Ça c’est LA vraie question.
J’ai pas la prétention d’avoir la formule magique, mais à minima ça voudrait dire au moins écouter les « grincheux » sur les titres, au lieu de les éconduire et de supprimer leurs messages.
Ce qui n’incite pas d’autres mécontents à se manifester. Et ne permet pas de comprendre des hauts et des bas de fréquentation, à des intervalles de temps qui ne sont pas corrélés immédiatement avec le mécontentement. C’est aussi comme ça qu’on forge une réputation.
Quelqu’un lors d’une conférence en communication nous avait donné un exemple de perte discrète d’audience/clients qu’on ne sait pas expliquer immédiatement, parce que trop discrète, et étirée dans le temps.
Pour ce dont je me souviens, l’exemple pris était celui d’une boulangerie où un client habituel avait été mécontent d’un de ses achats, et l’avait amené au personnel qui le servait (en restant poli et courtois). Le service du jour l’a juste envoyé paître, lui disant que s’il était pas content qu’il fasse de la place parce que d’autres derrière lui veulent commander.
Le client a diminué ses venues, puis n’est plus venu du tout, sans expliquer pourquoi.
Puis la clientèle a diminué, petit à petit, discrètement, sans raison apparente. Sans non plus dire pourquoi.
Au bout de quelques mois la boulangerie observe bien qu’il y a une perte de clients, mais ne comprend pas à quoi ça peut bien être dû. Depuis le temps, elle a oublié la remarque du client mécontent. Normal.
Mais alors quoi ? Un mouvement saisonnier ? Moins d’habitants ? Trop de rupture de stock ? Lassitude des produits ? Quelqu’un parmi le personnel qui fait trop d’erreurs ? Ou quelqu’un d’antipathique ?
Aucun moyen de savoir. Aucune raison apparente à ce délitement.
La vraie raison derrière ça, c’est que lorsque le client exceptionnellement mécontent avait souligné la raison de son mécontentement, on l’a envoyé ch*er. Alors que lui, ce qu’il attendait, c’est qu’on l’écoute sérieusement puisqu’il était pas là pour « passer ses nerfs » mais pour que la raison de son mécontentement du jour soit considérée et traitée (pas juste « entendue », ou « vous en parlerez au directeur »). Afin qu’il continue de venir, et être satisfait comme il l’était 99 % du temps.
Les autres clients ont vu le traitement, et ont pris la même décision, mais eux ils n’ont pas dit un seul mot. Voyant le comportement, ils en ont déduit que ça ne servirait à rien de s’exprimer, et qu’on les enverrait bouler aussi. Du coup, à quoi bon ? Ils sont juste partis dans une autre boulangerie. Petit à petit.
Ce genre de choses arrive tous les jours, un peu partout.
La morale de ce qu’on nous avait raconté c’est que les gens râlent pas que pour râler (je sais, c’est pas toujours évident à percevoir ). Ils râlent aussi quand ils aiment, et pour conserver ce qu’ils aiment.
Les mécontents qui le font savoir, généralement ce sont des personnes plus utiles que les mécontents invisibles qui disparaissent sans un mot. Parce qu’ils donnent une autre chance, et ne demandent qu’à être à nouveau contents. (Ils ne sont que temporairement mécontents, au final.).
Ceux qui disparaissent n’aiment pas être considérés comme des râleurs, alors ils préfèrent s’effacer et disparaître. Aucune chance de les rattraper avant des années. En attendant, ils tailleront une réputation à la boulangerie.
Bref, comment mesurer le (mé)contentement ? En demandant aux lecteurs ?
En nous permettant de noter la pertinence d’un titre, puis d’un article ? En nous demandant ce qu’on s’attend/souhaite y trouver ?
Dans tous les cas, ça passe par autre chose que juste supprimer par défaut et nous qualifier de n’importe quel attribut pour légitimer la suppression à vue.
J’ai souvenir d’un article où le titre était tellement grossier en termes de « clickbait », et où parmi les 10 premiers messages originaux la quasi totalité des commentaires faisait une remarque bien désagréable sur le titre. Ils ont tous disparu. Mais tout le monde a pu les lire.
La modération a « fait son travail » (non) en supprimant sous prétexte que c’était hors sujet, blablabla, toutes les raisons pour le faire. Bravo, de loin ça donnait l’impression d’un sujet « propre ». En réalité ça a énervé tous ceux qui ont commenté, qu’ils aient râlé ou non, et ça a aussi eu un impact « invisible » sur tous ceux qui n’ont pas commenté mais qui partageaient le même avis.
Au passage d’ailleurs, le fameux MP dont « j’attends » une réponse qui n’arrivera jamais depuis plus de 2 mois, c’était une boulette du modérateur du moment qui a compris de travers et extrapolé mon message. Encore plus drôle du coup… ou pas. Mais ça pose la question d’une politique éditoriale dans ce sens, ou pas.
Bref, on râle pas pour le fun.
S’il y a des outils contre ces pratiques, c’est bien que c’est un poison de notre époque.
Qu’il y ait un article dessus est quand même une sacrée ironie. ^^
La suite des commentaires signalent d’ailleurs des titres qui rentrent parfaitement dans ces abus.
A vous de voir ce que vous en faites.