le chauffage résistif à fond (qui tourne donc 100% du temps) et dans ce cas, réduire U c’est réduire la puissance consommée.

Mais je reste persuadé qu’il ne s’agit que d’une infime partie des logements (et d’ailleurs, dans ce cas, il est plus rentable de changer le système de chauffage que d’essayer de gagner 5% sur la tension). Pour tous les autres, j’ai un doute que je formulerais de la manière suivante:

RTE n’a pas 150 mille leviers pour réduire la consommation (donc la production).

Si elle réduit le courant produit, le réseau va rapidement se désynchroniser et c’est le black out.

Elle ne peut pas réduire la fréquence non plus, car dans ce cas, ça va perturber les interconnexions (en gros, ça fait plus travailler les pays voisins pour remonter la fréquence du réseau à 50Hz, donc plus de courant à l’import).
Donc il reste la tension, et le contrôle des délestages HP/HC. En sautant des HC, elle espère éviter le pic des consommateurs « captifs » de ces heures, c’est à dire ceux qui sont automatisés (comme les chauffe-eau et la charge des VE).
En réduisant l’amplitude de la tension, elle peut causer une baisse instantanée de la puissance consommée, mais ça va augmenter la durée de l’appel de la puissance. Peut être qu’elle sait mieux gérer une production de puissance constante qu’un pic de puissance, quitte à produire plus d’énergie au final?.

Après ces mesures, elle est démunie, à mon avis.

Une idée peut-être : habituellement RTE compte sur les centrales hydrauliques pour la modulation rapide de la production en fonction de la demande, car les centrales hydrauliques sont capables des démarrer très vite, entre 5 et 10 minutes pour la plupart, 2-3 minutes pour les plus performantes. Mais cet hiver, ça va être plus compliqué, car les réserves d’eau sont largement inférieures à la normale.

Peut-être que du coup jouer sur la tension sera la solution pour « patienter » face à des centrales réagissant moins vite pour adapter la production, et effectivement dans ce contexte le fait de réduire l’appel de puissance immédiat, quitte à le prolonger un peu, ça doit faire le job.