Aie. Pas surprenant que l’on baigne dans les alternative facts !
Et bien, 7 fois, il se trouve que la navette a fait plus, bien plus, mais que cela n’a pas empêché que la maintenance des moteurs SSME devenait ruineuse à partir d’une dizaine de vols (juste les moteurs, car le reste, n’en parlons même pas). Car contrairement, à ce que le GBS (Gros Bon Sens) voudrait faire croire, la maintenance n’est pas un gentil petit coût fixe que l’on peut balayer d’un simple revers de la main. Dans bien des situations, le neuf est bien moins cher. D’ailleurs, Space X n’hésite pas à remplacer les parties nobles (moteurs, turbo pompes) de son lanceur, ce qui fait que la comparaison avec la réutilisation des moteurs de la navette, s’arrête là (c’est qu’en plus il y a réutilisation et réutilisation, mais peu importe).
Quand au calcul, il est simple : comme la manip te fais perdre plus de 30% de charge utile face à un lanceur optimisé, il faut que tu en gagnes autant (et même plus) sur, non pas le prix du lanceur (ce serait bien trop facile), mais sur le tout compris que paye le client. Ce dernier regardant le prix/kg final, et là, l’évidence que tu invoques n’est plus aussi évidente ! D’ailleurs, quand le parton de SES avait demandé une ristourne de 50% pour le tout premier vol réutilisé, Gwynne Shotwell lui avait justement répondu 30%. Et comme le rapport qualité/prix n’est pas forcément terrible vu que les manoeuvres vont t’handicaper pour pouvoir atteindre certaines orbites, ben… Pour reprendre, mon exemple, un dV de 2200 m/s en GTO c’est de loin, le plus mauvais du marché, et quand je dis mauvais, c’est vraiment le minimum syndical (avec un périgée encore plus bas le satellite retombe directement dans l’atmosphère; à l’époque lorsque j’avais chargé les données de suivie du NORAD, j’avais halluciné complet). En comparaison Ariane propose 1500 m/s, sachant qu’il faut ensuite dépenser 45 m/s par an pour rester en station, et que ce genre de bibelot rapporte de l’ordre de 5 M$ par mois, le calcul est vite fait, même avec une facture théorique de 60 M$ (théorique car l’on sait maintenant que c’est plus proche des 120 M$)… Reste la disponibilité, pour le coup incontestable, des lanceurs réutilisables, et qui peut effectivement être un atout majeur. Par exemple, lorsque tu vises la couverture télévisé d’un événement comme les jeux olympique, la date de la mise en station primera sur tout le reste.
Mais bon, on peut aussi simplement vérifier si, oui ou non, Space X a réussi à tuer le marché (Ben_Young nous a aimablement fourni les liens pour le vérifier). Et c’est non…
Alors après il y a toujours l’histoire des marges faramineuses que SpaceX ne va « évidement » pas divulguer à la concurrence… Sans le moindre début de preuve « évidement ».
Quand à l’argument selon lequel Ariane « veut » s’y mettre, je te demanderais des sources qui affirment explicitement que c’est acquis. Car, autant que je sache, les démonstrateurs sont justement là pour démontrer (ou non) que cette fameuse rentabilité est atteignable grâce aux nouveaux moteurs LOX/CH4 (sous-entendu, ce n’était pas possible avec les moteurs précédents).