Commentaires : Ariane 6 : de 2009 à 2030, chronique du futur lanceur lourd européen

Aie. Pas surprenant que l’on baigne dans les alternative facts !

Et bien, 7 fois, il se trouve que la navette a fait plus, bien plus, mais que cela n’a pas empêché que la maintenance des moteurs SSME devenait ruineuse à partir d’une dizaine de vols (juste les moteurs, car le reste, n’en parlons même pas). Car contrairement, à ce que le GBS (Gros Bon Sens) voudrait faire croire, la maintenance n’est pas un gentil petit coût fixe que l’on peut balayer d’un simple revers de la main. Dans bien des situations, le neuf est bien moins cher. D’ailleurs, Space X n’hésite pas à remplacer les parties nobles (moteurs, turbo pompes) de son lanceur, ce qui fait que la comparaison avec la réutilisation des moteurs de la navette, s’arrête là (c’est qu’en plus il y a réutilisation et réutilisation, mais peu importe).

Quand au calcul, il est simple : comme la manip te fais perdre plus de 30% de charge utile face à un lanceur optimisé, il faut que tu en gagnes autant (et même plus) sur, non pas le prix du lanceur (ce serait bien trop facile), mais sur le tout compris que paye le client. Ce dernier regardant le prix/kg final, et là, l’évidence que tu invoques n’est plus aussi évidente ! D’ailleurs, quand le parton de SES avait demandé une ristourne de 50% pour le tout premier vol réutilisé, Gwynne Shotwell lui avait justement répondu 30%. Et comme le rapport qualité/prix n’est pas forcément terrible vu que les manoeuvres vont t’handicaper pour pouvoir atteindre certaines orbites, ben… Pour reprendre, mon exemple, un dV de 2200 m/s en GTO c’est de loin, le plus mauvais du marché, et quand je dis mauvais, c’est vraiment le minimum syndical (avec un périgée encore plus bas le satellite retombe directement dans l’atmosphère; à l’époque lorsque j’avais chargé les données de suivie du NORAD, j’avais halluciné complet). En comparaison Ariane propose 1500 m/s, sachant qu’il faut ensuite dépenser 45 m/s par an pour rester en station, et que ce genre de bibelot rapporte de l’ordre de 5 M$ par mois, le calcul est vite fait, même avec une facture théorique de 60 M$ (théorique car l’on sait maintenant que c’est plus proche des 120 M$)… Reste la disponibilité, pour le coup incontestable, des lanceurs réutilisables, et qui peut effectivement être un atout majeur. Par exemple, lorsque tu vises la couverture télévisé d’un événement comme les jeux olympique, la date de la mise en station primera sur tout le reste.

Mais bon, on peut aussi simplement vérifier si, oui ou non, Space X a réussi à tuer le marché (Ben_Young nous a aimablement fourni les liens pour le vérifier). Et c’est non…

Alors après il y a toujours l’histoire des marges faramineuses que SpaceX ne va « évidement » pas divulguer à la concurrence… Sans le moindre début de preuve « évidement ».

Quand à l’argument selon lequel Ariane « veut » s’y mettre, je te demanderais des sources qui affirment explicitement que c’est acquis. Car, autant que je sache, les démonstrateurs sont justement là pour démontrer (ou non) que cette fameuse rentabilité est atteignable grâce aux nouveaux moteurs LOX/CH4 (sous-entendu, ce n’était pas possible avec les moteurs précédents).

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C’est un peu triste car tu connais bien le domaine mais tu as décidé (qu’elles qu’en soit les raisons) que ça n’est pas rentable. Et tu donnes les quelques chiffres de ventes pour tenter de montrer que c’est le cas, ça n’est pas du tout valide à mon sens pour démontrer quoi que ce soit.

Faisons le postulat que les lanceurs de SpaceX sont moins chers, et que le lancement coûte 40 millions par vol de Falcon 9. Tu as un deal avec l’état US pour un ticket à 120 millions, ce qui leur coûte moins cher que la concurrence mais te donne les moyens de continuer à innover. Pour l’état américain c’est top parce qu’ils ont un lanceur moins cher et une société du pays potentiellement capable de faire mieux que la Nasa ou en tout cas moins cher et plus rapide (en s’appuyant sur l’expertise de la Nasa bien évidemment, mais tout autant qu’ ULA ou autre). Pour SpaceX c’est top parce qu’ils ont une manne financière énorme comme levier de croissance et d’innovation.

Dans ce cas purement théorique, est-ce que tu brades tes vols à 60 millions ou est-ce qu’au contraire tu profites de l’aubaine pour les vendre bien plus cher grâce à des marges confortables et continuer à accélérer dans tes projets ?

Retour à la réalité : personne à part SpaceX ne connaît les coûts complets d’un lancement et ça ne changera évidemment pas demain la veille. Par contre on peut tous constater que SpaceX multiplie les projets et les avancées à une cadence inédite, et qu’ils ont entre autres choses permis aux USA de pouvoir à nouveau envoyer du monde dans l’espace de manière autonome, et ce pour bien moins cher que la concurrence. Ça c’est factuel.

Enfin l’analogie entre la navette spatiale et une Falcon 9 ne me paraît pas bonne du tout, la fusée étant nettement plus simple, plus mâture et bien moins chère à tous les niveaux. Et au delà de cela : pourquoi penses-tu que SpaceX s’acharne à développer puis améliorer ses lanceurs réutilisables depuis toutes ses années s’ils estimaient que cela n’était pas rentable ? Voilà pourquoi je parlais de bon sens… Je ne prétend absolument pas avoir ta connaissance du domaine, mais il y a simplement des choses qui sont logiques.
Vu l’ambition énorme et le pragmatisme de Musk, si les fusées étaient moins chères à n’utiliser qu’une seule fois il se serait déjà construit une énorme usine pour les faire en série bien plus rapidement qu’aujourd’hui et sa Starship n’aurait aucune velléité d’être réutilisable. Or c’est tout l’inverse, c’est donc tout simplement que lui qui a toutes les données (contrairement à toi et moi) considère que les fusées réutilisables sont plus rentables au global.

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En fait, c’est assez simple, il se trouve je ne crois pas au père Noël !

« personne à part SpaceX ne connaît les coûts complets d’un lancement » => ce n’est pas tout à fait exact, car à une époque, malheureusement révolue, la NASA jouait la transparence totale, avec une orgie de données comptables. Même si ces documents allaient dans mon sens (à savoir que les tarifs catalogues de Space X étaient totalement fantaisistes), je ne m’appuie plus dessus pour argumenter, car ils sont beaucoup trop anciens (mais tu peux probablement les retrouver dans mes anciennes interventions sur clubic).
Ceci étant dit, la dernière fois que j’avais consulté les estimations du BIG, ils donnaient 58 millions par passager pour le Crew Dragon, 90 millions pour Starliner (et 86 millions pour Soyouz, mais comme ce prix n’a fait que grimper sans raison évidente, on peut se demander si les russes ne surfacturent pas méchamment les américains). Donc si on met de coté Soyouz, Space X est effectivement 35% moins couteuse qu’ULA. Mais justement on parle bien d’ULA (et de ses tarifs astronomiques, surtout que l’on parle ici d’une version spéciale de l’Atlas V), pas d’Ariane. Du coup, la démonstration financière n’est pas évidente (et elle ne l’était déjà pas lorsque l’on comparait les missions cargo ATV et Dragon), sauf à prétendre que Space X marge comme une malade sur le dos du contribuable américain, alors que son lanceur ne coûterait que 40 millions (je me permets de reprendre ton hypothèse de travail)…
Mais justement, je n’ai jamais été trop à l’aise avec l’hypothèse qui veut que Space X surfacture les vols institutionnels (et son corrolaire, qui veut que Space X pratique le dumping pour les vols commerciaux), car c’est tendre le bâton juridique pour se faire battre. D’autant que le contribuable américain est d’humeur rancunière, et que la NASA est sensée veiller aux grains du dit contribuable (bon autant je dis ça, mais autant on voit combien sa consœur la FAA a complètement failli dans l’affaire du 737 MAX).

Ce génie incompris, nous a quand même sorti de belles âneries et, plus inquiétant, a préservé dedans : sur la COVID-19, l’origine des pyramides, le spéléo-secours (un moment pathétique qui c’était terminé par un échange d’insultes minables), etc.

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Tout à fait d’accord avec toi sur ça. Mais sur les choix technologiques faits jusqu’à présent par SpaceX (et Tesla mais ce n’est pas ici le sujet) il s’en sort plutôt très bien avec le succès hors norme que l’on connaît.

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Ça c’est indéniable (de même que son flair pour voir venir et surfer pile au bon moment sur les changements de politiques publiques). Mais Bill Gates a très bien résumé le problème : le succès est un mauvais professeur. Il pousse les gens intelligents à croire qu’ils sont infaillibles…

Bill Gates a une humilité déconcertante, certainement l’influence de sa femme qui doit pas mal le ramener sur Terre. Elon Musk se la joue un peu gros bourrin notamment vis-à-vis du Covid et je trouve ça carrément dommage vu son influence. Pour l’instant il est sur la pente ascendante : les Falcon 9 cartonnent et s’améliorent toujours, les programmes Dragon sont une réussite, les premiers utilisateurs de Starlink sont très satisfaits, Tesla est toujours la référence à battre et leur ambition ne fait que croître… Avec maintenant les prototypes Starship qui avancent là encore incroyablement rapidement il semble que sa période faste ne soit pas terminée.
The Boring Company c’est moins flamboyant évidemment, logique vu la complexité de s’intégrer dans un contexte urbain qui dépasse largement la technologie. À voir si ils arrivent à développer de nouveaux types de tuneliers dont les technos pourraient éventuellement servir un jour… sous la surface martienne :wink:

501 vous voulez dire, la 502 n’a jamais epxlosé

vol 502 vu du mont carapa vol de jour
le 501 problème de calculateur vitesse , fusée trop rapide un truc de ce genre m’a ton expliqué au centre spatial et corrigé avec succès pour V 502
j’étai technicien aéronautique pas astronaute , incompétent en la matière

J’en ai loupé vol de nuit car résidant à remire montjoly route épuisante jusqu’à kourou

c’est tellement vrai… malheureusement

Il serait grand temps d’appliquer les méthodes industrielles plutôt que celles de notre belle administration, pas trop vite le matin, doucement l’après-midi et après moi le déluge je ne m’implique surtout pas.

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